Pour le ministère de la Santé, il faut en finir avec le SIDA à l'horizon 2030. Parmi l'arsenal préventif, il y a la PrEP, un traitement prescrit jusqu'à présent à l'hôpital. Désormais, la médecine en ville est intégrée dans le dispositif.
C'est un traitement qui s'adresse à des personnes séronégatives exposées au risque de contamination par le VIH, et qui n'utilisent pas forcément de préservatifs.
La PrEP, cette "Prophylaxie pré exposition", est une combinaison d'antirétroviraux (l’emtricitabine et le ténofovir disoproxil). Pris avant et après un éventuel contact avec le virus du SIDA, les cachets permettent d'éviter à 99 % la contamination.
La PrEP ne protège que contre le VIH.
Désormais, plus besoin d'aller à l'hôpital ou dans un centre gratuit de dépistage et de diagnostic pour bénéficier de la PrEP.
Depuis ce 1er juin, les médecins généralistes peuvent la délivrer, et c'est une très bonne nouvelle pour Erwann Le Hô, président du centre LGBT des Alpes-Maritimes.
Cette décision va permettre d’accélérer le déploiement de la PrEP auprès des populations les plus exposées au VIH. Un atout de poids pour atteindre au plus vite l’objectif Sida zéro !
C’est un formidable verrou qui vient -enfin- de sauter ! Cette décision va permettre d’accélérer le déploiement de la #PrEP auprès des populations les plus exposées au #VIH. Un atout de poids pour atteindre au plus vite l’#ObjectifSidaZero ! ✊? https://t.co/zOvpPOQCgR
— Erwann LE HÔ (@erwannleho) May 28, 2021
Les médecins généralistes sont invités à suivre une formation en ligne, pour la mise en place d'un traitement adapté aux pratiques sexuelles de chaque patient, et pour son suivi régulier, avec, entre autres, un test de dépistage VIH tous les trois mois.
Les personnes qui sont suivies sous PrEP sont en effet vues tous les trois ou quatre mois par leur médecin.
Objectif : 0 contamination en 2030
« On peut vraiment mettre fin à l’épidémie de Sida à l’horizon 2030 » Dr. Pascal Pugliese, infectiologue @CHUdeNice président de la Société française de lutte contre le #Sida #VIH https://t.co/usCE3nVsmo via @20minutes
— Réseau CHU (@RESEAUCHU) September 26, 2019
Erwann Le Hô considère, chiffres à l'appui, que ce traitement est de nature à donner un coup d'accélérateur pour le recul de l'épidémie.
En France, 30.000 personnes sont "sous PrEP", dont 880 (en 2020) dans les Alpes-Maritimes. Il s'agit, toujours selon Erwann Le Hô, "à 99% d'homosexuels entre 35 et 40 ans qui vivent dans des grandes villes."
Les Alpes-Maritimes sont le département de France où le taux de couverture PrEP est le plus important, ce qui a permis d'infléchir la courbe de contaminations.
La région PACA, 2e région la plus touchée pour les contaminations
Fin 2015, le CHU de Nice fait partie des cinq centres investigateurs d'un essai PrEP en France et au Canada. La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est alors la deuxième région métropolitaine la plus touchée en termes de nouvelles contaminations au VIH, après l'Ile-de-France.
Le département des Alpes-Maritimes est le plus concerné par l'épidémie dans la région Paca.
En décembre 2018, soit 3 ans après l'arrivée du traitement dans le département, le nombre de contaminations a baissé de 40%.
Pascal Puglièse, président de la Société Française de lutte contre le Sida au CHU de Nice, confirme.
La PrEP a montré son efficacité en vie réelle depuis 5 ans qu'on l'utilise en France avec à la fois, un bénéfice individuel et collectif. Partout où l'on a mis la PrEP à grande échelle, on a vu réduire à grande échelle le nombre de nouvelles infections.
Un traitement proposé dans tout le territoire
Jusqu'à présent, seules les personnes vivant dans les grandes villes bénéficiaient de la PrEP puisque le traitement était proposé à l'hôpital ou dans les centres de dépistage. Les généralistes peuvent désormais expliquer partout en France, y compris dans les zones rurales, le principe de ces cachets destinés à éviter toute contamination.
De quoi faire reculer encore la diffusion d'une maladie grave, qui a fait des ravages il y a peu, à la fin du XXe siècle.