La nouvelle mosquée En-Nour de Nice a porté plainte vendredi pour incitation à la haine raciale ou religieuse, et diffamation envers Christian Estrosi qui l'a accusée de répandre le salafisme et qui soupçonne ses donateurs de fraudes, a-t-on appris de l'avocat de la mosquée.
M. Estrosi, qui a cédé son fauteuil de maire mais reste aux commandes de sa ville, a effectué fin janvier un signalement au parquet pour réclamer une enquête sur les entreprises intervenues, pour certaines gratuitement, dans la construction de la mosquée, suspectant un "potentiel blanchiment de capitaux", "des infractions fiscales" et un "délit d'abus de biens sociaux"."Il va bien falloir maintenant qu'ils répondent de leurs mensonges et de la manière dont ils ont triché pour nous imposer la présence du salafisme qui sème la barbarie dans les consciences collectives de nos jeunes", avait déclaré M. Estrosi dans la foulée, lors d'une cérémonie de voeux.
"C'est une incitation à la haine", a expliqué à l'AFP Me Ouassini Mebarek, l'avocat de l'association gérant la mosquée, au coeur de la polémique depuis des mois car la mairie lui reproche d'avoir été financée par des fonds saoudiens.
"La plainte vise aussi la diffamation ou l'injure, ainsi qu'une troisième infraction, à savoir le fait de dénoncer de façon mensongère une infraction qui n'existe pas", a-t-il ajouté.
La mosquée, d'une capacité de 400 à 500 fidèles selon l'imam, a obtenu le droit d'ouvrir en juin 2016 par décision du Conseil d'État.
"Il va bien falloir maintenant qu'ils répondent de leurs mensonges et de la manière dont ils ont triché pour nous imposer la présence du salafisme qui sème la barbarie dans les consciences collectives de nos jeunes", avait déclaré M. Estrosi
Depuis son inauguration, elle a été prise pour cible à deux reprises. En plein ramadan et juste après une première décision du tribunal administratif favorable à son ouverture, une tête de sanglier a été déposée par deux Niçois de 30 et 38 ans. De nouveau, le 11 octobre, une tête de sanglier a été retrouvée devant la même mosquée.
Batie sur le terrain du ministre du Culte saoudien
Elle a été bâtie sur un terrain acquis par un Saoudien devenu entre-temps ministre du Culte en Arabie saoudite et avec lequel les autorités aimeraient que l'association coupe les liens. Le changement de propriété est cependant retardé par les délais assez longs d'obtention du statut d'association cultuelle loi 1905 par l'État.
Cette reconnaissance demande toute une série d'avis positifs mais aussi des états comptables, en principe sur trois ans. "Cela peut prendre du temps", confirme la préfecture. "Tout est prêt chez le notaire pour le leg", assure Me Mebarek. Le bien a même été évalué en vue de sa donation, à 1,4 million d'euros pour le terrain et l'édifice.