11 prévenus roumains comparaissent depuis lundi devant le Tribunal correctionnel de Nice pour "proxénétisme aggravé", dont leur chef présumé Daniel Davidoiu, dit "Dan le cascadeur", qui s'est borné à détailler sa passion lucrative pour l'élevage de pigeons de compétition.
Le spectaculaire démantèlement d'un important réseau international de prostitution par la police judiciaire de Nice remonte à décembre 2012, à Nice et dans 4 villes roumaines, avec l'appui décisif de la police roumaine.
Les quelque 45 prostituées roumaines signalées par la police de Nice avaient leurs quartiers à proximité de la Promenade des Anglais.
Depuis le box du tribunal, 18 mois plus tard, "Dan le cascadeur", carrure imposante un peu arrondie par ses 54 ans, a toisé avec assurance une présidente au ton ironique et réfuté toute activité de proxénétisme.Usurier présumé de proxénètes, il a évoqué des prêts accordés moyennant des taux d'intérêt de 20%. Il a répété qu'il ne demandait pas la profession de ses emprunteurs.
Ces derniers, beaucoup de prostituées et de proxénètes présumés, évoquent dans des conversations enregistrées des remboursements d'argent à Daniel Davidoiu.
Le réseau de proxénétisme aurait opéré pendant presque trois ans (janvier 2010- début décembre 2012) à Nice, où il aurait pris la place d'un réseau bulgare démantelé.
"Le cascadeur" a indiqué n'avoir "jamais mis les pieds à Nice". "J'ai entendu que c'est une ville touristique", a-t-il commenté.
L'essentiel de ses revenus, a-t-il affirmé, venait de son entreprise de 2.000 pigeons de compétition, qui font environ 10.000 petits chaque année (vendus 100 euros pièce et rapportant un million d'euros).
Il s'agit de l'une de plus grandes exploitations de pigeons de l'est de l'Europe, a-t-il dit, indiquant vendre les oiseaux en Belgique, en Allemagne et aux Pays-Bas.
"Je fais des concours internationaux, les pigeons sont lâchés en Allemagne, et doivent par exemple revenir en Roumanie", a détaillé le Roumain, qui doit son surnom à sa formation initiale dans une école de cascadeurs.
Le procureur Eric Bedos a relevé qu'il n'avait pas de compte bancaire et s'est demandé comment il faisait fructifier le million annuel tiré de la vente de pigeons.
Le prévenu chiffre son patrimoine foncier - une maison héritée de ses parents, ainsi qu'un appartement et quelques terrains achetés en liquide - à 40.000 euros. "A mon âge, je n'ai pas le droit ?", a-t-il demandé
En décembre 1987, il avait été condamné à 23 ans de prison pour meurtre, mais était ressorti après 9 ans de détention. "Je me suis bagarré, j'étais jeune, depuis 20 ans je n'ai pas commis d'autres crimes", s'est-il défendu.
La police roumaine le soupçonne de multiples activités illicites, dont le trafic humain et l'extorsion.
A propos de son métier d'usurier, elle évoque une "forte probabilité de connexions politiques et policières locales", a relevé le procureur.