La projection-débat de "Wake-up" devait avoir lieu ce jeudi soir à 20h. Mais c'était sans compter la mise en garde d'Alexander Samuel, un lanceur d'alerte azuréen désormais bien connu sur les réseaux sociaux.
Un documentaire ? Alexander Samuel préfère le qualifier de "documenteur", un concentré, selon lui, de propos antivax, ésotériques et propices aux dérives sectaires. "Wake-up" devait être programmé ce jeudi soir à 20h au cinéma Jean-Paul Bermondo (l'ancien Mercury), à Nice (Alpes-Maritimes). Une projection suivie d'un débat.
Mardi 13 juin, il poste une première alerte sur Twitter, puis y revient longuement dans les heures qui suivent.
Comme à chaque fois qu'il détecte ce qui lui semble relever de la désinformation, Alexander Samuel va prendre le temps de décortiquer le documentaire. Dans un long thread (suite de tweets explicatifs), il recense tous les éléments qui lui semblent problématiques : mélange des genres entre discours en apparence scientifique et métaphores religieuses, censés nous éclairer sur la nocivité des vaccins contre le Covid, avec quelques digressions sur, en vrac, le paiement par puce, la "synchronicité des signes" ou encore la manipulation de notre génôme.
Une déprogrammation décidée en quelques heures
Immédiatement, il alerte le Département, propriétaire du cinéma, et lui demande d'annuler cette projection-débat. Une atteinte à la liberté d'expression ? Pour Alexander Samuel, il s'agit plutôt d'un sursaut citoyen :
Il ne faut pas confondre la censure et l'interdiction faite par l'État de donner une tribune au réalisateur d'un documentaire complotiste et antivax.
Alexander Samuel, docteur en biologie moléculaire et lanceur d'alerte
Pensant crier dans le désert, le scientifique est particulièrement surpris par la réactivité du Département. D'après ses informations, le président Charles-Ange Ginésy en aurait été informé au premier chef. Contactés, ses services n'ont pas encore communiqué à ce sujet.
Mercredi 14 juin, la veille de la projection-débat, tout est annulé.
Commission de lutte contre la désinformation médicale
Un mal pour un bien ? Aidé du Dr Jérôme Barrière, oncologue, président de la CME (commission médicale d'établissement) de la clinique Saint-Jean à Cagnes-sur-mer, également bien connu sur les réseaux sociaux, Alexander Samuel veut faire de ce faux-pas l'occasion d'avancer sur le sujet.
Les deux hommes ont désormais l'espoir d'obtenir la création d'une commission de lutte contre la désinformation médicale.
Nous avons besoin d'un organe consultatif composé de scientifiques, de citoyens, de médecins, qui puissent alerter les pouvoirs publics lorsqu'ils détectent un danger.
Dr Jérôme Barrière, oncologue et lanceur d'alerte
Le Dr Barrière rappelle que, derrière chacune de ces productions audiovisuelles, se cache souvent un intérêt financier. En cliquant sur le QR code présent sur l'affiche de "Wake-up", l'internaute est automatiquement redirigé vers une cagnotte, pour financer la prochaine création de Christophe Cossé, le réalisateur, d'un coût estimé à 60.000 euros.
Sur la page de cette cagnotte, Christophe Cossé (que nous avons contacté sur les réseaux sociaux, en attente d'une éventuelle réaction) se présente comme un "auteur et réalisateur de documentaires et d'émissions d'aventure et de découverte pour la télévision".
Il a en effet collaboré pour des émissions aussi prestigieuses que la Carte aux trésors sur France Télévisions, avant de collaborer au film polémique "Hold-up". Wake-up se veut être "une invitation à découvrir le merveilleux de la création (...) Il s'agit de prendre conscience que notre réalité est peut-être une illusion, et que nous sommes tous unis, interconnectés".
Parviendra-t-il à achever sa tournée des cinémas de la région ? Les prochaines projections sont prévues ce week-end à Fréjus (Var) et Menton.