Vous connaissiez le "plafond de verre"... mais connaissez-vous la "falaise de verre" et le "plancher collant" ? Les femmes sont confrontées à toutes sortes d'effets limitants dans leur carrière professionnelle. On vous dit tout avec Anne-Gaëlle Bauchet, fondatrice de la scop "Alter Egaux" à Nice.
2% des femmes occupent actuellement la fonction de PDG en France. Le nombre est dérisoire et retranscrit bien la notion de "plafond de verre" : au plus le poste dans une entreprise est important, au moins il aura de chance d'être détenu par une femme.Anne-Gaëlle Bauchet a fondé la scop niçoise "Alter Egaux" en 2013, pour lutter contre ces inégalités hommes-femmes, notamment au sein de l'entreprise. Pour elle, le plafond de verre n'est plus le seul effet limitant dans la carrière d'une femme.
La "falaise de verre"
La "falaise de verre" est un phénomène relativement nouveau dans le monde de l'entreprise. Elle désigne un poste à risques, confié à une femme car délaissé par les hommes."C'est comme si vous étiez sur un balcon en verre adossé à une falaise, explique Anne-Gaëlle Bauchet. On va confier à une femme un poste à risques, après un choc dans une entreprise ou un crach boursier par exemple. Dans ce cas, on attend d'elle qu'elle prenne des responsabilités, sans avoir une vision "testéronée" des choses".
Pour la spécialiste, la première ministre britannique Theresa May est la meilleure illustration de la falaise de verre. "C'est elle qui a du reprendre en main la question du Brexit, lorsque les hommes ont souhaité s'en défaire".
Le "plancher collant"
Les femmes restent attachées plus longtemps à un poste que les hommes. Ce constat a un nom : le "plancher collant". Selon les statistiques, les femmes évoluent moins rapidement que leurs congénères masculins au sein d'une entreprise."Les tremplins professionnels viennent toujours plus tardivement pour les femmes, commente Anne-Gaëlle Bauchet. Les employeurs vont davantage anticiper les projets d'évolution de carrière des hommes - qui sont éduqués à être plus ambitieux".
La scop Alter Egaux tente d'agir aux côtés de professionnels, pour lutter contre ces stéréotypes. Pour cela, il est important de former les managers au "bilinguisme" hommes/femmes.
"Lors d'un entretien individuel, une femme mettra en valeur ce qu'elle a fait, mais reviendra aussi sur les points plus décevants, poursuit Anne-Gaëlle Bauchet. Un homme en revanche va avoir tendance à pointer du doigt ses points forts, sans aborder le reste. Il semblera donc meilleur que la femme".
Pour la spécialiste, il est donc essentiel de comprendre le langage et le fonctionnement des différents genres.
Les "parois de verre"
Les "parois de verre" limitent les évolutions de carrière dans le sens horizontal. Cela se retranscrit dès l'entrée dans le milieu professionnel : les femmes vont davantage se diriger vers les métiers sociaux et auront peu de chance de se reconvertir dans un métier technique, plutôt réservé aux hommes."Les femmes n'auront pas les mêmes possibilités de carrière que les hommes, ni le même salaire à l'entrée", rappelle Anne-Gaëlle Bauchet.
Il y a un an, le Club Egalité des Alpes-Maritimes, chapeauté par Alter Egaux, a réalisé une étude auprès de jeunes salariés, diplômés des grandes écoles.
Le constat est consternant : pour un premier emploi, les femmes sont payées en moyenne 9 % de moins que leurs congénères masculins à compétences et diplôme égaux.
Pourtant, selon l'étude, ce n'est pas toujours pour les raisons que l'on croit. "Nous avons remarqué que les femmes étaient plus rapidement insérées dans une entreprise. Elles acceptent plus facilement un premier job, sans négocier, alors que les hommes se donnent le luxe de refuser", analyse la fondatrice d'Alter Egaux.
Le gouvernement français s'est donné trois ans pour tenter de réduire ces inégalités salariales.