La policière chargée de la vidéosurveillance parle de pressions

Sandra Bertin, policière municipale chargée de la vidéosurveillance à Nice s'est confiée au Journal du Dimanche. Elle raconte avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur: "On m'a ordonné de taper (NDLR dans son rapport) des positions (..) de la police nationale que n'ai pas vues à l'écran".

Sandra Bertin, policière municipale chargée de la vidéosurveillance à Nice s'est confiée au Journal du Dimanche. Elle raconte avoir subi des pressions du ministère de l'Intérieur: "On m'a ordonné de taper (NDLR dans son rapport) des positions (..) de la police nationale que n'ai pas vues à l'écran".


Dès le lendemain de l'attentat du 14 juillet, des tensions se sont manifestées entre Christian Estrosi et Bernard Cazeneuve. Le premier adjoint de la ville de Nice délégué à la sécurité accuse le ministre de l'intérieur de "mensonge d'État".
Au milieu de cet affrontement, Sandra Bertin, secrétaire générale du Syndicat autonome de la fonction publique territoriale (SAFPT). Cette policière municipale chargée de la vidéosurveillance raconte au Journal du Dimanche comment le ministère de l'intérieur aurait exercé des pressions sur elle dès le lendemain de l'attentat.

Des pressions téléphoniques


"Le lendemain des attentats, le cabinet du ministre de l'Intérieur a envoyé un commissaire au CSU (centre de supervision urbain) qui m'a mise en ligne avec la Place Beauvau", raconte Sandra Bertin.

On m'a ordonné de taper (NDLR dans son rapport) des positions (..) de la police nationale que n'ai pas vues à l'écran", explique la policière municipale.


"J'ai alors eu affaire à une personne pressée qui m'a demandé un compte rendu signalant des points de présence de la police municipale, les barrières, et de bien préciser que l'on voyait aussi la police nationale sur deux points dans le dispositif de sécurité", ajoute-t-elle.

"J'ai été harcelée pendant une heure"


"Je lui ai répondu que je n'écrirais que ce que j'avais vu. Or la police nationale était peut-être là, mais elle ne m'est pas apparue sur les vidéos. Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par e-mail une version modifiable du rapport, pour "ne pas tout retaper".

Cette personne m'a alors demandé d'envoyer par e-mail une version modifiable du rapport", rajoute Sandra Bertin.


"J'ai été harcelée pendant une heure, on m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran. A tel point que j'ai dû physiquement renvoyer du CSU l'émissaire du ministère!", poursuit la policière municipale.

Demande de l'éffacement des bandes


"J'ai finalement envoyé par e-mail une version PDF non modifiable et une autre modifiable. Puis, quelques jours plus tard, la sous-direction antiterroriste m'a demandé d'effacer les bandes des six caméras que j'ai mentionnées dans mon rapport, celles qui ont filmé la tuerie*. On nous a demandé, pour les besoins de l'enquête, d'extraire huit jours de bande sur 180 caméras. Et maintenant il faudrait en effacer certaines pour empêcher leur diffusion au public...", ajoute-t-elle.

J'ai finalement envoyé par e-mail une version PDF non modifiable et une autre modifiable", précise la responsable de la vidéosurveillance.


Sandra Bertin est aussi cosignataire d'une lettre ouverte à Manuel Valls pour déplorer le fait que la police municipale n'ait pas été citée par les ministres de l'Intérieur et de la Défense lors d'une conférence de presse deux jours après l'attentat.

*Les enquêteurs ont gardé une copie de ces bandes
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