Daniel Davidoiu, officiellement colombophile professionnel mais surtout chef du groupe de onze Roumains convoqués depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Nice pour proxénétisme aggravé, a été condamné à 6 ans de prison.
10 prévenus au total ont été condamnés par le tribunal pour avoir exploité au moins 41 femmes sur le pavé de Nice pendant près de 3 ans (entre janvier 2010 et début décembre 2012), en prenant alors la place d'un réseau de proxénétisme bulgare démantelé.Seule une ancienne prostituée a été relaxée.
Des péripatéticiennes envoyaient en Roumanie par mandat ou par porteur de l'argent destiné officiellement à rembourser des prêts (assortis de taux d'intérêts pouvant atteindre 20%), consentis par Daniel Davidoiu et son bras droit Sandu Cocoroada.
Daniel Davidoiu, alias "Dan le cascadeur", âgé de 54 ans, arrêté il y a 18 mois en Roumanie, a justifié sa situation financière confortable par l'exploitation de l'un des plus grands élevages de pigeons de compétition en Europe de l'est.
Il a répété qu'il prêtait volontiers de l'argent sans demander aux emprunteurs la nature de leurs revenus. "Je n'ai jamais exercé le métier de proxénète", a assuré Davidoiu.
L'enquête française avait mis en exergue son activité d'usurier auprès d'au moins 3 prostituées, ainsi que la visite d'intermédiaires pressants chez la mère d'une prostituée.
La police roumaine le soupçonne de multiples activités illicites, dont du trafic humain, du proxénétisme, des violences volontaires et de l'extorsion.
Son avocat, qui a plaidé la relaxe, a toutefois souligné que les autorités roumaines n'avaient trouvé aucune preuve contre son client.
La vente de pigeons de compétition est une activité très payante en Europe et ne constitue aucunement une couverture, a plaidé en vain son conseil.
Le procureur de Nice, Eric Bedos, avait requis 6 à 8 ans de prison à l'encontre de M. Davidoiu, qui a également écopé de dix ans d'interdiction du territoire français.
Sandu Cocoroada, 46 ans, a été condamné à 5 ans d'emprisonnement et 10 ans d'interdiction de territoire. Il a été présenté par la police roumaine comme un proxénète aux Pays-Bas.
Les hommes avaient déjà été condamnés en Roumanie à de lourdes peines de prison pour homicide volontaire, un passé qui ne "nécessite pas de montrer ses muscles" pour intimider, avait noté le procureur.
Des peines graduées ont été prononcées à l'encontre de 8 autres proxénètes, dont une ancienne prostituée, s'échelonnant entre un an ferme et 4 ans, dont un an avec sursis.
La quasi-totalité des biens saisis durant l'enquête, y compris des immeubles, ont été confisqués par le tribunal présidé par Annie Bergougnous.
Le procureur avait requis dans ce sens, estimant que ces biens provenaient de "pratiques qui avilissent des jeunes femmes de 30 à 35 ans", traitées comme des "esclaves".
La plupart des proxénètes, parfois compagnons des prostituées, ne connaissaient pas la France.
"La prostitution à ce niveau de pratique, c'est du crime organisé", a estimé M. Bedos.
L'information judiciaire n'avait toutefois pas permis de démontrer que les faits avaient été commis par un groupe criminel constitué.
Ce réseau international de prostitution avait été démantelé par la police judiciaire
de Nice en décembre 2012, à Nice
et dans quatre villes roumaines, avec l'appui décisif de la police roumaine.