Redonner vie aux livres : la passion de Lydie Ourdan, maître relieuse à Nice

Il y a deux ans, Lydie Ourdan, maître relieuse à Nice, a reçu le premier prix mondial du livre objet. Quelques années auparavant, elle avait été consacrée meilleure ouvrière de France, mais sa plus grande fierté, ce sont bien les livres auxquels elle redonne, avec passion, une seconde vie.

Ici, il ne faut pas être pressé. Le temps n’existe plus. Seuls le savoir-faire et la qualité comptent.

Ici, c'est au 12 rue Benoît Bunico. Dans le Vieux Nice. Au travers de la vitrine, il y a de fortes chances que vous aperceviez Lydie. Une petite dame de 72 ans concentrée sur son établi. Elle est maître relieuse. Elle s'affaire, au milieu de vieux ouvrages défraîchis par le temps, à leur redonner une seconde vie.

Le plus dur c'est de préparer le livre à sa nouvelle vie

Lydie Ourdan, maître relieuse

"Le plus dur, c'est de préparer le livre à sa nouvelle vie. Il faut enlever la vieille colle, réparer le vieux papier, démonter la couverture et le dos de l'ouvrage, recoudre ses cahiers. Moi, ce que j'aime, c'est que le livre soit bien propre, bien préparé. Alors là seulement, je peux démarrer sa restauration" explique-t-elle.

Une passion de plus de 60 ans

Et elle sait de quoi elle parle, cette maître relieuse. Ce métier, elle l'a choisi alors qu'elle n'avait pas encore 14 ans. À l’époque, c'était un autre temps, elle travaillait dans une imprimerie d'édition d'art à Nice.

Mon travail, ça me ressource. Ça me permet d'oublier tous les tracas de la vie

Lydie Ourdan, maître relieuse

Elle a occupé tous les postes. Et c'est seulement quand elle a abordé la reliure qu'elle a sue. La reliure serait sa vie. "Mon travail, ça me ressource. Ça me permet d'oublier tous les tracas de la vie. Petits ou grands. Moi je vis tout ce que je fais".

En deux mots vous avez compris, cette artisan est une passionnée. " Quand je restaure un livre, j'y mets tout mon cœur, toute mon âme, Il va être beau mon livre, parce que je l'aime. C'est comme si c'était mon bébé".

Quand je restaure un livre, j'y mets tout mon cœur, toute mon âme

Lydie Ourdan, maître relieuse

Autour d'elle, tout un bric-à-brac d'outils. Des fers de toutes les épaisseurs pour faire une empreinte sur un dos en maroquin, des pinceaux pour appliquer une dorure, un montage de bois qui lui permet de recoudre des cahiers désassemblés...

" J'ai tout un tas d'outils. De la pince à épiler à la grosse râpe, en passant par mes bobines de fils de chanvre et de lin, et mes papiers " détaille Lydie Ourdan.

Ma plus belle satisfaction, c'est quand le propriétaire du livre vient le chercher et qu'il fait : Wahou !".

Lydie Ourdan, maître relieuse

Curieusement, vous ne la voyez que très rarement avec une règle ou un mètre à la main. Et si vous avez l'outrecuidance de lui demander pourquoi elle ne prend pas de mesure, elle plonge son regard bleu dans le vôtre et vous assène : "Mais non, tout à l'œil voyons ! Depuis le temps !" Fin de la conversation.

De la peau de chagrin à la peau de buffle

Pour Lydie Ourdan, rien n’est trop beau. Et c’est avec le même émerveillement qu’elle parle des peaux qu’elle a elle-même choisies, et fait tanner par son fournisseur chouchou, pour réaliser les reliures des ouvrages qui lui ont été confiés.

"Il faut savoir une chose. Plus vous choisissez de la qualité et plus vous avez de belles réussites et ce quel que soit le type de peau" sourit-elle.

Une peau d'alligator par-ci, une peau de chagrin et un maroquin par là, un velours de porc un peu plus loin et une peau de buffle à ses côtés : " Moi, j'aime vraiment bien travailler avec la peau de buffle. C'est souple, agréable et doux."

Moi j'aime vraiment bien travailler avec la peau de buffle.

Lydie Ourdan, maître relieuse

Et d'ajouter : "En plus c'est une peau assez bon marché. Car vous savez, une peau de maroquin ou une peau de chagrin, c'est juste magnifique, mais c'est tout petit et ça vaut beaucoup d'argent. La reliure, c'est une sorte de produit de luxe. Moi, je veux pouvoir proposer, aussi, des prix abordables aux clients en adaptant les matériaux."

Et les prix ?

Pour un livre restauré par un relieur, les prix peuvent vite grimper. De 50 euros pour un petit format sans trop de travail à plusieurs milliers d'euros pour des pièces très abîmées.

Moi, j'aime mon métier et je veux que ce soit accessible à tous les amoureux des livres.

Lydie Ourdan, maître relieuse

Il faut bien le dire. Si cette artisane devait facturer le temps qu'elle passe réellement sur les réfections, nous serions peu nombreux à pouvoir s'offrir ses services : "Moi, j'aime mon métier et je veux que ce soit accessible à tous les amoureux des livres. Alors j'essaie de faire au mieux. Ma plus belle satisfaction, c'est quand le propriétaire du livre vient le chercher et qu'il fait : Wahou !".

Et d'ajouter : "Pour moi c'est le plus beau métier du monde. Mais je le déconseille à ceux qui ne sont pas passionnés et qui ne sont attirés que par l'aspect financier de leur travail. Faites autre chose !".

Voilà, c'est chose dite ! 

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