Manifestation à Nice et à Toulon à l'appel de 5 syndicats pour "contrer ce qui est extrême"

Des dizaines de milliers de manifestants anti-RN sont dans la rue à l'appel de cinq syndicats : CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires. Des manifestations décidées après le choc des élections européennes. Propos des manifestants à Nice et à Toulon.

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Moins d'une semaine après le séisme de la dissolution, les opposants à l'extrême droite battent le pavé samedi dans toute la France à l'appel de 5 syndicats, d'associations et de la gauche du "Nouveau Front populaire".

Cinq syndicats : CFDT, CGT, UNSA, FSU et Solidaires ont appelé à la mobilisation. La numéro 1 de la CFDT, Marylise Léon, a dénoncé le "programme mortifère de l'extrême droite pour les travailleurs et les travailleuses". Environ 200 manifestations sont prévues pendant le week-end à l'approche des législatives des 30 juin et 7 juillet. C'est le cas à Nice et à Toulon notamment. 

À Nice : "le RN ce ne sont pas mes valeurs"

À Nice, plusieurs milliers de personnes sont rassemblées Place Masséna depuis 11 heures ce matin. 

"Je suis en colère, je suis d'origine arménienne. Je ne vois pas pourquoi on va se retrouver confronté à des fachos !" s'insurge une manifestante. Représente un centre LGBT à Nice, elle redoute la suite des élections, si le RN l'emporte : "Nous allons être agressés, nous allons perdre nos subventions. C'est la porte ouverte à tous les malheurs pour nous."

Interrogé par France 3 Côte d'Azur, un retraité de 58 ans qui fait partie de la CGT a tenu à être présent pour "contrer ce qui est extrême et revenir à nos valeurs". Il s'inquiète de la réforme des retraites pour lui et sa femme : " Avec ce qu'il y a eu de mis en place, en 5, 6 ans on a tout perdu et le RN ce ne sont pas mes valeurs."

Hafid n'appartient à aucun parti, il précise avoir toujours voté à droite. "je suis là pour m'inscrire dans la lutte contre Macron, je suis à 100% chiraquien et gaulliste et je veux que la droite redevienne à droite et la gauche redevienne la gauche" et il poursuit sinon "on va se retrouver les uns contre les autres."

À Toulon, la peur du RN au pouvoir

Dans la ville, siège de la préfecture du Var, c'est la 2ème manifestation en 4 jours. Mercredi 12 juin place de la Liberté, 400 personnes s'étaient déjà rassemblées. La plupart des manifestants venaient d'Extinction Rebellion, la France Insoumise ou encore la Ligue des droits de l'Homme et L214.

Ce samedi matin, il y aurait près d'un millier de personnes. Ce sont notamment les drapeaux de la FSU et de la CGT qui flottent avec des prises de paroles des représentants syndicaux sur la place. Un millier maximum

Cédric Turco, secrétaire départemental adjoint de la FSU, explique la raison de sa présence : "pour dénoncer les idées et les agissements de l'extrême droite."

"Pour nous, ce qui se passe est dramatique et j'espère qu'ensemble on est en train d'écrire l'histoire et qu’on est train d'empêcher l'extrême droite d'arriver au pouvoir. S’ils sont au pouvoir, on peut s'attendre à des choses très très graves."

Richard Roméo-Gilberti, secrétaire général de la CGT du Var prévient : "le 7 juillet on peut se trouver avec un premier ministre d'extrême droite avec des pouvoirs colossaux dans sa main !" pour lui le gouvernement porte aussi une responsabilité dans le vote RN :"vivre dignement de son salaire a été éliminé du logiciel des macronistes." D'abord "sidéré" par les résultats des européennes, il espère que "le vote de contestation se transforme en vote d'adhésion." 

Expérience du FN en 1995 à Toulon

Dans cette terre varoise, où l'extrême droite est implantée depuis longtemps, on ne fustige pas les électeurs du RN. Mais Richard Roméo-Gilberti, secrétaire général de la CGT du Var, rappelle l'expérience politique du FN en 1995 à Toulon. C'était : "haro sur la culture et les syndicats ! "

Pour mémoire, Jean-Marie Le Chevallier, est devenu maire de Toulon en 1995. C'était la première fois que le parti d’extrême droite, qui s'appelait encore le Front national, remportait une ville de plus de 100.000 habitants. 

Le contrat de base du nouveau front populaire

Les leaders de gauche, qui avaient appelé dès lundi soir à rejoindre les cortèges, pourront y mesurer la popularité du Nouveau Front Populaire, une coalition électorale qui rassemble les principaux partis de gauche, des Insoumis à Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann, en passant par le Parti socialiste. Impensable avant dimanche, leur union a été scellée cette semaine et a abouti à un programme commun.

Le "contrat de législature" du Nouveau Front populaire propose notamment l'abrogation de la réforme des retraites, un Smic à 1.600 euros mais aussi lutte contre l'antisémitisme la condamnation des "massacres terroristes du Hamas" commis le 7 octobre en Israël, deux sujets qui ont empoisonné les relations à gauche pendant la campagne des européennes.

Manifestations tous les jours en régions

Le président du RN qui vise Matignon à 28 ans seulement, a jugé que seules "deux formations politiques" pourront "composer un gouvernement": la sienne, favorite des sondages, et cette nouvelle union de la gauche. Il a fustigé les manifestations prévues ce week-end : "la démocratie ne se conteste pas au point de refuser le résultat des urnes."  Depuis dimanche, des manifestations et rassemblements ont lieu presque tous les jours, notamment en régions.

Il y a 22 ans, Le Pen au second tour

Le 1er mai 2002, la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle, avait rassemblé près d'un million de manifestants. Aujourd'hui, c'est le "choc des européennes" avec un score cumulé de l'extrême droite de 37,8% et la perspective d'un "RN aux portes du pouvoir" qui pousse les opposants dans la rue.   

Étiquettes politiques

Du côté de la droite classique, le tribunal de Paris a provoqué un énième rebondissement en invalidant vendredi la décision du bureau national du parti Les Républicains (LR), qui avait exclu son président Eric Ciotti, favorable à une alliance avec le RN. Jordan Bardella assure que son parti présentera "un candidat commun" avec LR "dans 70 circonscriptions".

Ce week-end, les partis finalisent leurs castings et le casse-tête des étiquettes politiques de chaque candidat. Date limite du dépôt des candidatures en préfecture ? Dimanche 16 juin, à 18 heures. 

(avec AFP)

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