TEMOIGNAGE VIDEO. Pride : gay, lesbienne, trans, homo, bi, drag queen... leur vie n'est pas un long fleuve tranquille

Marie, Habib, Alicia, Stéphane... ils font partie de la communauté LGBT+ et ont accepté de nous raconter les moments difficiles qu'ils ont eu à vivre mais aussi les souvenirs les plus heureux. C'est notre série "Droit dans les yeux" pour célébrer les Pride qui se tiennent dans les grandes villes de France en juin et juillet.

Alicia se souviendra longtemps de ce jour où elle a raccompagné sa copine à la gare.

Un groupe d'hommes nous a demandé pourquoi on s'embrassait, pourquoi on n'était pas en couple avec des hommes. Le ton est monté et j'ai eu peur

Alicia

Pour Stéphane, c'est un mot gravé au cutter sur la vitre du métro par un voyageur au regard menaçant : "pédé". Des agressions, des paroles blessantes mais aussi reçu du réconfort. Marie, Habib, Alicia, Stéphane, Khaled, Loïs, Eleny et Stan font partie de la communauté LGBT+. Pour que la parole se libère et pour faire évoluer les mentalités, ils ont accepté de livrer leur vécu. Les bons et les mauvais moments dans leur vie. C'est notre série "Droit dans les yeux" pour célébrer les Pride qui se tiennent dans les grandes villes de France en ce mois des Fiertés. Une série réalisée en collaboration avec l'organisation Pride Marseille.

Des regards réprobateurs

Eleny a 20 ans, elle aime les femmes et les hommes , "l'humain avec un grand H" comme elle dit. Ce qu'elle aimerait ? Tenir la main de "sa meuf" sans craindre de regard réprobateur ou de geste violent. Elle regrette : "Tu ne peux pas, tu te restreins par rapport à toute cette violence. On te regarde et à tout moment il y a un mec pas content ou une femme et on peut se faire frapper. C'est ça la vérité !" 

Le plus beau souvenir d'Eleny ? "Le moment où j'ai compris que j'étais attirée par les femmes, où je me suis acceptée à 100%". Eleny était en Terminale, un coming out qui a changé sa vie.

"Tu n'es qu'un pédé, ça me dégoûte !"

Habib est gay, il a 24 ans. Son pire souvenir ? Lorsqu'un collègue de travail l'a insulté. "C'était des insultes du style : tu n'es qu'un pédé, ça me dégoûte. Je ne comprends pas pourquoi tu es comme ça. Tu devrais te barrer". Habib ne s'est pas senti soutenu par son patron, ni par les autres employés. " J'ai ressenti beaucoup de tristesse, de colère et d'humiliation".

"Mon jour le plus heureux ? C'est ma première Pride ! Je me suis mis à danser avec tout le monde, c'était super, très émouvant, très whaouh !"

Seul contre "deux mecs costauds"

Khaled revenait d'une Pride quand l'agression a eu lieu. "Il était 6h du matin dans le métro, j'étais en drag queen et un mec a essayé de me faire des attouchements. J'ai refusé et c'est parti en bagarre". Seul contre deux hommes baraqués, Khaled a eu peur : "Ca s'est assez mal fini, c'est traumatisant". Il  se rend alors au commissariat et a le sentiment de ne pas du tout être écouté.

Khaled a 19 ans, il essaie de voir le positif de cette expérience traumatisante. "ça m'a rendu beaucoup plus fort, je n'ai pas peur d'affronter le regard des gens".

Son plus beau souvenir ? Le jour où il est monté pour la première fois sur scène pour une performance de drag queen.

J'ai eu une vague énorme de soutien, tous mes amis sont venus me faire un câlin, c'était génial, incroyable !

Khaled

Alicia a 23 ans, elle est lesbienne. Elle raconte : "J'étais avec ma première copine à côté de la gare, on était en train de s'embrasser pour se dire au revoir. Il y a un groupe d'hommes qui est venu nous déranger. Ils nous ont demandé pourquoi on s'embrassait, pourquoi on n'était pas en couple avec des hommes. Le ton est monté et c'est la première fois où j'ai eu peur. Je me suis dit il va m'arriver quelque chose".

