L'action est symbolique et Rémy Cappan est le seul agriculteur des Alpes-Maritimes à avoir retourné le panneau de son quartier, Les Cappan, à Nice. Il rejoint ainsi un mouvement national de protestation. Pas de violence, pas de dégradation mais un message : avec la politique agricole en cours, on marche sur la tête !
Dans la famille Cappan, on a l'agriculture dans le sang. Et ne nous trompons pas : le quartier "Les Cappan", il y a deux "p" et pas de "s" à la fin.
Les Cappan, c'est le fief de Rémy (avec un y), de ses grands-parents, et de ses parents. D'ailleurs, Rémy, 50 ans, travaille dans les champs avec sa mère de 82 ans, et cultive des agrumes, des olives, du basilic, des blettes et d'autres produits de maraîchage qu'il revend sur le marché de la "Libé" à Nice.
Situé dans la plaine du Var, le quartier se lit désormais à l'envers. Un acte pacifique : Rémy n'a pas hésité longtemps pour souscrire au mot d'ordre national qui consiste à s'opposer aux injonctions contradictoires de la réglementation.
2 panneaux retournés
Car Rémy a son petit caractère. Pour lui, son travail, c'est dans les champs et sur le marché, pas derrière un ordinateur. Et Rémy est fort en gueule. Ce mouvement est pacifique, non violent, et la défense du monde agricole consiste à limiter au minimum les contraintes. Car pour lui, comme pour les initiateurs du mouvement, on marche sur la tête !
La cause est belle, il n'y a pas de dégradations pour défendre le monde agricole. Aujourd'hui, il y a trop de charges, trop de lois, trop d'administratif. Le métier devient vraiment difficile, avec des conditions de travail dégradés, la chaleur en été... On a envie d'être entendu, et retourner un panneau, c'est mieux que sacrifier sa production ou verser du fumier devant une préfecture !
Rémy Cappan, maraîcher à Nice
Il aimerait que d'autres agriculteurs du département rejoignent le mouvement.
Une opération nationale non-violente, mais illégale, pour dénoncer les contraintes de la politique agricole. À l’origine, les jeunes agriculteurs et la FNSEA. Si l’initiative est partie en novembre du département du Tarn, de nombreuses communes sont désormais concernées.
Le patron local dans les Alpes-Maritimes de la FNSEA, Jean-Philippe Frère, pointe du doigt des injonctions contradictoires : cultiver la terre et procéder à des économies d'eau en période de sécheresse. Et puis il y a aussi la concurrence de certains pays, qui affichent sur les produits un étiquetage incomplet.
"On passe plus de temps devant un ordinateur que dans nos champs", explique Rémy Cappan, décidément très en colère.
Dans les Alpes-Maritimes, Rémy Cappan est donc un OVNI, le seul à avoir mis le panneau à l'envers. "J'aimerais que les copains se mobilisent et fassent comme moi" déclare-t-il. "Si on m'oblige à le remettre à l'endroit, je le ferai. Mais on doit rester mobilisé !