Le 1er juin débute au tribunal correctionnel de Nice les procès des mareyeurs. Près de 50 prévenus sont jugés pour l'organisation d'un vaste système de corruption, escroquerie en bande organisée, abus de biens sociaux et blanchiment, mis au jour en 2012.
Pour le parquet, ce dossier fleuve, est révélateur "des pratiques complètement délinquantes de l'ensemble d'une filière professionnelle" et dont "on ne peut pas exclure qu'elles n'existent pas dans d'autres filières" sur la Riviera.
Au coeur de l'affaire, dont le procès doit durer jusqu'au 16 juin, figure une entreprise familiale niçoise, liquidée depuis, Les Mareyeurs du Sud-Est, et qui était installée depuis les années 1970 sur l'immense marché de gros de Nice, le 2ème de France, loin derrière Rungis.
Ses dirigeants, visés par une spectaculaire descente de gendarmerie fin 2012, sont accusés d'avoir établi un monopole sur la vente de poissons frais et de fruits de mer en soudoyant des acheteurs de rayons, des responsables de grandes surfaces (certaines comme Casino sont partie civile) et des restaurateurs de la Côte d'Azur.
De nombreuses ventes se faisaient, qui plus est, au noir. L'existence de fausses factures et de comptabilités parallèles, explique que le dossier soit passible de la prison (7 à 10 ans maximum). Parmi les prévenus de renom, le chef cannois Jean-Pierre Silva, 60 ans, ancien
deux étoiles Michelin et "meilleur aux fourneaux que devant un tribunal", selon son avocat Me Michel Valiergue.
A l'époque, il avait repris la plage de L'Ondine, près de l'hôtel Carlton, et dont la critique gastronomique se souvient comme d'un petit paradis, avec dans l'assiette, de magnifiques produits, grosses noix de saint-jacques poêlées, ou encore le filet de gros loup, "de pêche locale".
Pendant deux ans et demi, il a été livré par les Mareyeurs du Sud-Est et "obligé de rentrer dans la combine pour survivre. Il y avait un monopole très bien organisé", assure Me Valiergue. "Dans cette affaire, chacun doit prendre ses responsabilités à sa hauteur. Il y a des gros, des moyens, et des petits dont mon client fait partie".
Poursuivi pour escroquerie en bande organisée et plombé par un sérieux contrôle fiscal, M. Silva est redevable d'environ 50.000 euros de TVA qui seront remboursés, selon son avocat. Les deux générations qui dirigeaient les Mareyeurs du Sud-Est défileront à la barre, sauf son fondateur niçois Georges Leroy décédé. Son épouse Murielle est poursuivie, de même que son petit-fils Pascal Blanc, son ancien pdg d'origine bretonne Jean-Marc Le Pape et le fils de ce dernier Steven. Tous soupçonnés de "s'en être mis plein les poches", selon le parquet.