Procès de l'attentat de Nice : les premiers mots des accusés

La Cour d'assises spéciale donne la paroles aux accusés ce mardi soir au deuxième jour du procès de l'attentat de Nice le 14 juillet 2016. Huit personnes sont jugées, sept sont présentes au cœur du palais de justice de Paris.

Huit personnes dans l'entourage du terroriste sont jugées depuis ce lundi 5 septembre pas la cour d'assises spéciale : sept hommes et une femme. 

Ils sont tous mis en cause pour des faits différents et risquent des peines allant de 5 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité. Trois seulement sont assis dans le box des accusés car ils sont en détention provisoire depuis 2016. Quatre sont sous contrôle judiciaire et peuvent donc comparaître libres.

Un dernier n'est pas présent et sera donc jugé malgré son absence.

Nous retranscrivons ici leurs propos tenus ce mardi 5 septembre :

  • Le Niçois Ramzi Arefa, de nationalité franco-tunisienne, était âgé de 22 ans lors de l'attentat.

"J’avais 21 ans, je vivais à Nice chez ma mère. Je ne travaillais pas, je vivais du trafic de drogue. 
Je voudrais vous dire que j’espère que je vais pouvoir parler clairement pendant tout le long du procès parce que, pour moi, en tant que Niçois, qu’on puisse penser que je suis impliqué dans des faits aussi graves... Je vais faire le maximum et pour le reste, je vais répéter ce que je vais dire depuis le début : j’étais l’intermédiaire pour la vente d’un pistolet. Cette personne, je ne la connaissais pas, ce n'était pas mon ami, je ne la fréquentais pas, je n’ai jamais voulu m’associer avec lui sur aucun projet."

  • Chokri Chafroud, né en 1979 en Tunisie, risque aussi 20 ans de réclusion criminelle.

"Je travaillais à l’époque à Nice dans le domaine du carrelage et de la peinture. Je ne faisais que travailler à l’époque. J’étais célibataire. J'étais en France depuis 3 ou 4 mois. J’avais des papiers italiens de 10 ans et je vivais en Italie. Après, je suis venu à Nice où j’ai travaillé.
Aujourd’hui, j’ai peur, je suis stressé (réaction dans l’audience NDLR) Salman (surnom du terroriste NDLR)  était un copain. Je n’arrive pas à trouver les mots pour décrire ce qu’il a fait, je ne sais pas ce qu’il avait dans sa tête par contre, je ne l’ai pas aidé pas du tout. C’est tout."

  • Artan Henaj est Albanais et est surnommé Giovanni. Il est né en 1978.

"Comme je l’ai dit avant, je ne savais rien de tout ça et je suis vraiment désolé pour tout ce qui s’est passé. Ce que j’attends de ce procès ? C’est que la vérité soit mise en évidence pour chacun parce que je n’ai aucun lien avec le terrorisme. Je n’ai rien à cacher, j’aimerais m’exprimer et répondre. J’ai dit la vérité depuis le début et je dirai la vérité jusqu’au bout. 
A ce moment-là, j’étais pacsé avec Mme Zace (accusée aussi NDLR) je travaillais dans des petits boulots dans des société italiennes, mais toujours au noir. J’étais pacsé, mais je n’avais pas encore commencé les démarches, on attendait de déposer le dossier à la préfecture pour avoir des papiers."

  • Enkeledja Zace, Albanaise est accusée des mêmes faits que son compagnon et risque donc la même peine.

"Jamais, j’ai vendu des armes et je n’ai jamais été dans cette organisation de vente d’armes. Je travaillais en France, je faisais une vie de famille comme tout le monde malheureusement, ma vie a mal penché. Jamais je suis allée en prison. J’avais un commerce quand c’est arrivé ce truc... J’ai tout perdu. Dites-moi l’Etat français, qu’est-ce que j’ai fait ? 
Le président la coupe : Je crois qu’on a compris que vous contestez les faits."

  • Endri Elezi, quant à lui, est soupçonné d'avoir acquis, détenu puis transporté le pistolet semi-automatique et la Kalachnikov.

"J’aimerais exprimer mon regret (Il pleure, reprend son souffle.) je connaissais personne d’autre, j’avais pas de connaissance à part mon cousin (aussi mis en cause, mais mort en 2018) c’était vraiment un cas particulier j’ai du transporté quelque chose que j’aurais pas dû faire. Je sais pas quoi dire encore je suis dans une situation je sais pas si vous pouvez comprendre. 
J’étais célibataire au début et je suis venu pour améliorer un peu ma vie. (Compréhension difficile avec l’interprète NDLR). J’ai passé une nuit sans domicile concernant le travail, j’ai fait des petits boulots de peintre avec mon frère, je n'avais pas de papier français."

  • Maksim Celaj, né en 1992 en Albanie, encourt aussi 10 ans de prison.

