Ils ont choisi cette fois-ci, un nouveau mode d’action. Six semaines après le début de la grève, les avocats du barreau de Nice organisent une défense de masse cet après-midi au TGI de Nice. L’objectif : montrer l’importance de leur rôle dans la procédure de justice.
Cela fait maintenant six semaines que les tribunaux tournent au ralenti. En cause, la mobilisation des avocats contre la réforme des retraites qui conduit au renvoi de nombreux dossiers. Mais pour certains, il n’est plus possible de repousser. C’est le cas de ceux qui contiennent des détentions provisoires.
Jugement sans avocat
Le délai maximum de cette mesure étant en effet de six semaines environ. Après expiration de celui-ci, deux solutions se présentent aux magistrats : remettre en liberté le prévenu ou le juger sans avocat. C’est la seconde possibilité qui a été retenue par les magistrats, une situation qui indigne les avocats.
Pour nous il est insupportable qu’une personne soit jugée sans défense, confie Julien Prandi, avocat au barreau de Nice et vice-président de l’Union des Jeunes avocats de Nice.
C’est pour contrer cette injustice que des avocats du barreau de Nice ont décidé d’organiser une défense massive, cet après-midi. Le mouvement organisé par l’UJA Nice et l’ADAIPE a été porté par deux avocates : Marie Seguin et Cindy Marafico.
L’objectif : mobiliser des avocats afin d’organiser la défense de ces personnes qui doivent être jugées. Avec cette défense dite "de masse", ce n’est pas un mais plusieurs avocats qui vont plaider dans chaque dossier.
"Notre objectif c’est de montrer notre rôle indispensable. Nous allons soulever tous les vices de procédure, ajoute Julien Prandi. Cette réforme des retraites va impacter fortement les avocats. Il y aura moins d’avocats et cela met en péril la justice, c’est ce que nous souhaitons démontrer cet après-midi".
Tribunaux surchargés
Une mobilisation souhaitée par les avocat afin également de "surcharger les audiences et les faire durer plus longtemps". A Paris les avocats avaient organisé une action similaire le 14 février dernier, à cette occasion, les audiences s’étaient achevées dans la nuit.
Nous sommes en très bon terme avec les magistrats, ils comprennent notre action et ne sont pas hostiles au mouvement, précise Maître Prandi.
En effet, cette semaine, Nicole Belloubet a déploré le mouvement de grève des avocats, relevant qu’il "porte atteinte au fonctionnement de l’institution judiciaire". Mais face à cette prise de parole, le Syndicat de la magistrature a réagi dans un courrier adressé directement à la garde des Sceaux :
"S’en prendre ainsi aux avocats alors que l’état de délabrement des juridictions n’est pas nouveau et connu de tous, et que la part de responsabilité de ce gouvernement dans cet état des lieux est énorme, nous est particulièrement insupportable".
Notre courrier à la garde des Sceaux en réponse à sa consternante missive d’hier aux magistrats et fonctionnaires de greffe : ou comment tenter de faire porter le chapeau de l’état des juridictions aux avocats tout en détruisant de l’autre main le service public de la justice pic.twitter.com/MvfefcgrCc
— SMagistrature (@SMagistrature) February 18, 2020
Au total sept dossiers doivent être présentés cet après-midi à Nice, douze avocats seront présents aux audiences.