Le fleuve Var connait un des plus grands chantiers de renaturation d’espace fluvial de France

Depuis des années, le fleuve Var est soumis à un incessant ballet de pelleteuses et de camions. Les engins imposants modifient en permanence sa physionomie. Une lente mais profonde transformation est en cours : un des plus grands chantiers de renaturalisation d’espace fluvial de France.

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Sous une apparente tranquillité, le Var est en réalité un fleuve à régime torrentiel très puissant. Sa capacité d’érosion, évaluée à partir de son débit et de sa vitesse est élevée.
Lors des crues, son lit peut s'enfoncer de 7 mètres et retrouver sa hauteur initiale juste après la décrue uniquement avec le dépôt des alluvions que le fleuve a emportés. Ce cours d'eau montre deux pics de crues, au printemps, lors de la fonte des neiges et le plus important, en automne, avec les précipitations.

Le Var, le seul fleuve de France qui ne coule pas dans le département qui porte son nom :

Tout à commencé, il y a 50 ans

A l'origine, le Var draine ses alluvions jusqu’à son embouchure et possède très peu de végétation. Mais c’était avant l’intervention de l’Homme. Dans les années 70, de nombreuses exploitations liées à l’activité de la construction prélèvent des alluvions dans ce fleuve. En une dizaine d’année, l’équivalent de 150 ans d’apport naturel sera enlevé. En conséquence, le lit s’est affaissé de 10 à 15 mètres, les nappes phréatiques également. Les forages qui alimentaient les terres agricoles sur les bords du fleuve, se sont retrouvés asséchés.
Les digues ont été fragilisées.
Suite à ces constatations, dans les années 80, il a été décidé la construction de seize « seuils » entre l’embouchure et Plan-du- Var, comme ce "seuil numéro 4" proche du pont de La Manda.
 
Seuls onze « seuils » ont été réalisés. Leur rôle consiste à stopper la migration vers la mer des alluvions devenus trop rares. Mais la conséquence inattendue a été la sédimentation excessive du limon. Déposé en grande quantité, il a permis le développement de la végétation aujourd’hui visible sur le bord des berges.
 
 
 

Réparer les dégâts de l’Homme

Après cette modification du tracé et des bords du fleuve, les crues ont eu des conséquences irréversibles. Celle du 5 novembre 1994 qui a causé la disparition de sept personnes, a emporté les ouvrages sur les berges et deux « seuils » proches de l’embouchure. Les dégâts avaient été chiffrés à 187 millions d'euros. Presque 20 ans plus tard, le 3 octobre 2015, des pluies diluviennes se sont abattues sur les Alpes Maritimes. Le bilan a été là aussi désastreux. L’Etat et le conseil départemental décident de redéfinir les politiques de prévention des risques. En 2017, le Syndicat mixte pour les inondations, l’aménagement de la gestion de l’Eau, le SMIAGE voit le jour.

Toute la compréhension du transport solide est récente

Franck Compagnon, Ingénierie et Travaux SMIAGE

Le "transport solide" est le déplacement des éléments solides présents dans le fleuve, par opposition au mouvement de l'eau. L'étude de ce transport dans le Var a été réalisée de manière empirique depuis un demi-siècle. Des ingénieurs et des étudiants viennent du monde entier pour l'étudier, ainsi que le comportement actuel du fleuve, ses aménagements passés et les projets dont il fait l'objet actuellement.

Les chantiers prévus visent à faire retrouver au cours d’eau son « transport solide naturel ». Au final, le Var devrait retrouver son air d’antan. Cela s’appelle la renaturalisation, elle comprend une notion de réparation. Le Var est actuellement l'un des plus important projet de ce type en milieu fluvial en France.
 

La première décision prise a été l’effacement des seuils qui ont dénaturé l'écoulement même du fleuve. Les parties hautes doivent être supprimées, les parties basses enfoncées de 2m50 afin de renforcer le lit du fleuve. A ce jour, il reste 4 seuils à démonter.

Depuis cet été, des travaux de renforcement des digues ont été relancés. A terme, ce sont 15 km qui seront ainsi consolidés afin de prévenir les risques d'inondations.

Des engins sont également en action au milieu du lit, ils constituent des batardeaux destinés à protéger le chantier pendant les crues à venir. Ces monticules de terre sont dimensionnés pour résister jusqu’à 500 m3/seconde (crue annuelle prévisible).

Renaturalisation, consolidation, la totalité des travaux prévus à ce jour devrait être effectuer dans la décennie à venir.
 

Dans le fleuve, des habitants à protéger

De son embouchure jusqu’à la Vésubie, le Var est un site classé Natura 2000. Tout en tenant compte des contraintes économiques et sociales du territoire, l’enjeu est de veiller à la conservation du site naturel, des espèces animales et végétales. Les travaux en cours doivent en tenir compte.

Parmi ces espèces, il y en a une qui est menacée : l'anguille d'Europe. Hydrobiologiste, Nicolas Scheidecker est chargé du suivi des espèces aquatiques au SMIAGE. Il réalise des pêches de sauvegarde afin de prélever les anguilles et de les placer dans une autre partie du fleuve qui n'est pas impactée par les chantiers en cours.
 

Ces anguilles sont de grands migrateurs. Tout d'abord, elles naissent dans les eaux de la mer des Sargasses en Atlantique Nord ! Au stade de civelle (10 cm de long) elles traversent l’océan et arrivent dans les embouchures des fleuves européens, notamment en Méditerranée.
Dans le Var, elles remontent jusqu'à une altitude de 1000 m. On les retrouve sur la commune de Guillaumes et parfois plus haut. Lorsqu'elles atteignent l'âge adulte, elles repartent pondre …. de l'autre côté de l'océan !

Parmi les oiseaux surveillés de près durant les travaux de réaménagement, le "petit gravelot", une espèce vulnérable classée Natura 2000. Son écologie est particulière car il niche au sol sur des zones de galets. Il recherche naturellement des zones de graviers comme celles qui jalonnent le Var.

Il faut également protéger les espèces qui se sont installées après la modification du fleuve comme le lézard occelé présents dans les enrochements. Il n'est pas habituellement inféodé au milieu  humide, et vit normalement dans la garrigue.  

 Marc-Antoine Marchand, herpétologue au Conservatoire d’espaces naturels PACA coordonne le programme de préservation de cet animal : " cette espèce est opportuniste, elle s'est adapté aux rochers dans le lit du Var, son spectre d'alimentation est large, des insectes et des petits fruits".

 

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