Depuis plusieurs jours, des milliers de panneaux à l'entrée de communes se sont retrouvés à l'envers partout en France. C'est une action de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs pour dénoncer une politique agricole qui "marche sur la tête", contre l’empilement des contraintes administratives, réglementaires et environnementales.
Dévissés, retournés et revissés à l'envers. Les panneaux portant les noms des communes en France sont la cible de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA) depuis plusieurs jours. Cette action vise à dénoncer une politique agricole qui "marche sur la tête". Dans leur viseur : des normes trop nombreuses selon eux, et une concurrence déloyale venue des autres pays non soumis aux mêmes normes.
Des actions dans tous les départements de notre région
Si l’initiative est partie du département du Tarn, de nombreuses communes sont désormais concernées.
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, les agriculteurs aussi ont retourné quelques panneaux.
🔴💥 #MOBILISATION - ON MARCHE SUR LA TÊTE DANS LE 04?! 💥🔴
— FDSEA 04 (@FdseaAHP) November 20, 2023
Cette action pacifique menée a pour but d'interpeller l’Etat sur l'ensemble des mesures contradictoires qui nous sont imposées ! ⛔️😡#OnMarcheSurLaTête 😵💫 🚜 #AgriSousPression pic.twitter.com/YbSJIqVZsF
Certains nous ont envoyé les photos des résultats avant que les services municipaux ne viennent remmettre de l'ordre..
Les panneaux relèvent de la compétence du maire. Les agents municipaux devront donc les retourner pour les remettre dans le bon sens. Et en fonction de leurs différentes tâches, cela peut prendre quelques jours. Une aubaine pour la FNSEA et les Jeunes agriculteurs qui souhaitent interpeller le plus d’automobilistes possible et ainsi faire parler de leur opération « On marche sur la tête » au plus grand nombre.
Ce samedi 25 novembre, Rouaix dans le Vaucluse n'échappe pas à la tendance. Guillaume Bonino, agriculteur et membre du syndicat des Jeunes agriculteurs, président du canton Vaison-La Romaine (84) revient sur les différents aspects de cette contestation.
À Roaix : Guillaume mène l’action dans son village
Gel, chenille, chute des cours, dérèglement climatique, charge et lourdeur administrative : rien ne va plus pour les agriculteurs qui ont le sentiment de perdre le bon sens.
"L’agriculture française connaît vraiment en mal-être, donc c'est un moyen de sensibiliser les Français en utilisant un moyen de communication qui ne dégrade pas les panneaux", explique Guillaume Bonino, agriculteur dans le Vaucluse.
L’objectif est d’inverser les panneaux des villages pour dénoncer la déconnexion grandissante du gouvernement avec la réalité agricole et dénoncer la surenchère normative.
Dans le secteur viticole : la crise n’épargne pas certaines appellations prestigieuses, ici le vin est classé en "cote du Rhône village Roaix"
Pour Guillaume, cette distinction ne suffit plus pour vendre son vin. Il a dû arracher ses vieilles vignes et ne compte pas en planter de nouvelles.
"Vu la conjoncture actuelle, on a préféré arracher, avec la mévente du vin. Cela nous coûtait trop cher de la remettre en état, donc on a préféré l'arracher au profit d'une plantation en partie en arboriculture avec des pêchers et une autre partie en culture de légumes de plein champ", détaille le viticulteur qui souhaite se diversifier.
Cette réorientation de la production ne compense pas les pertes
"C'est vraiment la prolongation d'une crise qui a commencé il y a quelques années, et on arrive maintenant après le Covid avec des charges qui ont augmenté, le coût des matières premières qui a explosé, on est pris à la gorge là, et nos productions le sont à perte".
"La viticulture se meurt"
Guillaume a participé à la grande manifestation du monde viticole à Narbonne pour dénoncer l’appauvrissement du monde paysan. Cette manifestation a rassemblé 6000 personnes selon le syndicat des vignerons de l'Aude, 4.000 selon la préfecture. "La viticulture se meurt. Paris doit réagir", a énoncé Frédéric Rouanet, président du syndicat audois des vignerons, devant la foule.
Les viticulteurs de l'Aude, mais aussi plus largement de la région, sont mobilisés depuis plusieurs semaines en raison de différentes difficultés qui touchent la profession. "Depuis la guerre en Ukraine, tout a augmenté, sauf le prix du vin", s'agace Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l'Aude. Dans le même temps, nos charges ont augmenté de près de 40%. Nous voudrions que le prix de nos produits suive cette inflation".
Les viticulteurs mobilisés demandent notamment des aides d'urgence face aux difficultés financières, notamment une "année blanche" au niveau bancaire avec la prise en charge des intérêts d'emprunt. Les producteurs demandent également des aides sur le plus long terme, notamment une "aide à l'arrachage".