Des lavandières à la coulée verte, le Paillon au coeur des élections municipales à Nice

Le maire Christian Estrosi vient d'annoncer son intention de raser le théâtre national de Nice et le palais des congrès Nice Acropolis. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, les autorités n'ont cessé de couvrir cette artère emblématique de Nissa la Bella. 

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Après Jacques Médecin, Christian Estrosi veut lui aussi son brevet de maire bâtisseur. C'est donc vers le Paillon que se tourne à nouveau le maire de Nice, déjà à l'initiative de la coulée verte. Car le "Paioun", en occitan, est depuis plus d'un siècle le terrain de jeu favori des élus qui veulent laisser leur empreinte sur la ville.

Bien avant qu'il ne devienne l'un des enjeux des municipales de Nice, le Paillon formait une frontière naturelle entre la vieille ville et les quartiers construits en dehors des remparts de la cité médiévale.

A l'époque, le cours d'eau est investi par les blanchisseuses, qui lavent et étendent le linge dans lit du Paillon. Le fleuve est alors l'un des poumons du Nice populaire.

"C'était un lieu de vie où les lanvandières échangaient toute la journée", rappelle le chercheur Alex Benvenuto, écrivain passionné par l'histoire de Nice.

Un fleuve aussi craint que moqué

Le Paillon, le seul fleuve de France où l'on n'aurait jamais vu un poisson, fait bien souvent l'objet de moqueries de la part des intellectuels du XIXe. "Hélas ! Ne croyez pas que parce qu’on est fleuve, on est obligé d’avoir de l’eau", ironisait le journaliste et romancier Alphonse Karr.

Mais par temps d'orage, cette vallée caillouteuse peut soudain se transformer en un torrent, dont les premiers flots ont l'aspect d'un véritable mur.

"On a du mal à croire que ce petite fleuve ait pu faire autant de noyés chaque année", remarque Alex Benvenuto.

Un cavalier est alors chargé de patrouiller en amont du fleuve pour prévenir les lavandières des premiers signes d'une crue. A la moindre alerte, la sentinelle filait au galop le long de la rive en hurlant : "Lou Paiou ven !" ("le Paillon vient !").

Mais au XIXe siècle, l'homme ambitionne de grignoter petit à petit un espace sur ce fleuve capricieux et de le couvrir de jardins.

Le XIXe siècle : le début des grands travaux

Dès 1867, les autorités lorgnent sur cette étendue vierge et entreprennent les premiers travaux de couverture, une prouesse technique pour l'époque.

La construction de la première parcelle, devenue aujourd'hui le square Leclerc, doit se faire aux rythme des crues aussi soudaines qu'incontrolables. Malgré les difficultés, les travaux se prolongent en 1884 avec l'inauguration du Casino Municipal.
Mais c'est à partir 1960 que le Paillon connaîtra ses plus grandes transformations. La création des jardins suspendus en 1973 marque l'entrée dans l'ère des grands travaux de Jacques Médecin. Le maire fait de cette artère une promenade des arts où le MAMAC jouxte le théâtre.
Lors de l'inauguration de la rue Jacques Médecin, Christian Estrosi saluait ce "maire bâtisseur", qui "a beaucoup fait pour la ville de Nice". C'est pourtant sur les ruines de deux des plus grandes réalisations de son illustre prédécesseur que l'élu compte laisser sa marque.

► Retrouvez la promenade comme elle est aujourd'hui :
S'il remporte les prochaines élections municipales, des espaces verts remplaceront le théâtre national de Nice et le palais des congrès.
 
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