Rarement un mouvement de grève n'aura été aussi impopulaire. Les agents SNCF qui disent vouloir faire grève ce week-end, réputé comme une période de fort chassé-croisé, s'attirent l'hostilité de voyageurs, mais pas seulement. Christian Estrosi en appelle à d'autres personnels pour pallier l'absence des grévistes.
Les déclarations du maire de Nice (Alpes-Maritimes), Christian Estrosi risquent de trouver un certain écho chez les cheminots grévistes. Rappelons que, ce week-end, les syndicats, en particulier FO et Sud-Rail, appellent les contrôleurs à cesser le travail.
Pour Christian Estrosi, c'en est trop. Il constate sur le réseau social Threads, en sa qualité de président-délégué de la région PACA : "une fois encore, des organisations syndicales de la SNCF abusent des vacances scolaires pour organiser une grève des contrôleurs et prendre en otage plus d'un million de Français, plongés dans la galère, voire privés de vacances."
Publié par @cestrosiVoir dans Threads
Puis vient cette proposition que certains jugeront opportuniste ou farfelue : "Face à cette situation exceptionnelle, je demande à la direction d'appeler d'autres personnels pour faire circuler un maximum de trains : anciens contrôleurs, autres personnels SNCF ou encore aux réservistes de l'armée, de la police ou de la gendarmerie".
"Aux grévistes, je leur demande de faire preuve de responsabilité : avec des revenus qui ont augmenté de 6.000 euros par an en deux ans, les contrôleurs de la SNCF ne sont pas la catégorie de Français la plus à plaindre."
Muselier soutient Estrosi !
Des propos salués par Renaud Muselier, le président de la région PACA. L'intéressé salue une solution à la fois "concrète" et pleine de "bon sens." Évoquant aussi le fait que les familles souhaitant voyager fassent les frais de ces grèves à répétition.
Cette énième #grève, en période de vacances scolaires, est une attaque contre les familles et les professionnels du tourisme !
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) February 14, 2024
La stratégie du pire est insupportable et intolérable. Mettons nous autour de la table au lieu de pourrir la vie des Français ! pic.twitter.com/muiZY7vAGL
Des déclarations qui mettent vent debout Yves Bozzi, délégué syndical FO, un des cent contrôleurs présents dans les Alpes-Maritimes : "Ils me font sourire Muselier et Estrosi, ils n'ont qu'à demander à leur papa de venir travailler !"
Le cheminot précise que déjà bon nombre d'agents ont de plus de 60 ans. Et il existe cependant déjà un recours à des retraités de la SNCF pour faire rouler les trains, mais pas pour les contrôleurs.
La question de la grève reste les salaires : "en début de carrière, affirme Yves Bozzi, les agents sont pris en CDD pour des salaires bruts de 1.600€ par mois". Après 25 ans de carrière, les salaires avoisineraient les 2.500€ nets par mois, sans les primes.
Un mouvement mené pour faire reconnaître la dureté de leur travail notamment les horaires décalés, les nuitées passées hors de leur domicile et demander des hausses de salaires. Des revendications auxquelles la direction seraient restée sourde.
Service minimum
Il faut dire, pour aller dans le sens de Christian Estrosi, qu'à chaque grève à la SNCF, on ne peut jamais savoir précisément les trains qui vont rouler avant... la veille du départ.
Car, contrairement à une idée reçue, il n'existe aucun service minimum imposé aux agents. Ce n'est pas faute d'avoir essayé notamment depuis 2007, mais sans succès. Simplement, l'obligation dans le transport de se déclarer gréviste 48 heures à l'avance.