"On n'a pas besoin de caméras, nous, on a besoin de sécurité" : les habitants du quartier des Moulins à Nice interpellent les autorités

Le préfet des Alpes-Maritimes s'est rendu dans le quartier où se sont déroulés de véritables scènes de violence où il a longuement échangé avec la population excédée. Une dizaine de personnes ont été interpellées ce mercredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, les habitants des Moulins ont pu entendre des tirs et certains ont été témoins du passage à tabac d'un jeune homme. Ensuite, dans l’après-midi de mardi, une véritable expédition punitive semble avoir été menée par quarante individus cagoulés armés parfois de marteaux. En plein jour, au pied des immeubles.

Finalement, plusieurs personnes ont été blessées. Les habitants, excédés par ces épisodes de violence, ont interpellé Hughes Moutouh, le préfet des Alpes-Maritimes. Loin des caméras des journalistes.

Tout le monde est victime. Que ce soient les flics. Que ce soient les habitants.

Une habitante du quartier des Moulins

Aux journalistes, Hughes Moutouh explique les deux principales méthodes utilisées pour lutter contre les trafics de stupéfiants qui gangrènent les quartiers sensibles."Il y a d'une part une guerre d'usure avec des opérations de pilonnage des points de deal. C'est pourquoi, on a un nombre très important de démantèlements de points de deal."

Ce n'est pas le far west ici, c'est la loi de la République !

Hughes Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes

Le préfet poursuit : "Et on mène une guerre de manœuvre, de mouvements avec les opérations "Place nette" avec lesquelles on investi un espace. On le fera encore très prochainement à Nice. Le ministre de l'Intérieur l'a annoncé. L'important, c'est de mener ces opérations dans la durée.".

Les opérations "Place nette" sont un nouveau dispositif de lutte anti-drogue mis en place par Gérald Darmanin. Il comporte plusieurs axes d’action : des contrôles des parties communes et des caves, des contrôles d’identité sur réquisition du procureur de la République, la mobilisation de chiens spécialisés en recherche de stupéfiants et d'armes, des contrôles de commerces, la sécurisation des transports en commun, l'enlèvement systématique de véhicules dits « ventouses », etc. Le représentant de l'Etat met en avant les résultats obtenus.

On ne peut pas être ici 24h/24 et mettre un CRS derrière chaque habitant. Cela étant, 938 interpellations dans un "petit" quartier de 7 000 habitants depuis un an. C'est un chiffre très important.

Hughes Moutouh, préfet des Alpes-Maritimes

Ce "pilonnage" opéré par les forces de l'ordre, provoquerait, de facto, une "déstabilisation" des organisations criminelles dans le quartier. Mais selon les autorités, un autre problème se serait ajouter à ceux habituellement rencontrés : la présence en nombre de mineurs isolés non accompagnés. Ces jeunes migrants représentent une main d'œuvre facile et docile pour les trafiquants de drogues. La plupart d'entre eux ont survécu à des situations traumatisantes durant leur parcours, et ils pourraient amener leur "propre délinquance".

"Les trafics ne s'arrêtent pas avec des interpellations"

Ce mercredi matin, une dizaine d'interpellations ont été menées.Plusieurs individus sont en garde à vue. Laurent Martin de Frémont, du syndicat SGP 06, lui, reconnaît qu'il reste de nombreuses interrogations. "Il a été évoqué des personnes du quartier souhaitant chasser des mineurs isolés, au motif qu'ils seraient liés à des opérations de stupéfiants et à des agressions également sur le quartier". Des enquêtes sont en cours. Et c'est là que le syndicaliste policier pointe le manque criant d'effectifs.

Il y a des enquêtes qui sont menées en amont et en aval (...) je lance un véritable appel au secours ! Il faut que le ministre de l'Intérieur pense à envoyer des enquêteurs sur Nice.

Laurent Martin de Frémont, syndicat de police SGP 06

Affaire à suivre

À la suite des tirs et des violences intervenues lundi soir, une enquête a été ouverte pour tentative d’homicide volontaire, violences aggravées et association de malfaiteurs. Elle a été confiée à la DIPN 06. Pour l'heure, aucune interpellation n'a été effectuée.

Une autre enquête a été également ouverte suite à des faits intervenus mardi après-midi pour participation à un groupement préparant des violences ou des dégradations et violences aggravées. une garde à vue est en cours.

Les deux enquêtes ont été confiées à la DIPN (Direction interdépartementale de la Police nationale) des Alpes-Maritimes. 

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