Une enquête administrative est menée par l'inspection générale de la police nationale suite à l'intrusion d'un homme dans le commissariat Auvare à Nice. Le syndicat Unité SGP Police dénonce "un commissariat vétuste" où "plus rien ne peut fonctionner".
Un homme qui pénètre dans un commissariat, au nez et à la barbe des policiers... et en ressort en uniforme de police, avec une arme et des cartouches de 9 mm : l'histoire parait surréaliste, alors que la France est toujours sous le régime du plan Vigipirate renforcé au niveau "risque d’attentat".
Et pourtant, ces faits se sont produits ce dimanche, en début de soirée, à la caserne Auvare de Nice.
"Je ne voulais faire de mal à personne. Je voulais aller en prison" assurait ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Nice le jeune homme de 22 ans, rapporte Nice-Matin, qui révèle l'affaire. Il a écopé d'une peine d'un an de prison, dont 6 mois sous bracelet électronique et le reste avec sursis.
"Il est entré un peu avant 20 heures et est resté 45 minutes sur site. On le voit entrer et sortir sur la vidéo surveillance" révèle à France 3 Côte d'Azur Frédéric Pizzini, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) dans les Alpes-Maritimes.
Le patron des policiers azuréens précise que l'intrus a visité des locaux de la PJ et de la sécurité publique.
Deux chargeurs garnis de balles dans un simple tiroir
Outre la tenue de policier et un gilet pare-balles, "il a dérobé une arme de collection qui avait été déposée par un particulier lors de l’opération de remise des armes et mise de côté dans le cadre d’une demande d’attribution formulée par un fonctionnaire, ainsi que deux chargeurs administratifs trouvés dans un tiroir, où ils n’auraient pas dû être" poursuit le DDSP 06.
C'est une fois rentré chez ses parents, dans le quartier des Moulins à Nice Ouest, qu'il semble réaliser la gravité de ses actes. Son père jette alors toute la panoplie de policier à la poubelle, y compris le revolver et les deux chargeurs garnis de munitions volés (rien n'a d'ailleurs été retrouvé), et convainc son fils d'aller s'expliquer dès le lendemain au commissariat voisin de Saint-Augustin.
L'IGPN saisie, les consignes de sécurité rappelées
L'affaire est remontée jusqu'au directeur général de la police nationale, qui a saisi l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), "la police des polices". "L'enquête administrative devra relever d'éventuelles fautes et proposer des sanctions, confie le DDSP. Des consignes écrites ont été passées pour rappeler les règles de surveillance du poste de garde et de conservation des armes".
Cet incident nous incite à rappeler les consignes de vigilance
Frédéric Pizzini, directeur départemental de la sécurité publique dans les Alpes-Maritimes
Pour le syndicat Unité SGP Police, cette affaire est surtout révélatrice de l'état de ces casernes construites à la fin du XIXe siècle et transformées en commissariat dans les années 1980. "Quand on dit qu’Auvare est vétuste, c’est par un mot lancé à la cantonade" affirme Laurent Martin de Frémont, le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police des Alpes-Maritimes, joint par France 3 Côte d'Azur.
"Plus rien dans cette caserne ne peut fonctionner"
"Auvare n’est absolument plus configuré pour les enjeux d’aujourd’hui. Il n’y a plus rien dans cette caserne qui peut fonctionner. À 19 h 50 ce jour-là (dimanche, NDLR), il y avait plusieurs véhicules qui sortaient d'Auvare quand cet individu s'est faufilé. Je mets au défi quiconque de dire qu’il aurait vu, depuis la guérite, cet individu rentrer".
D'ici à la fin 2025, un nouvel "hôtel des polices" doit être aménagé dans les bâtiments de l'ancien hôpital Saint-Roch pour y accueillir les services d'Auvare notamment.