Menace de fermeture d'un collège privé musulman à Nice : l'établissement et son avocat contestent les accusations de financement opaque

Le seul établissement d'enseignement privé musulman des Alpes-Maritimes est mis en cause suite à son incapacité à justifier une part de son financement auprès du Rectorat et de la Préfecture.

La ministre de l'Éducation Nationale, Nicole Belloubet, a demandé la fermeture de l'établissement d'enseignement privé musulman Avicenne, situé dans le quartier de l'Ariane à Nice, pour non-respect de la loi du 24 août 2021 contre le séparatisme. Cette loi a pour but de conforter le respect des principes de la République.

Cette demande de la ministre s'appuie sur un doute concernant une partie des fonds de l'établissement. Interrogée, la rectrice de l'académie de Nice, Natacha Chicot, affirme avoir été dans "l'impossibilité de vérifier ces financements".

Depuis octobre 2022,  "les justificatifs prévus par la loi" sont demandés au collège. "Depuis cette date, malgré nos relances, l'établissement n'a pas été en mesure de justifier une très large partie des financements reçus au cours des années 2021-2022".

La rectrice a également affirmé son intention de saisir le parquet de Nice.

Les montants concernés, que le Rectorat n'a pas souhaité nous communiquer, seront étudiés lors de l'enquête contradictoire lancée par la Préfecture. L'annonce a été faite par le préfet, ce mardi, sur la plateforme X (ex Twitter) : J'ai engagé ce jour le lancement de la procédure contradictoire préalable à la possible fermeture administrative de l'établissement Avicenne à Nice. Totale détermination à combattre toutes les expressions d'enfermement communautaire et de séparatisme.

La préfecture a précisé qu'elle avait aussi relancé de son côté, et ce, à plusieurs reprises l'établissement durant ces 18 derniers mois, et déplore n'avoir reçu que des documents qu'elle estime non conformes.

La direction de l'établissement se défend

De son côté, l'établissement scolaire affirme qu'il s'agit d'une somme d'un montant de seulement 11.000€, dont elle ne peut fournir les justificatifs, car elle provient de dons en espèces, effectués lors de fêtes religieuses.

Elle affirme également ne percevoir aucun financement étranger.

L'avocat du collège Avicenne précise également que cette somme est "infinitésimale" au regard du budget global de l'établissement.

La direction de l'établissement s'insurge du procédé consistant à annoncer dans les médias des mesures, sans en aviser ni l'établissement, ni les parents des élèves inscrits dans cette école en plein milieu scolaire.

Sefen Guez Guez, avocat du collège Avicenne

Maître Guez Guez indique que dans le temps donné par la Préfecture, soit 2 semaines, "la direction (de l'établissement) a demandé un entretien avec ses services afin de lui présenter l'ensemble des éléments à sa disposition : ses relevés bancaires, la liste des donateurs, etc."

Le communiqué précise également qu'aucun reproche concernant la pédagogie n'a été formulé, ni de risque de troubles à l'ordre public, ni d'enseignement non conforme à ceux de l'Éducation Nationale. 

Le sujet est sensible, les réactions politiques apparaissent sur internet.

Le président de la région Paca y voit une lutte "sans relâche" contre le "séparatisme", "avec" Christian Estrosi, le maire de Nice.

Philippe Vardon, conseiller régional et métropolitain affilié à Reconquête, le parti d'Eric Zemmour, pointe quant à lui la présence des collégiens lors d'un évènement de la municipalité.

Le collège Avicenne est le premier et le seul établissement d'enseignement privé musulman créé dans le département des Alpes-Maritimes. Il a ouvert ses portes en septembre 2015 avec une classe de 6e comptant 20 élèves.

Aujourd'hui, le site de l'établissement indique 4 classes pour 87 élèves au total, entourés de 17 professeurs et de 9 personnels encadrants.

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