Le procès de Michel Lambin, alias le "Berger de Caussols", soupçonné d'être un tueur au service du grand banditisme, s'est ouvert lundi à Nice, où il est jugé pour le meurtre d'un gardien d'école en 2002.
A compter de ce lundi et pendant trois semaines, il comparaît devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes. Le "berger de Caussols" doit répondre de l'assassinat de Robert Ludi, gardien d'école à Antibes, retrouvé mort dans sa voiture il y a 15 ans de deux balles dans la tête.
Un procès hors normes
Le procès a failli ne jamais se tenir à cause des problèmes de Michel Lambin, qui souffre d'une sciatique paralysante. Cheveux blancs, pull gris, c'est dans un fauteuil roulant poussé par deux gendarmes qu'il a pris place dans le box puis a été installé sur un fauteuil électrique qu'il a lui-même incliné en grimaçant de douleur.
Toute la session d'assises, jusqu'au 22 décembre a été réservée pour ce procès, à raison de deux heures d'audience le matin et deux heures l'après-midi.
45 témoins sont attendus. Dans le box des accusés, il y aura aussi Emile Fornasari. Agé de 57 ans, il aurait commandité le meurtre de Robert Ludi, et c'est Lambin qui est suspecté de l'avoir exécuté. Les deux hommes se connaissent bien : Emile Fornasari s'était évadé de la prison de Draguignan en hélicoptère en 2001 avec trois autres détenus et c'est à Caussols qu'ils s'étaient planqués.
Un habitué des tribunaux
C'est la deuxième fois que Michel Lambin comparaît devant la justice. Il purge actuellement une peine de 18 ans de prison. La cour d'assises l'avait reconnu coupable du meurtre de Jean-Yves Guerrée.
La police a enquêté au total depuis les années 1980 sur neuf homicides et une tentative en lien avec Michel Lambin, des faits pour la plupart prescrits. En 1986, alors défendu par Jacques Vergès, il avait obtenu l'acquittement pour un meurtre de 1984. Deux affaires d'homicide ont par ailleurs débouché sur un non-lieu, dont l'un est frappé d'appel.
Un tueur à gages ?
Dépeint par l'accusation comme "tueur à gages en série, à la limite de la barbarie", ce titulaire d'un CAP de boucher passé après avoir arrêté l'école à 14 ans est décrit par sa famille comme "doux, câlin, très gentil et papa-poule", selon des éléments d'enquête évoqués lundi à la barre par un ancien policier.
"Cavaleur et bagarreur" selon sa première épouse, il serait toutefois selon une de ses multiples conquêtes, un homme "à double face, toujours le sourire, généreux" mais qui "peut devenir extrêmement violent et capable de tuer sans état d'âme".
Parmi les témoignages, celui de son avant-dernière compagne, sur lequel repose une grande partie de l'enquête, est très attendu. En revanche, le tribunal devra se passer de celui du neveu d'Emile Fornasari, détenu à Grasse en lien avec un trafic de stupéfiants, et qui n'est pas revenu en prison après sa dernière permission.