Alors que le tribunal administratif a censuré cinq arrêtés successifs interdisant les manifestations "pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens", le préfet des Alpes-Maritimes persiste et signe chaque semaine un nouveau texte. Il s'en explique.
Chaque week-end, la préfecture des Alpes-Maritimes interdit la manifestation pro-palestinienne… Et chaque semaine depuis le 28 octobre, le tribunal administratif de Nice lui donne tort. Et lorsqu'on s'étonne de ce qui pourrait passer pour de l'obstination ou de la provocation, le préfet assume - "je fais mon boulot et la justice fait le sien" - et il avance des arguments...
Invité de l’émission "Dimanche en Politique", enregistrée dans les conditions du direct ce vendredi 1er décembre, le représentant de l’État indique que "ces manifestations ne sont pas des manifestations pour la paix, ce sont des manifestations anti-Israéliennes, antisionistes (...) elles entretiennent une sorte d’antisémitisme d’atmosphère".
Pancartes antisémites ?
Les actes antisémites se sont en effet multipliés en France ces dernières semaines, et les Alpes-Maritimes seraient l’un des départements les plus touchés. Le 12 novembre les parquets de Nice et Grasse dénombraient plus de 40 actes antisémites : violences, menaces de mort, tags, injures, provocation publique à la discrimination...
Dans son dernier arrêté, publié ce vendredi, le préfet indique que "38 personnes ont été interpellées depuis le 7 octobre pour des faits d'apologie du terrorisme, d'injures en raison de la religion" et autres actes antisémites. C'est pour le préfet l'une des motivations pour interdire les manifestations pro-palestiniennes.
Il rappelle également que lors de la dernière manifestation, le 26 novembre, "plusieurs pancartes ont été brandies" avec des messages extrémistes : "Israël régime colonial, terroriste, criminel et d'apartheid", "Stop génocide, boycott Israël État raciste". Il ajoute que "le collectif 06 qui se revendique 'pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens' n'a d'autre finalité qu'un soutien direct ou implicite au peuple palestinien".
Dissuader les manifestants
"Mon objectif est de lutter contre les dérives antisémites" confie Hugues Moutouh. "Nous avons affaire à des organisateurs qui contestaient le soutien de Nice à Israël dès le 8 octobre", c'est-à-dire avant la riposte militaire.
Pour le préfet, il ne s'agit donc pas de manifestations pour la paix ou pour le peuple palestinien, mais bien de manifestations hostiles à l'État d'Israël.
L'objectif assumé du préfet avec ses arrêtés, fussent-ils suspendus par le juge des référés, est de dissuader une partie des manifestants potentiels de participer à ces rassemblements. "L'interdiction dissuade, on prévoit 400 personnes ce samedi".
Elles étaient plus de 700 lors du rassemblement du 18 novembre.