JO 2024 : "On a des boxeuses qui sont davantage musclées", l'Algérienne Imane Khelif soutenue par son club à Nice

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Imane Khelif qui est en finale du tournoi de boxe féminine des -66 kg, est au cœur d'une polémique sur son identité de genre. Boxeur ou boxeuse ? Le club niçois où elle s'entraîne la soutient. Les réactions sont nombreuses. Elle doit combattre en finale ce vendredi.

Parfois, il faut mener deux combats en même temps. C'est le cas de la boxeuse algérienne Imane Khelif. Lors de son match contre l'italienne Angela Carini en moins de 66 kg, celle-ci abandonne dès les premières secondes. 46 secondes exactement. Angela Carini s’est jetée au sol en pleurant une minute après la fin du combat. 

 Après un direct au visage, l'Italienne a dit qu'elle ne souhaitait pas continuer. "Je suis montée sur le ring pour combattre. Je ne me suis pas rendue mais un coup de poing m'a fait trop mal et j'ai dit ça suffit", a-t-elle déclaré après sa défaite aux médias italiens. "Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette femme est ici, il y a une raison", avait-elle ajouté.

Doute sur l'identité de genre

Un abandon et des paroles qui ont semé le doute sur son identité de genre parmi les spectateurs et le public mondial des Jeux de Paris 2024. Imane Khelif est-elle une femme ou un homme ? 

Première réaction du président du club Nice Azur Boxe sur RMC Sport,Tony Vivarelli, qui trouve tout ça "navrant" :"Elle est née femme, elle a un passeport femme, le CIO la soutient c'est vraiment une minorité qui a fait que ça bascule dans un contexte négatif mondial, c'est incompréhensible !" Il ajoute : "Le CIO s'est prononcé, ça suffit, il n'y a plus à intervenir."

"Une polémique insensée"

Contacté par France 3 Côte d'Azur, Tony Vivarelli précise qu'elle est licenciée depuis avril 2024 dans le club niçois. Mais pourquoi s'entraîner à Nice ? Comme l'athlète se déplace beaucoup, " elle trouve un certain apaisement dans ce club familial."

Lui-même ancien sportif de haut niveau (championnat du monde et de France), Tony Vivarelli se dit "très honoré et très heureux d'avoir cette championne dans le club". En réalité, peu de membres du club ont aperçu Imane car elle s'entraîne la journée. Il précise que la boxeuse s'entraîne avec des "sparring partners" qui viennent de partout, voire de très loin, de Singapour : "Quand elle vient, c'est une semaine, 10 jours, elle participe à beaucoup de tournois." Elle s'est aussi rendue en Inde pour les championnats du monde et dans les Ardennes pour un stage de préparation pour les JO. 

Sur les doutes concernant le genre d'Imane, le président assène : "je ne rentre pas dans cette polémique qui est insensée, elle n'a pas lieu d'être. C'est une polémique de personnes avec des instances comme l'IBA (lnternational Boxing Association), qui n'est pas une instance reconnue par le CIO."

Sur les doutes liés à son genre, le président du club répond :

On a des boxeuses qui sont davantage musclées ! Elle est très technicienne, elle est longiligne, ce qui fait sa force.

Tony Vivarelli, président du club Nice Azur Boxe

Pour lui, pas de confusion possible : "Ce que je vois, c'est que c'est une dame très gentille, très posée, très réservée, une combattante à tous les niveaux. Elle a des qualités hors du commun, comme tout champion d'exception."

Deux boxeuses aux JO sont des "hommes" pour l'IBA

Dans cette histoire, c'est le match dans le match, l'IBA contre le CIO, deux poids lourds qui mènent un combat sans fin. 

La Fédération internationale de boxe (IBA), exclue du mouvement olympique il y a un an, a réaffirmé lundi 5 août que deux boxeuses présentes aux Jeux de Paris, étaient "des hommes" : l'Algérienne Imane Khelif (-66 kg) et la Taïwanaise Lin Yu-ting (-57 kg).