"Je suis venu en France en avril 2016, c’est Artan qui m’a accueilli, j’ai travaillé dans le bâtiment avec Artan. Concernant les faits, comme j’ai dit dès le début, je suis vraiment désolé je regrette beaucoup pour les victimes et leur famille, je reconnais ma grande erreur d’avoir transporté l’arme. Je ne me rendais pas compte des intentions de cette personne qui a voulu acheter cette arme et quelles étaient les intentions pour utiliser cette arme. Concernant la participation à une "association de malfaiteurs terroriste" je ne reconnais pas. J’ai jamais participé.

Le président le coupe : ce n’est pas ce qui lui est reproché, seulement association de malfaiteur trafic d’armes.

Je reconnais avoir rendu un service. J’avais 24 ans à l’époque c’était la 1ere fois que j’avais des problèmes avec la justice et la police."

  • Mohamed Ghraieb - Un homme né en 1976 en Tunisie, encourt 20 ans de prison.

"J’ai compris qu’il m’a piégé, qu’il m’a mis dans cet engrenage, je n’ai jamais été violent, je travaille, j’avais une vie tranquille, j’étais marié, j’étais dans l’associatif... Ce qui s’est passé, je l’ai condamné je continue à le condamner, je présente mes sincères condoléances aux parties civiles, j’espère qu’ils trouveront la vérité. Moi, je n’ai rien à voir avec ce qui s’est passé.

Il m’a piégé, les messages. Ma femme m’a dit : il te déteste, il était jaloux de toi. La nuit du 14 juillet, j’étais avec les blessés dans l’hôtel, je l’ai fait de tout mon cœur. Je ne suis pas dans tout ça, ça fait trois ans que je suis dehors, je travaille, je suis en CDI.

J’ai pris beaucoup de choc, l’incarcération, mon père est décédé... Pour nous, la prison ces choses là, c’est la honte...

Je ne connais pas des gens radicalisés, on déteste la violence je n’ai jamais été violent de ma vie. Il m’a piégé, il m’a mis dans cette situation là, j’ai perdu beaucoup de choses dans ma vie, mon travail, ma santé. Depuis 6 ans, j’encaisse les chocs, les gens qui me connaissent de près savent je suis un homme très sympathique.

Le terrorisme, la violence, c’est pas moi jamais de la vie ! Je ne suis pas violent, c’est difficile pour moi de vivre cette situation le 15 juillet quand j’ai vu à la TV je suis allé à la police pour dire j’ai acheté cette voiture mais j’étais pas sur que c’était lui. Je n’ai rien à voir avec ça.

C’est difficile pour tout le monde. Les parties civiles, je les respecte beaucoup. Je respecte leur deuil. C’est injuste d’arracher la vie des gens comme ça, des gens innocents.

C’est une ordure qui a fait ça, c’est une ordure ! 

Je cherche des réponses moi aussi, je veux prouver mon innocence pour moi, pour mon père qui est décédé. Jamais de la vie, j’étais au courant de quelque chose, je ne peux pas lire dans les pensées des gens. 

C’est vrai qu’il y a eu un petit changement, mais sur le coup, on le voit pas. J’étais très spontané avec ma femme et après ça s’est retourné contre moi. Je veux m’en sortir de cet engrenage, je veux que les parties civiles fassent la part des choses, je n’a jamais participé, je ne suis pas un voyou.

J’ai jamais fait de garde à vue, j’ai jamais fait de prison, je viens d’une famille d’enseignants.

J’étais heureux... Cette ordure, ce voyou il a cassé ma vie... Je lui pardonnerai jamais. Depuis 6 ans, j’encaisse le choc. Par rapport à la religion, je suis que du côté spirituel. Dans ma famille, on est contre tout ça (il parle de la radicalisation NDLR).

Je suis en train de me reconstruire, ma mère aussi elle est choquée. On était une famille soudée, elle encaisse les chocs moi en prison, mon père décédé. Hier elle m’a appelé, elle a peur. Elle était avec moi, malheureusement elle a pas pu rentrer. Je me suis trouvé dans un engrenage je m’y attendais pas. Il a tout fait pour me mettre dans un engrenage, il a cassé ma vie."

Je ne suis jamais rentré chez lui. Il n'est jamais rentré chez moi. J'avais deux chiens. Il aimait pas les chiens. Des rencontres vite fait, il n’était pas éduqué. C’était pas le genre de personne qui va devenir mon ami... Des échanges de services, c’est tout. Ces choses-là, on ne les voit pas venir. Je n’a rien vu venir. 
J’aime les gens, je suis là pour répondre aux questions. Je veux prouver mon innocence, je veux que les parties civiles fassent la part des choses, c’est ma vie, mon avenir qui est en jeu. Lui, il a fait des choses que je ne savais pas, je ne savais rien. C'était un salopard, je n’ai rien vu venir.

La dernière semaine du procès, du 12 au 16 décembre, la parole sera donnée aux accusés, s'ils souhaitent la prendre.

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