Olga, jeune maman ukrainienne installée à Nice depuis quelques années, a dû partir en catastrophe pour chercher son fils. Alexandre, âgé de deux ans et demi, était en vacances chez sa grand-mère au moment de l'attaque russe.
Près de 7.500 kilomètres en voiture, trois jours de périple. Sur des routes enneigées, parfois coupées, des barrages, des demi-tours incessants, des tâtonnements, et à l'arrivée en Ukraine, les bombardements bien sûr.
Au bout du voyage, Olga Nesyn a enfin pu retrouver son fils, Alexandre. Elle nous avait envoyé cette photo des retrouvailles :
Le garçon, âgé de deux ans et demi, était en vacances chez sa grand-mère quand la guerre a éclatée. "Je suis fatiguée, épuisée... et j'ai peur en permanence," souffle-t-elle au téléphone.
Les avions passent dans le ciel en permanence pour bombarder la ville d'à côté. Mardi, trois bombes sont tombées dans notre village.
Olga Nesyn.
"Heureusement qu'elle connaît bien les petites routes et les chemins," commente Patricia Thiébaud, sa voisine à Nice. "Sinon elle ne serait jamais arrivée là-bas !"
Là-bas, c'est un petit village du nom d'Anastasivka, près de Soumy, à 250 kilomètres de Kharkiv, à l'Est du pays en guerre.
La frontière russe est toute proche.
Olga est arrivée sur place lundi soir, plus d'une semaine après le début de l'offensive russe. Les nouvelles sont sporadiques. "Elle avait l'intention de repartir avec son fils et sa grand-mère le plus vite possible. D'habitude elle m'envoie un message vers 7h du matin. Je suis très inquiète..." nous confiait Patricia ce mercredi matin.
Avant d'avoir à nouveau des nouvelles le soir : la famille a pris la route et roulé non-stop. Ce jeudi matin elle patiente au poste frontière moldave, derrière une file d'une cinquantaine de véhicules.
"Nous avons roulé toute la nuit. En 300 kilomètres on a du franchir une trentaine de barrages de police et de l'armée," explique Olga.
"A chaque fois, contrôle des papiers, fouille de la voiture pour montrer qu'on n'avait pas d'armes... C'est sûr, dans l'autre sens c'était plus rapide : on était les seuls fous à partir vers l'Est !"
La peur est omniprésente.
A chaque véhicule qu'on croise on se demande ce qui va se passer ! A chaque poste de contrôle on ne sait pas comment ils vont réagir !
la jeune maman.
Complètement perdue, et morte d'inquiétude, Olga avait d'abord sollicité l'aide des autorités françaises, entre autres de la mairie de Nice.
Mais tout ça n'allait bien sûr pas assez vite, pour une maman : elle a fini par partir de sa propre initiative, sans soutien officiel, samedi matin, non sans avoir fait le plein de provisions et de couches pour bébé.
Sur le chemin du retour, il reste encore la moitié de l'Europe et quelques frontières à traverser, et 2.500 kilomètres de route à avaler.
La famille et saine et sauve
Pour l'heure, la famille et saine et sauve. Mais l'inquiétude et les sanglots n'ont pas quitté Olga pour autant : son père et son oncle sont restés au village, réquisitionnés pour leur savoir-faire de mécanicien automobile.
La ville d'à côté, Soumy, a été prise pour cible de bombardements de plus en plus violents et quasiment un tiers des bâtiments, d'après Olga, ont été rasés.
Un couloir humanitaire a été ouvert par l'armée russe pour évacuer les civils. La sœur et les neveux d'Olga ont pu quitter les lieux.
En partant, ils ont vu les soldats russes se préparer pour l'offensive terrestre.
Ce lundi 14 mars, Olga a reçu une de nos équipes à Nice :
Le fil de la vie a repris pour Olga, son mari et le petit Sacha-Alexandre. Un petit bonhomme qui porte sur son pull un message involontaire mais symbolique : Ready ! Prêt en français.