Celui qui reste à la tête d'un parti qu'il juge lui-même "dépassé" a choisi sa rentrée politique pour annoncer la naissance de son propre mouvement, l'Union des droites pour la République, l'UDR. On vous explique.
Dans le grand pré, ce samedi après-midi, les nombreux drapeaux tricolores, fixés sur les chapeaux ou tenus dans les mains des partisans, flottaient au vent. Le président (contesté) des LR faisait sa rentrée, comme à son habitude, à Levens (Alpes-Maritimes) devant près de 3 000 personnes. À cette occasion, il a annoncé vouloir "transformer" LR en Union des droites pour la République. Clin d'œil à l'histoire, selon l'intéressé, l'acronyme UDR suggère la "renaissance de l'UDR", ce "vaste mouvement populaire... voulu par le général de Gaulle face au péril de mai 68".
"I will survive"
Un vent de nouveauté allait donc souffler sur cette rentrée. Éric Ciotti est arrivé sur scène, accompagné par la chanson de Gloria Gaynor, "I will survive", en français "Je te survivrais". Le ton était donné. Après avoir dépassé, en juin dernier, la limite infranchissable qui séparait jusque-là, la droite républicaine de son extrême du même bord, Éric Ciotti regarde plus loin. Son constat est clair : "la marque Les Républicains est aujourd'hui dépassée, discréditée par ses défaites, ses contradictions, son manque de courage", il propose "de refonder (sa) famille politique".
L'esprit des Républicains, en tout cas celui que j'ai porté, n'est pas mort. Il se transforme, il se reconstruit, il se réinvente. C'est une forme de renaissance aujourd'hui
Eric Ciotti, président Les Républicains
Devant son pupitre, il explique "l'Union des droites pour la République sera ce grand parti de droite" et poursuit : "Je ne démissionne pas des Républicains, nous créons une nouvelle formation politique". Mais qui est ce "nous" ? Est-ce lui, le seul à décider ? Michèle Tabarot, secrétaire départementale LR, présidente de la Commission nationale d'investiture, et opposée à toute union avec le RN, a déclaréà l'AFP "Il ne peut pas transformer le parti sans réunir les instances, il ne peut pas décider seul, il y a des étapes à respecter".
Dans son discours, des "mesures inédites et fortes": "la démocratie directe avec des référendums réguliers comme en Suisse", "la fin du droit du sol et la préférence nationale pour sortir de l'immigration de masse", l'interdiction du "voile pour les mineures dans l'espace public", la "fin de la loi SRU", qui oblige les communes à disposer d'un quota de logements sociaux, qualifiant son projet de "renaissance française".
Son alliance avec le Rassemblement national
Depuis l'alliance conclue entre Éric Ciotti et le Rassemblement National, en juin dernier, les (autres) dirigeants LR ont tenté de l'exclure à 3 reprises. En vain. Ils attendent désormais, le 14 octobre prochain, date où la justice devra se prononcer. En attendant, s'estimant lésés après cet accord, ils menacent de réclamer plus de deux millions d'euros de préjudice à Éric Ciotti. Un baron de la droite confiait à Franceinfo : "Nous irons jusqu'au bout". Pendant ce temps-là, un soutien du Rassemblement National se manifeste sur la plateforme X.
Je souhaite un grand succès à @ECiotti et à son nouveau parti Union des droites pour la République.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) August 31, 2024
La France a besoin d’une droite courageuse, capable de résister au politiquement correct comme il l’a démontré lors des élections législatives 2024. https://t.co/0ed5H45yse
Éric Ciotti n'oublie pas Nice
Le député niçois n'a pas omis de parler de son intention de briguer la mairie de Nice face à son ennemi politique : Christian Estrosi, le maire Horizons, qu'il a qualifié de "pharaon du béton" qui "dépense sans compter alors que les Niçois paient l'addition".
Je me prépare chaque minute, chaque seconde à relever le défi du renouveau de Nice.
Eric Ciotti, président les Républicains
Déjà, des réactions arrivent sur les réseaux sociaux.
Ciotti assume l'union mais refuse de citer Marine Le Pen; parle d'union des droites avec le RN qui se revendique "ni droite, ni gauche"; explique que l'UDR a été créé en réaction à mai 68... en 67; affirme que Nice perd en attractivité après une année record.
— Gaël Nofri (@GaelNofri) August 31, 2024
Au-delà du réel ! pic.twitter.com/bWJQYHCzW7
En terres azuréennes, les vacances politiques sont bien terminées.