Interdire la vente d'alcool à emporter, une mesure suffisante pour lutter contre l'alcoolisme chez les personnes sans-abris ?

Sur la place Garibaldi à Nice, des nuisances nocturnes imputées à des personnes sans-abri alcoolisées dérangent. Une pétition de commerçants demande des mesures fortes et la mairie prépare un arrêté limitant la vente d’alcool.

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Anthony Bastiaud n'en peut plus. Ce restaurateur de la place Garibaldi raconte être le témoin régulier d'événements totalement "hallucinants", dans ce quartier en plein cœur de Nice

"L'autre soir, deux dames buvaient leur verre de rosé tranquillement et un homme a arraché un des verres. Ensuite, il est parti en courant avec...", relate-t-il, l'air désabusé. Selon lui, c'était une personne sans domicile fixe.

Souvent alcoolisés, ces sans-abris seraient les auteurs d'incivilités nocturnes dans ce secteur. Ce comportement dénoncé depuis plusieurs années a poussé une poignée de commerçants à lancer une pétition pour dénoncer la "très forte dégradation de leurs conditions d’existence" qui en découle.

Retrouvez le reportage de et V. Munch et de P-O. Casabianca sur le cri de colère des commerçants niçois face aux SDF :

Vers un arrêté municipal

La réponse de la ville de Nice n'a alors pas tardé. Après avoir interdit la vente d'alcool à emporter après 20 heures dans le quartier de La Madeleine au début du mois de décembre, la mairie indique qu'un même arrêté sera prochainement pris pour la place Garibaldi. Celui-ci prévoit la prohibition de la vente d'alcool à emporter entre 20 heures et 8 heures du matin.

Le 30 octobre dernier, Anthony Borre, premier adjoint Horizons à la ville en charge de la sécurité, avait déjà poussé un "coup de gueule" à ce propos sur son compte X. "Il faut une action plus forte, plus ferme", avait-il martelé dans une vidéo.

"Je suis riverain et ils ne posent aucun problème. Créez plutôt un centre pour sans-abris", rétorque toutefois un internaute sous le post de l'élu.

La nécessité de sortir de la rue 

D'après François Seguin, médecin bénévole depuis 30 ans auprès de l'association Ordre de Malte, les personnes sans-abris seraient effectivement une population particulièrement touchée par l'alcoolisme. 

"Il s'agit de gens désespérés, sans occupation et avec un avenir très bouché. Puis, ils se sentent inutiles et rejetés. Alors, comme l'alcool a un effet qui permet de s'évader plus facilement, ils tombent vite dedans", détaille-t-il.

Ainsi, il assure qu'au moins 30 % des personnes accompagnées par l'Ordre de Malte des Alpes-Maritimes sont sous l'emprise de l'alcool. "Et c'est un cercle vicieux parce qu'ils vivent dans un milieu dans lequel le recours à l'alcool est constant… Donc, tout est fait pour qu'ils tombent dedans", ajoute le médecin. 

Quand les personnes sans-abris se sentent comprises et aidées, il est possible de travailler et d'obtenir des résultats.

François Seguin, médecin bénévole auprès de l'association Ordre de Malte, Alpes Maritimes

à France 3 Côte d'Azur

De ce fait, selon François Seguin, pour lutter contre l'alcoolisme des personnes sans domicile fixe, la solution est claire : les sortir de la rue. "Si vous les laissez dans ce milieu, c'est foutu. Ils replongent à chaque fois", déplore-t-il.

Un travail de longue haleine, loin de la rapidité d'un arrêté, qui nécessite la mobilisation de plusieurs acteurs. Le médecin précise : "On doit les aider à trouver du travail et à avoir un peu confiance en eux. Et, ensuite, il faut passer au problème médical ou médico-psychiatrique, c'est-à-dire les prendre en charge, avec un suivi régulier."

À LIRE AUSSI : "Quand je vais pas bien, je leur parle toute la journée", les sans-abris sont accompagnés pour garder leur compagnon à quatre pattes

D'après les derniers chiffres du collectif Les morts de la Rue, la consommation d'alcool chez les personnes sans-abris est effectivement importante, partout en France. Cela, malgré une légère baisse.

Ainsi, leurs données montrent notamment que "près de 21 % des personnes décédées à la rue en 2023 avaient des antécédents de consommation d’alcool".

De plus en plus de personnes à la rue 

Il est impossible de savoir combien de personnes dorment dehors en Alpes-Maritimes et dans le reste de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Aucun recensement des SDF n'est fait en France.

Toutefois, les derniers chiffres du SIAO 06, le service départemental de l'État chargé de réguler l'accueil, l'hébergement et l'accompagnement des personnes sans domicile, montre une augmentation du nombre d'appels au 115, numéro d'urgence venant en aide aux personnes à la rue.

Une tendance à la hausse également ressentie par François Seguin sur le terrain. "Chaque année, on voit entre 4 et 5 000 personnes... Et ce sont des chiffres qui ont plutôt tendance à grimper", assure-t-il. 

Ce constat n'a rien d'étonnant puisqu'il n'est que le reflet de ce qui se passe à l'échelle nationale. En effet, en France, entre 2012 et 2023, le nombre de personnes à la rue a doublé selon les dernières estimations de la Fondation Abbé Pierre

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