Le Festival MANCA meurt en même temps que le CIRM de Nice

Le Centre National de Création musicale qui produisait le Festival de musique contemporaine MANCA ferme ses portes. Une décision incompréhensible pour les employés et artistes qui y travaillent depuis 1974. Une détérioration supplémentaire de l'espace culturel à Nice.

Des sons particuliers, des bruits comme autant de musiques inhabituelles, des œuvres avec, ou sans, électronique… Quand le Festival MANCA, le 1er festival international des musiques d’aujourd’hui démarre en 1978 à Nice, il rencontre un public à la fois curieux et interloqué. Très vite il devient incontournable chaque mois de novembre et les compositions électroacoustiques se frayent un chemin dans la musicologie azuréenne.

 

Derrière ce festival, le compositeur Jean-Etienne Marie qui crée le site de Nice en 1968,  l’un des 8 Centres Nationaux de Création Musicale.

 

Il s’entoure d’une équipe permanente. Ces sites, studios de musique classique contemporaine, s’articulent autour de 4 axes : la production, la diffusion, la recherche et la formation. S’y retrouvent toutes sortes de professionnels du son : compositeurs, réalisateurs informatique musicale, chercheurs, ingénieurs du son, musicologues et étudiants en composition électroacoustique. Tous travaillent notamment sur les nouvelles technologies au service de la création musicale.

 

Le couperet tombe

Depuis quelques années et malgré une situation financière saine, le CIRM de Nice était dans l’œil du cyclone.

Le  directeur technique et représentant du personnel, Camille Giuglaris, dénonce un gâchis :

« Depuis le Conseil d’Administration de février et la décision de ne pas recruter de directeur, nous savions que l’avenir était mal parti. Sans direction, on nous dit, pas de projet et, sans projet, on nous annonce la fermeture du site, alors qu’officiellement, le Ministère affirme vouloir développer le réseau en France. C’est absolument contradictoire. »

 

 Le budget du CIRM tourne autour de 500.000 euros, assuré par l’Etat via la DRAC (la Direction Régionale des Affaires Culturelles), et les collectivités (ville de Nice, département et région). Quelle raison a prévalue à la fermeture du lieu ?

 

 Le président du CIRM depuis 1 an, Sylvain Lizon, également directeur de la Villa Arson et Vice-Président de la culture à l’Université Nice Côte d’Azur, explique : « Il y a des difficultés structurelles qui se sont accumulées au fil du temps. C’est une structure qui n’a pas suivi le chemin d’autres, comme le GMEM (Groupe de musique expérimentale de Marseille), en termes de développement et de rayonnement. Devant l’absence de déploiement d’activité, les partenaires publics ont fait le choix de la fermeture. »

Le Conseil d’Administration qui s’est à nouveau réuni le 30 Juin a, en effet, voté la fin de l’activité au 31 décembre 2022.

 Pour les 3 salariés du CIRM restants, c’est un licenciement économique à l'horizon. Mais quid des équipements et du patrimoine immatériel du CIRM comme les bandes sons ? Seront-ils conservés, valorisés, numérisés ?

 

 « Le matériel va aller au conservatoire régional de Nice et les nombreux enregistrements iront à l’Université Côte d’Azur, tous deux partenaires »,  explique Camille Giuglaris qui s’interroge également sur les conditions de cession et l’avenir de ce patrimoine.

 

Lors du dernier conseil municipal, les élus Ecologistes se sont émus de la disparition d'un "nouveau lieu de culture" à Nice, alors que la ville est candidate au label de capitale européenne de la culture en 2028.

Pour Sylvain Lizon, « les collectivités souhaitaient un autre cadre, une autre forme pour que la création musicale reprenne force et vigueur. Ce sera le sujet de la mission de préfiguration qui est sur le point de se lancer. De nombreuses réflexions sont en cours. »

Le 1er adjoint au maire, Anthony Borré, lui, a répondu que Nice "n'a jamais fait défaut au CIRM. La ville n'est pas décisionnaire et entend bien poursuivre son soutien financier à la recherche musicale. Ce soutien se traduira d’une autre manière avec la SMAC, le Frigo 16 ou la salle Stockfish qui pourra être un lieu qui accompagne la recherche musicale. »

Nathalie Martin à la communication du CIRM précise : « Nous, concrètement, il nous reste 3 concerts à l’automne :

  • Jeudi 10 novembre, à 20h, au théâtre FRANCIS Gag, le concert E Supplicante.
  • Samedi 19 novembre à 20h à l’opéra de Nice, un concert-création d’Alireza Farhang, l’Etoile de l’Est n’était qu’un mirage.  
  • Vendredi 9 décembre, à 20h, Auditorium du Musée Marc Chagall, un concert Nuria Gimenez-Comas avec Proxima Centauri. »l

 Le grand appartement, au 33 avenue Jean Médecin, où le CIRM est installé appartient au CCAS de la ville de Nice. Nul doute que la municipalité saura lui trouver une nouvelle attribution. 

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