Après quatre mois de silence, le président du Conseil départemental a pris la parole lors d'une séance plénière ce vendredi 4 octobre. Charles Ange Ginésy souhaite que les débats politiques nationaux ne viennent pas perturber l'instance locale et conserve son soutien à Éric Ciotti.
"-Monsieur Ciotti, faîtes-vous toujours partie de la majorité départementale ?
-Plus que jamais !"
Cet échange, entre les journalistes présents ce vendredi 4 octobre à l'entrée du conseil départemental et le président du nouveau groupe Union des droites pour la République, était un avant-goût de ce qui allait se passer lors de la première séance plénière de la collectivité territoriale des Alpes-Maritimes depuis les dernières élections législatives.
Quelques instants après, Joseph Ségura, président du groupe estrosiste au sein de l'instance et maire de Saint-Laurent-du-Var, embraye : "ils font rentrer le Rassemblement national au département !"
Quatre mois de silence
Il faut dire que l'annonce d'Éric Ciotti en juin dernier, quand il était encore président du mouvement Les Républicains, d'un ralliement avec le Rassemblement national, a engendré un tremblement de terre politique. Au sein des Républicains d'abord, dont le député de la 1re circonscription a finalement démissionné de la présidence il y a à peine deux semaines.
Au sein du conseil départemental des Alpes-Maritimes ensuite, où Éric Ciotti est vice-président de la collectivité, président du groupe majoritaire et président de la commission des finances. Depuis quatre mois, Charles Ange Ginésy, le président du Département et également proche d'Éric Ciotti, était pressé de se positionner. Pressé par les élus locaux. Pressé aussi par les journalistes. En vain.
Seul Sébastien Olharan, un autre proche de l'ancien LR, avait déclaré mi-juillet à France 3 Côte d'Azur : "je reste en retrait de tout ça. Si j'avais été au RN, je l'aurai été depuis longtemps. [Lors des législatives], je n'étais pas amené à suivre cette alliance LR/RN, mais je sais aussi ce que le territoire doit à Éric Ciotti, donc je ne veux pas l'accabler".
"Patriotisme départemental"
Dès l'ouverture de la séance ce vendredi 4 octobre, Charles Ange Ginésy n'a pas hésité à faire applaudir les quatre membres de l'assemblée élus ou réélus députés aux dernières législatives, dont Éric Ciotti. De bruyants spectateurs venus en nombre dans la galerie ont applaudi avec enthousiasme. Les élus estrosistes se sont abstenus tandis que David Lisnard, maire de Cannes et poids-lourd de la majorité au conseil départemental, était absent.
Après quatre mois de silence, Charles Ange Ginésy a donc pris la parole devant l'assemblée pléniaire : "le Président de la République a fait naître un chaos en France par une pratique du pouvoir qui a fauté contre l'esprit des institutions et qui les a ainsi affaiblies. Dont acte ! Je veux l'inverse pour le Département".
Lui milite pour un "patriotisme départemental", bien plus important que tout le reste.
Le Département des Alpes-Maritimes ne sera pas le dommage collatéral de conflits politiques importés pour le déstabiliser, d'où qu'ils viennent. Notre responsabilité est de ne pas nous laisser polluer par la politique politicienne.
Charles Ange Ginésy, président du Département des Alpes-Maritimesen séance plénière
"On s’est étonné de mon silence, on m’a même reproché ce silence", a poursuivi Charles Ange Ginésy. "J’ai choisi un silence de grande responsabilité, qui n’avait rien à voir avec la crainte […]. Non, je n’ai pas disparu dans un tiroir ou sous un bureau !"
La solidarité au cœur de notre action départementale
— Charles Ange Ginésy (@ca_ginesy) October 4, 2024
Ce matin en Assemblée plénière, j’ai tenu à rappeler l'engagement fort et déterminé du Département au service des #Maralpins.
Notre collectivité ne perd jamais de vue l'essentiel : la solidarité territoriale, l'action de… pic.twitter.com/Vh1s6WxING
Au sein de l'instance départementale, le choix de l'ancien président LR aura une conséquence : celle de la tête du groupe de la "Majorité départementale".
Je lui [Éric Ciotti, NDLR] ai demandé d'en laisser la présidence ! Il en a convenu et j'en suis devenu le Président.
Charles Ange Ginésy, président du Département des Alpes-Maritimesen séance plénière
Ce groupe "réunit des conseillers départementaux dans une grande diversité de sensibilités politiques. Nous en avons fixé les limites ensemble et je veillerai à ce qu'elles soient respectées et que chacun puisse s'y exprimer librement dans le respect de tous".
Un discours applaudi par les élus de la majorité.
Auprès de nos confrères de Nice Matin, Charles Ange Ginésy a précisé : "Éric, je le connais depuis plus de 40 ans et je travaille avec lui depuis 20 ans. [...] Il n’y a jamais eu de difficulté entre nous [...]. [Il conserve la présidence de la commission des finannces] car il n’en est pas démissionnaire".
En assemblée plénière du conseil départemental.
— Eric Ciotti (@eciotti) October 4, 2024
Aux côtés de @ca_ginesy et de la majorité départementale, je continuerai à défendre les intérêts des Maralpins au sein d'une collectivité dont la bonne gestion est partout reconnue !
Nous maintiendrons un budget sérieux en… pic.twitter.com/9OqqE1KyBY
Ainsi, les puissantes rivalités locales et la perspective qu'une nouvelle majorité puisse se redessiner au profit du camp estrosiste auront été plus fortes : opposés au niveau national, LR et ciottistes restent donc alliés au niveau local sous la bannière "Majorité départementale".
"M. Ginésy, je ne vous reconnais pas !"
Joseph Ségura, proche de Christian Estrosi, a ensuite pris la parole. "Monsieur le Président, je ne vous reconnais pas !" Réponse cinglante de Charles Ange Ginésy : "mettez des lunettes !"
Les masques tombent toujours. Il y a quelques temps, je quittais LR pour éviter le glissement imposé vers la droite extrême. [Désormais], il faudra réussir à faire exister dans votre majorité trois députés qui, au Palais Bourbon, dénonceront les LR.
Joseph Ségura, conseiller départemental "estrosiste"en séance plénière
"Je vous souhaite bien du courage car il en faudra !", a lancé Joseph Ségura à Charles Ange Ginésy.
Le premier ("estrosiste") avait demandé au second ("ciottiste") d'évincer Éric Ciotti et les deux élus départementaux élus députés sous les couleurs LR/RN, Bernard Chaix et Christelle D'Intorni. "Il est impératif [...] de construire une nouvelle majorité départementale excluant l'extrême droite", avait insisté, ce mercredi, Joseph Segua.
Ce matin, aux côtés de mes collègues du groupe #RassemblementRépublicain au Conseil Départemental, nous réaffirmons notre engagement à garantir une politique sociale de proximité, bien loin des discours déconnectés de certains.
— Anne Ramos Mazzucco (@AnneRamos06) October 4, 2024
Contrairement à @eciotti et @ca_ginesy, qui dans… pic.twitter.com/5x8HCr2wRG
"Ce que regardent les Françaises et les Français ce matin, c’est la disparition de Michel Blanc", a répondu ensuite Éric Ciotti. "Nous avons entendu à l’instant un très mauvais acteur lire un texte écrit par d’autres."
Voilà. L'ambiance promet pour les mois à venir...