Le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi a détaillé un arrêté municipal "anti-bivouac" entrant en vigueur immédiatement, en multipliant les allusions à la population rom tout en récusant le terme d'arrêté "anti-Roms".
Je prends un arrêté permettant à la police municipale de contrôler les populations qui vagabondent dans la rue, notamment les roms #bourdin
— Christian Estrosi (@cestrosi) October 8, 2013
"Je prends un arrêté permettant à la police municipale de contrôler les populations qui vagabondent dans la rue, notamment les Roms", annonçait mardi matin M. Estrosi sur le réseau social Twitter, dans la foulée d'un entretien à RMC.
Hier, lors d'une conférence de presse à Nice, le maire a précisé qu'il ciblait "toutes les populations qui occupent le domaine public" dont les sans domicile fixe, "des gens malheureux qui sont français" et doivent être accompagnés si besoin vers les structures d'accueil de nuit et de jour par la police municipale.
Il a évoqué les Roms à mots plus couverts. Son arrêté concernera "ces populations, pour l'essentiel en situation irrégulière, qui étaient invitées sous l'ancien gouvernement à quitter le territoire, désormais ne sont plus reconduites aux frontières et s'installent dans des campements de fortune dans des lieux publics", a-t-il décrit.
Selon C.Estrosi, des troubles de salubrité publique
Le maire de la cinquième ville de France a souligné que cette situation entraîne des troubles de salubrité publique, par "l'installation de matelas sur les trottoirs", par "le dépôt de détritus", "des déjections" et des "odeurs nauséabondes". Il a notamment fustigé "l'utilisation de chiens pour impressionner les passants" ou"la mendicité au pied des distributeurs de billet qui génère un sentiment d'insécurité".
Un conseiller municipal en chaise roulante a également attesté par exemple des problèmes de cheminement liés à "l'occupation des trottoirs".
Des secteurs ciblés
L'arrêté municipal stipule que sont interdites "les occupations abusives et prolongées de rues" si elles sont "de nature à entraver la libre circulation des personnes ou porter atteinte à la tranquillité et à la salubrité publique". Il est valable à certaines heures (de 7h à 10h et de 14h à minuit) dans une grande partie du coeur de la ville, mais aussi un quartier périphérique de l'ouest doté d'un terrain de sports où s'installent souvent des campements.Pouvoirs accrus à sa police municipale
L'arrêté du maire consiste à donner des pouvoirs accrus à sa police municipale, qui pourra délivrer des contraventions et faire des contrôles d'identité pour conduire des personnes en situation irrégulière à la police nationale, a-t-il dit.Un arrêté municipal similaire adopté début 2002 par le député-maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, avait été annulé par le tribunal administratif, une décision confirmée l'année suivante en appel.
Pour autant, M. Estrosi a recommandé aux maires de France de "suivre l'exemple de Nice" en donnant des moyens supplémentaires à la police municipale.
Nombreuses déclarations et initiatives
Le maire de Nice a annoncé samedi qu'il briguerait un deuxième mandat. Lundi, il avait expliqué lors d'un autre point de presse pourquoi il souhaitait installer une crèche à la place d'un projet de centre de prière musulman dans l'ouest de Nice.Tactique électoraliste, comme le dénonce son opposition ? "Je défends l'intérêt général de ma ville au quotidien", a rétorqué M. Estrosi.
En juillet, le député-maire avait présenté un "guide pratique" à l'attention des collectivités locales "pour faire face aux occupations illégales du domaine public par des populations non sédentaires".
La ville a en outre annoncé jeudi dernier qu'elle avait inscrit une hypothèque judiciaire conservatoire sur les biens d'une association évangélique tsigane, qui avait installé une centaine de caravanes sur un terrain sportif fin juin provoquant 630.000 euros de dommages.