"C'est pas normal que je ne m'amuse plus", s'était dit voici deux ans l'acteur oscarisé Jean Dujardin. Ce fut le point de départ de l'écriture d'un deuxième opus de "Brice de Nice", en plein tournage cette semaine à Nice, dix ans après la sortie du premier film à succès.
Son personnage de surfeur caricatural, qui se lève pour farter sa planche en attendant vainement une grande vague sur la Méditerranée, a "encore douze ans dans sa tête", a expliqué vendredi Jean Dujardin, au cours d'une rencontre avec la presse.
Il a surtout renoué avec le "très névrotique" Brice, incarné sur scène dès 1996, "pour pouvoir se marrer" de nouveau avec son complice, le réalisateur et coscénariste James Huth.
"J'ai écrit le scénario comme un jouet, il faut que ça reste second degré, il faut que ça reste enfantin et juste", souligne Jean Dujardin, qui aime cultiver son âme d'enfant. "On ne dit plus la vérité aujourd'hui, comme les enfants, car ça peut être blessant. Brice dit des choses que j'aimerais pouvoir dire!"
"Brice a tout pour être détestable comme personnage, c'est une caricature de l'image de la France, un type qui frime, qui est dans la séduction", raconte James Huth. "Mais il n'a aucune méchanceté. On a créé un super héro de la connerie, de la bêtise, avec sa bonne âme."
"L'objectif, c'est d'oublier la morosité", confirme le réalisateur, sous un soleil éclatant au cinquième jour d'un tournage niçois qui a connu "une tempête, de la pluie et des vagues qui ont arraché le ponton" de Brice. Jean Dujardin a retrouvé sa perruque blonde, son t-shirt jaune canari et ses pantalons noirs bouffants.
Ulysse de Nice
Le film se déroulera à Nice pendant un petit quart d'heure, mais partira vite vers d'autres horizons tenus secrets. "On part sur Ulysse de Nice", résume l'acteur. Car Brice de Nice reçoit un appel au secours de son ami Marius de Fréjus (Clovis Cornillard) et part le rejoindre. Ils retrouveront Igor d'Hossegor (Bruno Salomone) et accueilleront un nouveau venu (Alban Lenoir).
Pour les scènes niçoises, une délirante paillote jaune, composée d'une caravane accolée à une cabane en bois de guingois avec un petit porche menant à une passerelle flottante, a été érigée sur une plage. Une longue privatisation cinématographique qui n'a pas fait les mêmes vagues que le feuilleton estival de la crique jouxtant la villa du roi d'Arabie saoudite de Golfe-Juan... "Brice de Nice" avait attiré plus de 4 millions de spectateurs en 2005 et donné naissance à l'expression culte "Cassééééé!" accompagnée d'un geste du tranchant de la main, répétée jusqu'à plus soif dans les cours de récréation. "Ça nous a un peu dépassés", avoue aujourd'hui Dujardin.
La suite des dix semaines de tournage, qui sera filmée à partir de lundi sur des plages landaises puis en région parisienne et en Thaïlande, est intitulée: "Brice 3... parce que le 2 je l'ai cassé!". "Brice est libre, il fait ce qu'il veut", poursuit Dujardin.
Le tournage confirme que l'acteur, 43 ans, couronné d'un Oscar en 2012 pour son rôle muet dans "The Artist", n'a pas été happé par Hollywood. "On ne choisit pas, c'est une industrie très sévère. Il faut aller là-bas, rencontrer continuellement les gens, faire du lobbying. Mon métier c'est d'être un acteur français travaillant dans ma langue. J'ai de très beaux rôles en France", observe-t-il.