Dans une tribune publiée sur Internet, les responsables de cette association de victimes de l'attentat du 14 juillet rappellent et détaillent leurs arguments pour un "mémorial-musée" à Nice.
"Paris n'est un lieu ni "neutre" ni "naturel" pour le Mémorial-Musée des victimes du terrorisme", ainsi commence la tribune de l'association Mémorial des Anges.
Sa présidente Anne Murris a publié ce mercredi sur son blog un long texte co-signé avec le secrétaire général de l'association Marek Andrieu. Les écrits de ces deux responsables de Mémorial des Anges sont une réponse à une interview publiée dans La Croix à ce sujet.
Dans cet entretien publié dans le journal le 14 juillet dernier, l'historien Henry Rousso revient sur l'importance des commémorations de l'attentat de Nice, il explique aussi pourquoi le mémorial-musée pour honorer les victimes doit selon lui voir le jour à Paris. Cet historien pilote la création d'un lieu dédié aux victimes d'attentats, un musée-mémorial conjuguant mémoire et histoire.
Une proposition niçoise
A l'origine, Anne Murris explique que l'association est à l'origine du projet de création d'un musée-mémorial des victimes du terrorisme, projet qui selon elle a été copié. En septembre 2018, Anne Murris avait déjà dénoncé le projet d'Emmanuel Macron concernant le mémorial-musée, le président avait évoqué Paris comme lieu de ce futur musée.
Aujourd'hui, les personnes qui souhaitent se recueillir pour les victimes de l'attentat de Nice peuvent le faire devant le mémorial, situé dans les jardins de la villa Masséna, promenade des Anglais.
En juin 2018, le projet de mémorial-musée était déjà d'actualité comme le montre le reportage d'Aline Métais et Richard de Silvestro :
Paris, centre de la France
Pour Anne Murris et Marek Andrieu, Paris n'est ni "neutre" ni "naturel" comme l'affirme Henry Rousso. "Nous essayons donc de le réaliser dans un lieu qui soit neutre, pour signifier qu’il s’agit de commémorer un processus, un ensemble de victimes. Dès lors, la capitale s’impose de manière naturelle" selon l'historien interrogé par La Croix.
"Le faire à Nice contreviendrait à une première règle sur laquelle il y a eu une unanimité : éviter que le musée apparaisse comme le mémorial d’un seul attentat" selon l'historien Henry Rousso.
En réponse à ces arguments, les signataires de cette tribune expliquent que : "l'attentat de Nice a eu lieu un 14 juillet, jour de la fête nationale. Cette date peut ainsi être un point de départ qui, pour nous Français, rassemble au-delà des affects et des appartenances régionales."
Henry Rousso maintient sa volonté de créer ce mémorial-musée à Paris : "Nous n’avons pas refusé de le faire à Nice, mais le faire à Nice contreviendrait à une première règle sur laquelle il y a eu une unanimité : éviter que le musée apparaisse comme le mémorial d’un seul attentat. Nous essayons donc de le réaliser dans un lieu qui soit neutre, pour signifier qu’il s’agit de commémorer un processus, un ensemble de victimes."
Les responsables de Mémorial des Anges réfutent l'idée d'un lieu neutre évoqué par Henry Rousso. Ils ajoutent "On peut, à ce titre, se demander si une concentration excessive des espaces de mémoire dans une seule et même ville n’induirait pas un déséquilibre au niveau national et ferait de l’ombre voire de la concurrence aux différents espaces de mémoire".
Anne Murris et Marek Andrieu ajoutent un argument à la fin de leur tribune. "Nous pensons que ce genre d’édifices appartient à la société civile, ce qui induit une démarche participative et citoyenne, portée par ceux qui connaissent cette douleur et qui n’ont qu’un seul objectif : qu’elle ne se reproduise pas ni pour eux, ni pour personne".
A la fin de son interview dans La Croix Henry Rousso, pilote du projet de mémorial-musée rappelle : "nous n’en sommes encore qu’au simple stade du cahier des charges. Le musée du 11 septembre à New-York a mis plus d’une décennie à se construire, le musée de l’holocauste à Berlin a mis plus de 12 ans… On est dans cet ordre de grandeur : il faudra entre cinq et huit ans pour qu’il sorte de terre".