JO 2024 : "du sexisme, de la transphobie et du racisme...", le premier boxeur trans d'Europe prend la défense de l'Algérienne Imane Khelif

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Après sa victoire par abandon contre l'italienne Angela Carini, la boxeuse algérienne Imane Khelif est victime d'une polémique autour de son genre : elle est accusé à tort d'être un homme. Pour Maho, premier boxeur transgenre licencié en Europe, les accusations portées sont "sexistes, transphobes et racistes".

Deux combats polémiques. Celui de la boxeuse algérienne Imane Khelif face à l'italienne Angela Carini jeudi 1 août 2024 lors des 8e de finale des femmes de moins de 66 kilos aux jeux olympiques de Paris. Et celui de Maho, premier boxeur transgenre en Europe à obtenir une licence en tant qu'homme. Ce marseillais, né femme, revient sur la lutte permanente des athlètes féminines et transgenre contre le sexisme.

"La violence des attaques me choque"

Maho Bah-Villemagne avait une licence de femme élite (25 combats) en boxe avant d'obtenir sa licence d'homme, middle elite (entre 5 et 10 combats) après sa transition. Il explique qu'en tant que sportif, il ne comprend pas la réaction de la boxeuse italienne Angela Carini. 

En effet, après 46 secondes de combat, elle renonce et abandonne face à l'Algérienne Imane Khelif. Puis elle scande à plusieurs reprises : "ce n'est pas juste", avant de refuser de lui serrer la main.

L'athlète algérienne est alors prise pour cible sur les réseaux sociaux : les internautes mais aussi plusieurs personnalités ultraconservatrices, dont Donald Trump, la Première ministre italienne Giorgia Meloni ou Elon Musk, accusent à tort la boxeuse de ne pas être une femme, ou d'être transgenre.

La violence de ces attaques me choque (...) Les gens sont déplacés, ils insinuent et assurent des choses dont ils n'ont aucune idée.

Maho Bah-Villemagne, premier boxeur transgenre licencié en Europe

France 3 Provence-Alpes

Le CIO, commité international olympique de Paris 2024 prend également la défense d'Imane Khelif, en indiquant dans un communiqué que "tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux de Paris respectent les règles d'éligibilité et d'inscription à la compétition. Comme pour les compétitions de boxe olympiques précédentes, le sexe et l'âge des athlètes sont basés sur leur passeport".

Maho tient à dédramatiser ce combat en précisant que toutes les boxeuses qu'il connait se sont, de toute façon, déjà battues contre des hommes. 

"On n'a jamais dit de Mike Tyson qu'il avait trop de testostérone"

Imane Khelif et la boxeuse taïwanaise Lin Yu-Ting, elle aussi cible de cyberharcèlement, avaient été écartées des mondiaux de boxe en 2023, disqualifiées pour taux de testostérone trop élevés.

Une "décision arbitraire" de la fédération internationale de boxe, précise le Comité olympique. "De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes", a détaillé le porte-parole du CIO, Mark Adams.

"On ne sait même pas sur quoi ces tests se basent", ajoute Maho. "Certaines femmes ont probablement plus de testostérone que d'autres en fonction de plein de critères". Il précise que le père d'Imane Khelif est allé jusqu'à présenter le certificat de naissance de sa fille aux médias pour prouver son genre.

Quand Mike Tyson mettait ses adversaires K.O en moins d'une minute on ne disait pas qu'il avait trop de testostérone.

Maho Bah-Villemagne, premier boxeur transgenre licencié en Europe

France 3 Provence-Alpes

"Personne ne sait si Mike Tyson a plus de testostérones que la moyenne". Maho considère que les polémiques concernent toujours des femmes "et bien souvent, elles sont racisées". Il qualifie cette polémique de sexiste, transphobe et raciste. 

"C'est une question de talent, pas de testostérone"

Maho tient à rappeler qu'Imane Khelif "a perdu beaucoup de combats avant". La testostérone et le talent n'ont rien à voir. "C'est une question de talent, pas de testostérone", assure-t-il. Pour Maho, cette polémique s'inscrit dans un contexte transphobe. "Et tous les hommes de ma salle de boxe sont d'accord avec moi".

Le boxeur marseillais était justement en train de participer à une conférence sur le sport et l'inclusion au moment où le combat a fait polémique sur les réseaux sociaux. "Ça m'inquiète pour moi en tant qu'homme trans, même si je sais que nous sommes moins victimes de transphobie que les femmes trans". 

Même les personnes qui la défendent s'obstinent à prouver qu'elle est bien une femme et surtout pas une personne trans. C'est une nouvelle fois une manière de nous éliminer du champ du sport.

Maho Bah-Villemagne, premier boxeur transgenre licencié en Europe

France 3 Provence-Alpes

Maho va combattre en tant que licencié homme contre un homme pour la première fois ce 31 août à la mairie des 15 et 16ᵉ arrondissements de Marseille... Dans ce contexte, qui ravive les tensions et la pression.

"Que je gagne ou que je perde, il y aura de nombreux commentaires". Ces deux événements ont cela de positif : ils font parler des personnes trans, "et ça, c'est déjà nous visibiliser", tient à positiver Maho.

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