"Mon plus beau souvenir ? c'est toutes les Pride", estime Alicia. L'an dernier,  Alicia avait fait un panneau : "les filles venez m'embrasser pour un Tik Tok". Elle se souvient avec un grand sourire : "Je voulais inonder les réseaux de bisous lesbiens. Je n'ai pas arrêté pendant 2 heures !"

"Elle m'a fait du chantage au suicide"

Loïs, 18 ans, est transexuel et pansexuel. Il raconte : "Quand j'ai expliqué que je voulais transitionner, une personne de ma famille m'a dit qu'elle n'allait pas le supporter, qu'elle préférait mourir plutôt que de voir ça". Des paroles blessantes et choquantes pour Lois : "j'ai été surpris, ça a été un blocage émotionnel."

Le meilleur moment de la vie de Lois n'a pas été difficile à se remémorer : "c'est quand j'ai reçu ma prescription pour avoir la testostérone. Ce jour-là, c'était vraiment incroyable, je n'en revenais pas car ça faisait super longtemps que je demandais. Quand on m'a dit oui, j'étais extrêmement, extrêmement heureux ! "

C'était de l'euphorie mélangé à du soulagement. Je vais devenir celui que j'ai toujours voulu être et que je suis depuis toujours.

Lois

Marie a 57 ans et est bisexuelle. Son jour le plus douloureux ? "J'ai rencontré une femme, on s'est plu, on a commencé à s'embrasser et là un homme est arrivé, il a déplacé la femme que j'embrassais et il m'a embrassée. Il m'a dit je fais ce que je veux.  Je l'ai repoussé, il m'a poussée violemment et je suis tombée. Tous les autres gars rigolaient. J'étais en colère et j'avais honte. Ca m'a beaucoup marquée, je me sentais salie".

Marie a un enfant transgenre qui a fait son coming out a 15 ans. Elle se souvient du jour de sa première injection hormonale, le plus beau jour dans la vie de cette maman.

J'ai vu mon enfant soulagé, libéré. J'avais l'impression de le mettre une deuxième fois au monde

Marie, mère d'un enfant transgenre

Stan a 20 ans, il est homosexuel. Son pire souvenir ? Le jour où il est allé chez un coiffeur dans un quartier sensible d'Aix-en-Provence. "Il y avait 3 coiffeurs qui me regardaient extrêmement mal parce que j'étais habillé de manière assez androgyne. Ils avaient énormément de mal à accepter ça. Ils ont commencé à se moquer de moi". Malgré les quolibets, Stan décide de rester pour finir sa coupe.

Il a eu les cheveux plus courts que ce qu'il voulait. " Cela s'est très mal terminé avec des séquelles psychologiques mais aussi physiques".

Je ne pouvais pas me regarder dans le miroir sans avoir envie de pleurer

Stan

Stan raconte : "Cela m'a fait perdre énormément confiance en moi. J'ai eu beaucoup de mal pendant des jours à parler à qui que ce soit." Je ne pouvais pas me regarder dans le miroir sans me sentir mal ou sans avoir envie de pleurer. Je me sentais extrêmement seul et agressé. Comme si on avait volé une partie de moi-même".

Un souvenir réconfortant ? Le jour où sa tante a pris sa défense face à un membre de sa famille qui l'insultait. "Ca m'a fait beaucoup de bien de voir que ma famille pouvait être là pour moi et que j'avais des gens sur qui compter. Et ça, c'est juste magnifique !" 

Il a écrit pédé sur la vitre du métro

"Il y avait un mec dans le métro, il avait un cutter et avec il a écrit pédé sur la vitre du métro". Stéphane se souviendra longtemps de ce jour-là, dans un métro de Marseille. A 24 ans, il dit se préparer mentalement à d'autres agressions.

En septembre dernier, Stéphane découvre qu'il a un scène drag dans sa ville : " Quand j'ai vu ça. Il fallait voir ma tête ! J'étais éberlué ! ".Et il précise : " C'est extrêmement important pour moi. A force d'y aller, j'ai bien vu qu'il y avait cet esprit de communauté et de famille que je cherchais".

Revoir notre magazine Enquêtes de région : "Homo, le droit à l'indifférence" ?

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