A la demande du maire de Nice, une nouvelle enquête publique débute ce lundi pour déterminer si le quartier a plus besoin d’une crèche que d’un lieu de culte musulman.
Depuis son inauguration il y a près d’un an et demi, la mosquée En Nour, implantée à Nice Ouest, dans la Plaine-du-Var, est toujours menacée de fermeture.Christian Estrosi, le maire de Nice, en fait une affaire personnelle :
Je ne lâcherai rien et irai jusqu'au bout dans ce projet [de crèche, ndlr] attendu par la population qui s'inquiète elle aussi du manque de transparence dans le financement du lieu de culte En Nour, sur lequel je rappelle qu'une enquête préliminaire a été ouverte par le procureur et qu'un membre du Conseil d’Administration de l'association loi 1901 et de l'association loi 1905 est fiché S !
Il a fait voter par le conseil municipal de Nice, fin juin, une délibération "autorisant l'acquisition, par voie d'expropriation, d'un local au sein de l'ensemble immobilier Nice la Plaine 1", qui abrite la mosquée En Nour. Quatre mois plus tard, le 13 octobre, le préfet a pris un arrêté en ce sens : une déclaration d'utilité publique (DUP) pour construire une crèche ainsi qu'un espace de co-working.
Lors d’une première enquête publique, un avis favorable avait déjà été donné à la construction d'une crèche mais le préfet d’alors avait refusé de suivre cette recommandation. Le Conseil d'État avait tranché mi-2016 en faveur de l'ouverture de la mosquée et débouté la ville de sa demande d'expropriation.
Je suis persuadé, pour l'avoir sondé, que le préfet signera très rapidement l'expropriation, anticipe Me Ouassini Mebarek, l'avocat de la mosquée, et que nous devrons aller devant le tribunal administratif pour faire annuler l'expropriation, au motif qu'il s'agit d'un détournement de pouvoir de la part du maire.
Une éventuelle expropriation ferait "retourner 1.000 personnes dans les caves ou sur les parkings chaque vendredi pour la prière", prévient le juriste. "La mosquée accueille aussi de 300 à 350 élèves pour des cours d'arabe, de catéchisme et du soutien scolaire", ajoute l'avocat, mettant en regard les "40 places de crèche et l'espace de co-working" portés par le projet municipal.
"Une crèche, c'est louable, mais pourquoi ici, alors qu'il y a des bureaux vides dans le quartier ? ", a argumenté Me Ouassini Mebarek, pour qui le maire Christian Estrosi "veut s'accaparer le bien, non pas parce qu'il en a besoin mais parce qu'il ne veut pas de mosquée ici".
L’enquête publique débuté ce lundi 20 novembre et se poursuivra jusqu’au 21 décembre. Les pièces du dossier, ainsi qu’un registre d’enquête, seront disponibles, afin que chacun puisse en prendre connaissance à la Maison des Projets (14 rue d’Italie à Nice) ainsi que dans les locaux de l’ancienne Mairie Annexe de l’Arénas (103 boulevard René Cassin à Nice).
Les conclusions du commissaire-enquêteur devraient être connues en février 2018.
REPORTAGE Véronique Varin, Richard de Silvestro, Jimmy Juvigny :