En avril 2023, l'International Boxing Association a réalisé des tests ADN sur Imane Khelfi. D'après les résultats, celle-ci présenterait des chromosomes masculins XY (et non pas XX pour les femmes). Sur son site internet, la fédération internationale de boxe se justifie : "I'IBA a payé sa part des frais de procédure, ce qui démontre la bonne foi d'IBA. (...) Le 27 juillet 2023, le TAS a rendu l'ordonnance de clôture et a mis fin à la procédure car le requérant n'a pas payé les frais de procédure".

Mais de son côté, le CIO estime que son cas est conforme aux réglementations de l’instance olympique.

Malgré les tests ADN de l'IBA, l'éligibilité des deux boxeuses ne fait aucun doute. Comme l'a réaffirmé le 3 août le président du CIO Thomas Bach "il n'y a jamais eu de doute sur le fait que ces athlètes soient des femmes."

Des allégations vivement contestées par Imane. En Algérie, son père a dû montrer à des journalistes une photo de sa fille enfant et des documents d’identité ainsi qu’un acte de naissance pour prouver qu'elle est bien de sexe féminin.

L'IBA bannie du monde olympique

Et pour corser (encore) la polémique, l'IBA, créée en 1996, est proche de la Russie. Son directeur est un sulfureux homme d’affaires russe, Umar Kremlev. Cette organisation a été bannie du monde olympique après des affaires de corruption et des scandales d’arbitrage à répétition.

Une querelle mondiale qui a déclenché des réactions au plus haut niveau : l’ancien président américain Donald Trump, la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni, ou encore le milliardaire Elon Musk o uencore l'autrice JK Rowling qui s'est exprimée plusieurs fois sur X après le combat :

Soutien d'un boxeur transgenre

Pour Maho Bah-Villemagne, premier boxeur transgenre licencié en Europe, les accusations portées sont "sexistes, transphobes et racistes". Le boxeur avait une licence de femme élite, avant d'obtenir sa licence d'homme, après sa transition. Il affirme : "on n'a jamais dit de Mike Tyson qu'il avait trop de testostérone !"

Les hormones, c'est l'autre piste pour expliquer les différences d'Imane Khelif. Des différences sur son allure générale qui interrogent. 

La boxeuse ferait de l'hyperandrogénie. Des troubles du développement sexuel qui regroupent un ensemble de pathologies congénitales rares qui peuvent avoir un impact sur les chromosomes, le taux de testostérone, les organes génitaux. Un diagnostic qui n'a pas été avancé par la boxeuse ou son entourage. 

"Une médaille d’or, ce serait la meilleure réponse"

À la fin de son match, Imane s'est exprimée : "Les critiques ne m’intéressent pas. J’espère être à la hauteur et montrer tout mon talent pour la finale qui va être un match de haut niveau", commente-t-elle en arabe. Elle a aussi remercié tous ses fans présents dans les gradins. "Le drapeau algérien était partout, la salle pleine", jubile-t-elle. "J’offre cette victoire au peuple algérien, au monde arabe et à tous ceux qui me soutiennent", poursuit-elle. Optimiste, elle a envisagé la suite : "Si Dieu le veut, cette crise se terminera par une médaille d’or, ce serait la meilleure réponse".

Plainte pour cyberharcèlement

Dernier épisode en date, une plainte pour cyberharcèlement. Une responsable du CIO a reçu des "messages haineux" et des menaces de mort sur X (ex-Twitter) et Facebook après le point presse du 1er août, jour de victoire d'Imane Khelif, qui évoquait ce sujet. Elle a déposé plainte.

De nombreux internautes critiques ont interpellé le CIO sur son compte médias, l'accusant de n'avoir pas protégé la boxeuse italienne en autorisant Imane Khelif à combattre.

Imane Khelif en finale vendredi soir

La finale du tournoi de boxe féminine des mois de 66 kg aura lieu vendredi 9 août dans la soirée, à partir de 22h50. Loin de Paris, le président du club niçois lui a donné des conseils simples : "sois forte, sois généreuse." Pour l'instant, personne n'est ressorti KO, à part l'image de la boxe.

(avec AFP)

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