Incarcéré depuis le 15 mai 2021, Thomas Debatisse est reparti libre après qu’il a été reconnu non-coupable de la mort de son ancienne compagne. Le jury à une très grande majorité a conclu à l’innocence du Français. La famille de l'ancienne compagne du Niçois évoque de son côté un "sentiment d'injustice".
"C'est la fin d'une humiliation". Voilà les premiers mots prononcés par Thomas Debatisse à la sortie de la salle d’audience. Le procès aura duré deux mois. Finalement, la justice seychelloise a retenu les éléments figurant dans l’enquête menée par la France. La compagne de Thomas Debatisse est bel et bien morte par suicide.
Pour arriver à ce verdict, un jury de cinq hommes et trois femmes a décidé de la non-culpabilité du Niçois par six voix contre deux. Un jugement rendu à 4h30, heure française ce 15 avril 2022.
Deux thèses s’opposaient, d’un côté le street-artiste affirmait qu’il s’agissait d’un suicide, de l’autre, la famille de la compagne du Niçois et la police locale évoquaient un féminicide. Retour en arrière : Emmanuelle Badibanga, gérante de La Passerelle, lieu d'événementiel à Nice, avait 32 ans quand elle a été retrouvée sans vie dans une chambre d'hôtel des Seychelles. Nous sommes le 27 avril 2021.
Son compagnon, le graffeur niçois Otom (Thomas Debatisse), déclare alors l'avoir retrouvée pendue à l'accroche-serviettes de la salle de bains. Dès le début de l’affaire, des zones d’ombre subsistaient.
Zones d'ombre
Ainsi, l’avocat de Thomas Debatisse, Richard Sédillot, préférait rester discret afin de protéger son client comme il nous l’avait confié. Quant à la famille d’Emmanuelle Badibanga, elle souhaitait « rétablir la vérité que leur fille n’était pas dépressive ajoutant qu’elle ne s’est pas suicidée. » L’avocat du graffeur précisait que Thomas était très malheureux et qu’il partageait la peine de la famille d’Emmanuelle : C’est très difficile, on préfère ne pas jouer la surenchère, mais si je suis persuadé que mon client est innocent avait-il alors déclaré.
Cette nuit, Thomas Debatisse a donc quitté le tribunal libre accompagné de sa famille.
Otom que nous avons pu interroger, semble plutôt en forme, l’air jovial, il explique que "la vie en prison n’a pas été facile mais que c’est une expérience humaine".
L’artiste niçois précise cependant que la perspective de passer sa vie en prison a été, selon ses dires, très angoissante, "ce n’est pas une partie de plaisir."
Retrouver un peu de paix et d'amour
Otom
Et d’ajouter : "on va essayer de rentrer la semaine prochaine en France, il y a encore beaucoup de formalités à accomplir. La première chose que je vais faire en rentrant, c’est bien sûr d’aller voir ma famille, mes amis, mes proches du monde de l’art et retrouver un peu de paix et d’amour."
Un sentiment qui tranche avec la famille de son ancienne compagne.
La famille de l’ex-compagne du street-artiste s’est de son côté dite épuisée par ce procès. La sœur d’Emmanuelle Badibanga nous a confiés "le sentiment d’avoir été mal défendu dans cette affaire. Par la suite, il faut qu’on en parle, tous les éléments n’ont pas été présentés, certaines choses n’ont pas été prises en compte. Il y a un sentiment d’injustice".
Joint au téléphone, l’un des avocats de la famille Badibanga, Vincent Fillola qui n’était pas présent sur place, explique qu’il doit parler avec ses clients en rappelant que le verdict a été rendu sur des expertises scientifiques présentées au jury.
Avec AFP