Anthony Hussenot, sociologue, auteur de « Pourquoi travailler ? Place et rôle du travail dans un monde en mutation » analyse l'évolution des manifestations à la veille d'un nouveau jour de mobilisation contre la réforme des retraites.
Depuis l'utilisation du 49-3 par le gouvernement, le mouvement a repris de la vigueur et s'est durci, parfois même allant jusqu'aux violences. Qui sont ces manifestants et pourquoi se mobilisent ils davantage aujourd'hui ?
Selon Anthony Hussenot, sociologue : " les gens manifestent pour plusieurs raisons : l'usage du 49-3 n'est pas nouveau (on en est au centième) il a toujours été plus ou moins choquant, mais aujourd'hui il est devenu inacceptable. À cela s'ajoute le fait que les citoyens qui manifestent le font contre un mode de gouvernement et enfin ils sont contre une réforme bien-sur mais aussi à propos du travail".
Pour le sociologue, auteur de « Pourquoi travailler ? Place et rôle du travail dans un monde en mutation » (aux éditions EMS) cette réforme est une réforme implicite du travail.
Débordements et violences
Les syndicats condamnent les débordements et violences tout en expliquant que la gradation dans les formes de mobilisations semble inévitablement se diriger vers l'escalade. Pour Anthony Hussenot :" ce que l'on comprend surtout, c'est que les citoyens ont des attentes qui ont évoluées en termes de démocratie."
Ils veulent davantage de démocratie participative, être consultés tout au long du mandat
Anthony Hussenot, sociologue.Sur le plateau de Dimanche en politique.
La démocratie ne s'arrête plus à l'élection présidentielle : "prenons acte et faisons de cette crise une opportunité pour repenser notre façon d'animer la vie démocratique" explique le sociologue.
"On a pris le calendrier à l'envers"
Ce que l'on entend dans les cortèges, ce sont des revendications à propos de la pénibilité, les carrières longues, la place des femmes... Hors ces thèmes sont des réflexions autour de l'organisation du travail :
"Je ne suis pas le seul à le dire, beaucoup de spécialiste ont dit " attention, avant de s'attaquer aux retraites, attaquons-nous d'abord au travail. Répondre à la pénibilité, c'est une chose, mais il faut aller beaucoup plus loin. On aurait dû prendre le temps de réfléchir au travail, à la place du travail, à la quête de sens. Les Français ne sont pas contre le travail, mais contre un certain type de travail."
La réforme du travail devait intervenir après l'été, au vu des manifestations et de l'ampleur de la mobilisation, le gouvernement pourrait accélérer la réflexion.
Anthony Hussenot, était l'invité de Dimanche en politique ce dimanche 26 mars > A revoir sur notre site.