L’ancien directeur du moteur de recherche Qwant, fondé à Nice en 2011, se retrouve au cœur d’une série d’enquêtes du site Politico, pointant sa reconversion expresse dans l’intelligence économique.
Il tirait sa renommée de son attachement à la vie privée. La société qu’il avait cofondée à Nice en 2011, Qwant, se présente même comme "le moteur de recherche qui ne sait rien sur vous". Mais, depuis qu’il a été débarqué de la direction de la start-up française en janvier 2020, Éric Léandri semble s’être choisi d’autres horizons pour sa nouvelle société, Altrnativ. Nos confrères de Politico mettent en lumière, dans une longue série d’enquêtes publiée ce mercredi 7 décembre, les activités de cette entreprise spécialisée dans l’intelligence économique.
Le site d’information détaille ainsi les missions accomplies par Altrnativ. De la recherche concernant les opinions politiques et convictions religieuses d’une candidate à un poste chez Dassault Aviation, à la mise "sous surveillance" de personnes critiques du groupe LVMH, la société d’Éric Léandri s’est spécialisée dans l’enquête sur les réseaux sociaux, raconte Politico.
L’eurodéputée Manon Aubry, citée dans l’un des rapports d’Altrnativ cité par Politico, a fait part de sa "stupéfaction" et de sa "colère" sur les réseaux sociaux : "Ces pratiques inacceptables n'ont pas leur place en démocratie", a dénoncée l’élue native du Var.
Au service des dictatures ?
D’après l’enquête de Politico, les activités d’Altrnativ ne se limiteraient pas ce que l’on appelle l’Osint – abréviation d’open source intelligence, la recherche en sources ouvertes. Les documents évoqués par le site d’information indiqueraient qu’Altrnativ proposeraient un large panel de "logiciels espions" et "outils de surveillance massive" à des pays déjà épinglés pour des violations des droits de l’homme.
Éric Léandri, lui, a nié toute collaboration avec des sociétés développant des systèmes de cyber-espionnage et assure que son entreprise n’analysait, quant à elle, que les données disponibles publiquement sur internet, en source ouverte donc.
La publication de cette enquête intervient au moment où l’entreprise Qwant tente de tourner la page Léandri. Après avoir connu de nombreux déboires, l’entreprise de la tech niçoise a bénéficié d’une aide colossale de l’Etat en 2020, comme l’a révélé Libération : le moteur de recherche, qui s’est longtemps présenté comme un concurrent "souverain" à Google, équipe désormais par défaut les ordinateurs des services publics français.