La chambre régionale des comptes de PACA a étrillé dans un rapport rendu public vendredi la gestion du maire Les Républicains de Nice, Christian Estrosi, soulignant la situation financière "préoccupante" de la cinquième ville de France.
Malgré les réductions d'effectifs, et les mutualisations avec la métropole, la masse salariale reste un motif de préoccupation pour la chambre régionale des comptes et l'augmentation des impôts, jusqu'en 2009, "n'a pas permis à la commune de maintenir une situation financière saine". La situation financière de la ville risque d'empirer encore jusqu'en 2020, de plus en plus de ressources financières devant être consacrées à éponger les dettes passées.
Une situation "pas préocupante" pour la ville
Dans sa réponse, annexée au rapport, la ville "considère que sa situation financière n'est pas préoccupante", soulignant l'effet délétère des baisses de dotations financières décidées par le gouvernement. "Un certain nombre de mesures correctrices" ont été prises qui ont produit leur effets en 2015 et le feront encore davantage cette année, a précisé le premier adjoint au maire, Philippe Pradal, à l'AFP.
Des efforts ont été engagés qui ont même permis d'annoncer vendredi une baisse de 1% de la taxe d'habitation pour 2016, a-t-il ajouté, soulignant que le rapport de la Chambre des comptes était une "photographie à fin 2014".
Auteurs : Coralie Chaillan et Laurent Verdi
Prime de vacances, de théâtre ou de départ en retraite
L'institution de contrôle financier pointe aussi du doigt "plusieurs irrégularités" s'agissant de la gestion des ressources humaines, des points que la ville a corrigé depuis, pour ceux sur lesquels il était possible d'agir, selon M. Pradal.
"La commune, qui procède au paiement d'heures supplémentaires aux agents, n'a pas mis en place de système automatisé de contrôle du temps de travail, ainsi qu'elle en avait l'obligation" et "n'est ainsi nullement en mesure de vérifier le temps de travail réellement effectué par les agents", relève la chambre.
L'augmentation des impôts "n'a pas permis à la commune de maintenir une situation financière saine", selon la chambre régionale des comptes.
"De nombreuses primes anciennes ne reposent sur aucun fondement légal", ajoutent les auteurs du rapport, citant une "prime de vacances", une "prime de théâtre" ou "une prime de départ en retraite" qui sont versées "en toute irrégularité".
De même, "la commune accorde aux agents qui partent en retraite, un 'congé libérable' de deux mois pour leur 'permettre (...) de prendre conscience de leur nouveau statut' de futur retraité", un temps pendant lesquels les agents n'occupent pas de poste et qui coûte à la ville "l'équivalent de plus de 20 emplois à temps plein".
L'opéra municipal aussi dans le viseur
La chambre épingle également la gestion de l'Opéra municipal, "dont le budget annuel est de l'ordre de 22 millions d'euros, soit un montant représentant l'équivalent des dépenses de fonctionnement totales d'une commune de 10.000 à 15.000 habitants des Alpes-Maritimes".
Pourtant, "l'activité (une centaine de représentations) et la fréquentation de l'opéra (de l'ordre de 55.000 spectateurs par an) sont relativement faibles, puisqu'elles le situent dans le milieu de classement des opéras français". "Les recettes de billetterie sont marginales, la commune assurant 85% des recettes de l'opéra et le département des Alpes-Maritimes environ 8%", poursuit le rapport.
L'opéra dispose pourtant de moyens "parmi les plus importants" de France: il est doté de 350 emplois, dont 170 artistes et dispose d'un centre de production de 80 techniciens permettant la maîtrise intégrale de la chaîne de production d'une oeuvre lyrique.
A ce sujet, un nouveau directeur général de l'Opéra, venu de Metz, Eric Chevalier, a été nommé vendredi avec pour mission de réformer l'institution, a noté le premier adjoint.