"Intolérable", "particulièrement grave" : les prières musulmanes dans les écoles publiques de Nice vivement condamnées

Au lendemain de la révélation de la pratique de prières, mais aussi d'"hommage au prophète", dans trois écoles primaires durant la pause de midi, les réactions se multiplient, jusqu'au ministère de l'Éducation nationale.

La polémique autour de prières musulmanes accomplies dans des établissements publics des Alpes-Maritimes, entre fin mai et début juin, a rapidement pris une dimension nationale, après que le maire de Nice, Christian Estrosi (Horizons), a rendu publique l'information qui lui avait été transmise par le rectorat.

Ce vendredi matin, la rectrice de l'académie de Nice a pris la parole devant les journalistes. "Les faits concernent trois écoles et ont été portés à ma connaissance par les directeurs et directrices d'écoles, eux-mêmes informés par les personnels de cantine puisque ces faits se sont déroulés sur le temps de la pose méridienne" développe Natacha Chicot.

Selon les informations de France 3 Côte d'Azur, il s'agit de l'école Fuon Cauda dans le centre de Nice, Bois de Boulogne dans le quartier des Moulins et Saint-Sylvestre à Nice-Nord.

"Des phénomènes isolés"

"Dans une école, une prière a été organisée par une dizaine d'élèves, dans une autre par trois élèves, et dans une autre, il s'agit d'une minute de silence à l'initiative d'un élève en hommage au Prophète. Il s'agit de phénomènes isolés, qui ne sont pas liés entre eux".

Le ministre [de l'Éducation nationale] m'a personnellement rappelée pour me dire à quel point il était attaché à ce que nous apportions une réponse très ferme à ces faits qui sont intolérables.

Natacha Chicot, rectrice de l'académie de Nice

"La prière doit être réalisée dans l'intimité"

"Je suis particulièrement étonné car il n'y a pas d'obligation de prière pour les enfants à l'âge du primaire", confie Otmane Aissaoui, qui co-préside le Rassemblement des imams des Alpes-Maritimes

Lui-même imam, il souligne que "tous les imams dans leurs prêches autorisent le regroupement des prières : la prière de 13 h 45 peut-être décalée au soir, et tout le monde fait ça !". Il compte orienter son prêche de ce vendredi sur cette thématique.

Mais dans ce cas, qu'est-ce qui pousse certains écoliers, collégiens ou lycéens musulmans à pratiquer leur culte dans l'enceinte de leur établissement ? "Je ne comprends pas. S'ils fréquentaient les mosquées, ils sauraient qu'on ne fait pas ça !", lance Otmane Aissaoui. "La prière doit être réalisée dans l'intimité avec son seigneur, sûrement pas sous le regard des autres."

"Je condamne fermement du point de vue laïc"

Ces pratiques ne sont pas tolérables non plus pour le président de l'association de parents d'élèves Peep 06, Éric Fouzari : "le sujet est particulièrement grave, je condamne fermement du point de vue laïc, car aucune religion ne doit s'inscrire dans une école laïque".

Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre. Dès ce jeudi, le député des Alpes-Maritimes et président des Républicains, Éric Ciotti, dénoncait des "faits [qui] participent à l’augmentation des atteintes à la laïcité".

À gauche, le conseiller municipal de Nice Jean-Christophe Picard (Groupe écologiste) défend ce vendredi le principe de la laïcité : "toute atteinte à la laïcité dans les écoles, collèges ou lycées est inadmissible ! Notre République doit protéger la liberté de conscience des plus jeunes".

"Les faits sont intolérables et graves, affirme Bryan Masson (Rassemblement national). Le député azuréen, conseiller régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, s'attaque aussi au ministre de l'Éducation nationale : Pap Ndiaye vous êtes en échec permanent et votre laxisme est incompatible avec la lutte contre les idéologies islamistes. Votre démission est nécessaire"

"Le gouvernement prend toutes les mesures nécessaires"

En fin de matinée, le ministre de l'Éducation nationale a réagi sur Twitter, évoquant des "faits intolérables". Pap Ndiaye annonce que le gouvernement prend "toutes les mesures nécessaires pour faire respecter la laïcité dans nos écoles".

"Nos équipes 'Valeurs de la République' sont intervenues", précise la rectrice d'académie. "Il y a eu un rappel aux familles et aux élèves sur les valeurs de la laïcité, puisqu'il s'agit d'écoles du premier degré dans lesquelles nous ne prenons pas de sanction disciplinaire".

Enquête de l’Inspection générale de l'Éducation

Dans un communiqué commun du ministère de l'Éducation nationale et de la ville de Nice, Pap Ndiaye et Christian Estrosi précisent qu'"une enquête de l’Inspection générale est diligentée pour établir précisément les faits et en tirer les conclusions utiles. Par ailleurs, les équipes valeurs de la République resteront mobilisées dans toutes les écoles concernées pour assurer de manière pérenne le plein respect du principe de laïcité."

"Le ministre de l’Éducation nationale et le maire de Nice ont décidé conjointement que les formations "laïcité et valeurs de la République" feront désormais l’objet d’un module commun réunissant l’ensemble des personnels. Au niveau national, des mesures complémentaires seront concertées avec les associations d’élus locaux dès la prochaine instance de dialogue avec les collectivités territoriales qui se tiendra le 3 juillet prochain."

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