Ce vendredi 3 février, en milieu de journée, Christian Estrosi a convoqué la presse pour faire part des suites données aux révélations de l'émission "Capital". Saisine des préfets, du procureur, et demande d'une enquête parlementaire... Tout y est, Christian Estrosi affirme ne rien vouloir laisser passer.
Le maire de Nice et président de la métropole niçoise s’est dit "plus que surpris" lorsqu’il a été informé, le 27 janvier dernier, des conclusions de l'enquête menée par "Capital", qui sera diffusée ce dimanche 5 février.
Après avoir rappelé que dans l'attente d'une nouvelle usine de valorisation énergétique, à l'horizon 2026, permettant à 100% des déchets de la métropole d'être traités localement, il a égrainé les détails d'une contre-offensive tant médiatique que politique.
Des démarches réalisées après une inspection interne d'abord, permettant de collecter et d'examiner "un certain nombre de dossiers" relatifs au contrat passé avec l'entreprise pointée du doigt.
La part des déchets de Nice qui sont traités par l'entreprise Enso est de 8%. Ils doivent être "valorisés, donc triés, et confiés à une entreprise spécialisée en valorisation" explique le maire. Ce marché a été notifié en mai 2021 et court pour 27.000 tonnes de déchets par an. Il comporte l'obligation de valoriser 100% de ce tonnage, avec un minimum de 65% de revalorisation dans des filières agrées, a détaillé le Directeur général des services de la ville et de la métropole, Olivier Breuilly.
Procureur et préfets saisis
Christian Estrosi a listé tous azimuts les différentes saisines qu'il a réalisées alors que la polémique du transport illégal de déchets niçois vers l'Espagne prend de l'ampleur depuis plusieurs jours.
"J’ai personnellement saisi le préfet des Alpes-Maritimes pour infraction sur la réglementation sur le transport frontalier des déchets, puisque cela relève de son autorité."
Le camion suivi par "Capital", grâce à un moyen de traçage, devait à l'origine rallier Marseille, mais il a été dérouté vers l'Espagne pour finalement y décharger les déchets niçois.
"J’ai également saisi le préfet de région pour contrôler l’entreprise marseillaise, et qui sous son autorité un service bien connu une société bien connue qui s’appelle la DREAL (La Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement, ndlr). La mission de la DREAL est, lorsqu’il y a un transport de déchets, de donner un coup de tampon pour valider si on les transporte dans une direction ou dans une autre. Ou pas."
Nous n’aurons pas la moindre faiblesse à l’égard de qui que ce soit.
Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole
Christian Estrosi a également saisi le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme, pour que celui-ci puisse apprécier s'il y a une infraction pénale. Le cas échéant, le maire a expliqué qu’il n’hésiterait pas à se constituer partie civile sur le dossier.
Une réponse au niveau national ?
Pour l'exécutif niçois, ces révélations à venir dans l'émission de ce 5 février ne se borneraient pas au seul territoire azuréen : "Il se trouve que notre territoire, apparemment, ne serait pas le seul concerné, que cela pourrait être des pratiques généralisées dans notre pays, par d’autres entreprises, qui auraient ces comportements, que l’on peut qualifier de voyous".
Le maire de Nice a affirmé aussi avoir "demandé au gouvernement, lui-même, d’engager une action déterminée et de prendre des dispositions pour renforcer le droit dans ce domaine et les moyens de transparence."
À ses côtés ce vendredi, le député Horizon des Alpes-Maritimes et conseiller municipal, Philippe Pradal, a expliqué vouloir "lancer une mission d’enquête sur les mouvements déchets transfrontaliers, et de voir les types de flux financiers associés à ces activités."
La voie à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire est donc ouverte.