Une grande opération de marquage de thons rouges a eu lieu samedi 12 septembre au large de Monaco. Il s'agit d'un programme scientifique visant à mieux comprendre les déplacements de ces poissons protégés en Méditerranée.
C'est une pêche un peu spéciale : une pêche où l'on attrape les poissons mais on ne les tue pas. Une grande opération de marquage de thons rouges a eu lieu samedi 12 septembre au large de Monaco. Neuf bateaux ont pris la mer vers 6h30 du matin. Objectif capturer trois grands thons rouges de 80 à 150 kilos pour leur poser une balise GPS avant de les relâcher. Il s'agit d'un programme scientifique visant à mieux comprendre les déplacements de ces poissons protégés en mer Méditerranée.
Combat entre l'homme et le poisson
C'est la fédération de pêche de Monaco, qui coordonne cette opération. Après quelques instants de mouillage, première alerte… mais le poisson est à 80 mètres de profondeur. Le combat, très physique, entre l'hommet et le poisson, va durer 4 heures. Soudain, le fil casse. Le poisson s'est décroché à 25 mètres sous l'eau. Il faut recommencer, trouver une autre prise.
Encore trois balises à poser
Ce jour-là, mauvaise pêche ! Aucun pêcheur n'a réussi à attraper et à baliser un thon. Il faudra donc programmer une nouvelle sortie car il reste encore trois balises à poser. Car le thon, c'est un peu le "seigneur des mers" : il peut peser jusqu'à 700 kg, parcourir plusieurs milliers de km entre les eaux froides où il se nourrit et les eaux chaudes où il se reproduit. Il peut plonger jusqu’à 1 000 m de profondeur.
"No kill"
Cette pêche en « no kill » fait partie d'un programme de suivi des thons rouges en Méditerranée, piloté par la Fondation Prince Albert II. Depuis 2018, 8 balises satellitaires ont ainsi été implantées sur des thons. Des petits bijoux de technologie qui enregistrent la profondeur, la température de l'eau et la position de l'animal. Des données envoyées par satellite et traitées ensuite par l'université de Gênes.Zone de reproduction
Car les thons rouges, sont très présents dans l'Océan Atlantique mais en Méditerranée, ils sont moins connus et moins étudiés par les scientifiques. Grâce aux balises, les chercheurs suivent les thons à la trace, retrouvent leurs trajets migraoires et localisent leur zone de reproduction.
Victime de la surpêche
Des données essentielles car depuis quelques années, le thon rouge est victime de la surpêche. Ces dernières années, d'après les données du WWF, les stocks se sont brutalement effondrés, sous l’effet de la surpêche due en grande partie au succès mondial de la consommation de sushis et de sashimis. Les nouvelles techniques de pêche permettent de capturer jusqu’à 100 tonnes d’un coup. La pêche auparavant locale s'est transformée en pêche industrielle, menaçant toute l'espèce. Heureusement, dans les années 2010, les stocks se sont reconstitués grâce à des mesures limitant la pêche. "On a pu sauver cette espèce mais il faut rester vigilant", affirme tout de même Philippe Mondielli, directeur scientifique de la Fondation Albert II de Monaco.