Il y a 14 ans, Diana qui avait déjà quitté sa Géorgie natale pour émigrer à Moscou, quittait la Russie pour réaliser son rêve de s'installer en France. Depuis, elle en a réalisé un second : ouvrir son école de modèles pour enfants, adolescents et adultes. Aidé par une association d'insertion, la jeune maman prépare un show de présentation dans un 5 étoiles de Nice.
C'est un peu l'histoire d'un exil choisi qui s'ouvre sur un avenir prometteur.
Elle en rêvait depuis toute petite de la mode et de la France. La mode parce qu'elle a grandi en coupant les tissus avec lesquels sa grand-mère habillait toute la famille. La France parce qu'à travers tous les documentaires et films qu'elle regardait à la télévision, l'hexagone était toujours le pays de la haute couture, des parfums et du bien-vivre.
Diana Khatchidze a cinq enfants qu'elle entraine dans sa passion des créations. Ses deux filles, Milana et Tamila, sont ses premiers modèles. D'ailleurs, les deux jeunes filles posent déjà pour des magazines très connus des ressortissants des pays de l'Est.
La famille s'est installée dans le quartier des Moulins à Nice, classé zone de sécurité prioritaire, plus connu pour ses difficultés sociales que pour sa production de robes longues.
Le travail d'insertion de APIA
D’ailleurs, lorsque l’on arrive au 6e étage de l’immeuble que la famille occupe, le contraste est stupéfiant. On entre dans un petit Versailles. Les robes de soirées et de cocktails aux tissus précieux et flamboyants sont en exposition sur des mannequins de couture, accrochées à profusion, un peu partout, sur des cintres. Dans ce décor de palais, ou dorures et colonnades se répondent, les créations de Diana sont magnifiées. À la fois peintre, styliste, couturière, cet ancien mannequin à la fibre artistique.
Elle a tout d'abord suivi une formation linguistique avec l'association APIA (Association Parcours Insertion Autonomie), la même qui l'a aidé à monter son projet d'école de modèles.
Helene Denguir, coordinatrice APIA se souvient :" Diana est venue pour l'apprentissage de la langue française afin de trouver du travail. Elle était très timide. Quand on lui a demandé ses projets, elle nous a parlé de sa vie d'avant comme mannequin et de son désir de stylisme. Elle a tellement de compétences qu'on l'a aussi orienté vers une autre association, Positif Planète, dont le but est la création d'entreprises. Il lui manquait des encouragements, d'être soutenu. On l'a mobilisé au quotidien. Petit à petit, Diana a pris confiance en elle. Elle a créé un réseau amical et professionnel et a pu avancer dans son parcours. Nous en sommes très fiers."
Apia est une association mixte même si les femmes y sont très largement majoritaires. Une question de courage et de force sans doute... Une vingtaine de nationalités s'y côtoie et des projets, des initiatives d'aides et de soutiens y éclosent quotidiennement. D'ailleurs, en mai prochain, une nouvelle action de l’association devrait mettre à l'honneur tous les beaux parcours professionnels qu’elle compte parmi ses membres.
Kameta Salguiriyeva est, elle aussi, passée par APIA. C'est là que les deux femmes se sont rencontrées et sont devenues amies. Kameta est tchétchène et a exercé 100 métiers. Un la passionne tout particulièrement et elle y excelle : artiste floral.
Depuis son compte Instagram, tout sourire, elle poste les photos des bouquets monumentaux qu'elle compose.
"En Russie, explique-t-elle, ce n'est pas comme en France. On n’offre pas de petits bouquets. Ils sont toujours très gros, très fournis, imaginés en fonction de l'humeur, de la tenue, de l'évènement. Et en plus, on offre aussi des fleurs aux hommes. Il y a quelque temps j'ai eu une commande pour un énorme bouquet dans les tons rosés, réalisé dans un grand panier. C'étaient les enfants qui voulaient offrir un cadeau pour le départ à la retraite de leur grand-père. Il était très ému."
Kameta a rejoint l'école de modèles de son amie Diana. Elle y enseigne, pour les enfants à partir de 5 ans, l'exécution de fastueux bouquets de fleurs. Son savoir-faire est à l'opposé de l'ikebana japonais épuré, qui prône le minimalisme.
Kameta et Diana ont toutes les deux investis dans un book afin de présenter leurs créations. Les créations de l'une portent les créations de l'autre et vis-versa.
Dans son salon-atelier, Diana, imagine, coupe, et cout. Mais cela n'est point suffisant. Elle a mis tout son cœur à fonder Diademe Di, son école artistique de modèles et de savoir vivre. Elle y enseigne le maintien, la tenue, la posture, comment marcher, comment défiler.
Ce n'est pas seulement une école de mannequins. J'apprends aux enfants, aux adolescents, ce que vous appelez l'étiquette, et aussi la couture, parce qu'ils doivent savoir davantage que ce qu'on leur enseigne à l'école.
Diana Khatchdze.
Diana a trouvé une salle pour son école au Majestic, en bas du résidentiel boulevard de Cimiez, à Nice. Même si l'école a officiellement cinq mois d'existence, Diana a décidé d'organiser un grand show pour la faire connaitre, ce samedi après-midi, à l'hôtel Boscolo. Lors de ce défilé, ce sont ses créations qui seront portées. Ce sera elle qui guidera ses élèves. Cela fait plusieurs jours que les répétitions se succèdent afin que tout soit parfait. L'élégance est le maitre mot.
Les bouquets de Kameta, une douzaine, seront là pour sublimer les robes de Diana. De fil en aiguille, un nouvel avenir professionnel se dessine...
Samedi, ce sera, rendez-vous dans un autre monde, celui des princesses.