Frédéric Roy, boulanger niçois, a lancé en juillet dernier une carte de France des boulangeries artisanales pour mieux informer les consommateurs. Depuis, 400 boulangeries pâtisseries ont adhéré à la charte de son association, et auront bientôt un logo reconnaissable affiché à leur porte.
Les amateurs de viennoiseries le savent, il y a croissants et croissants. Ceux qui sont fabriqués par des artisans boulangers, qui façonnent eux-même leur pâte traditionnellement, avec une traçabilité des produits, et ceux qui, fabriqués de façon industrielle, sont cuits à la dernière minute. Mais les deux sont vendus, dans les boulangeries, sous l'étiquette de "croissant".
Las de ce manque de transparence, un boulanger niçois, Frédéric Roy, a décidé de mieux informer les consommateurs. En juillet dernier, il a créé le site maboulangerieartisanale.fr, sur lequel sont répertoriées les boulangeries pâtisseries qui se sont volontairement engagées à ne fabriquer sur place que des pains, viennoiseries et pâtisseries issues de matières premières rigoureusement sélectionnées.
Aujourd'hui, 400 boulangeries sont adhérentes de cette "charte de St Honoré". Résultat, en entrant votre adresse sur cette carte, les dix boulangeries artisanales les plus proches apparaissent.
► Reportage à Nice auprès de ce passionné
Dès le début 2018, constatant une hécatombe des boulangeries pâtisseries artisanales en France, le boulanger Michel Cornille créé l'association des boulangers pâtissiers de la charte de St Honoré, dont Frédéric Roy est un membre fondateur.
Aujourd'hui, ce dernier reçoit encore beaucoup de demandes d'adhésion de la part de boulangers. Et également beaucoup de questions des consommateurs.
Les gens viennent dans ma boulangerie de Nice parfois pas forcément pour acheter du pain, mais pour me soutenir. Je sens que les gens posent de plus en plus la question de l'origine des produits.
Une véritable "prise de conscience" pour ce professionnel, qui y voit là une victoire de son combat pour faire reconnaître la tradition au détriment de l'industriel. Depuis 1970 en France, le nombre total de boulangeries pâtisseries est en effet passé de 55 000 à 29 000.
Le mouvement pour le vrai artisanat est en route et sa reconnaissance à travers un annuaire .L,association la charte st Honoré !Quand 400 artisans boulangers-pâtissiers révoltés passent à l’offensive digitale avec un annuaire en ligne... https://t.co/ygIPWvsWrn via @LesMitrons
— Cornille Michel (@cornille_michel) 29 juin 2018
Une vraie croisade pour ce passionné. Il y a un an, Frédéric Roy avait lancé un appel pour la création d'un vrai label croissant de tradition française avec une pétition en ligne. Presque 171 000 personnes avaient entendu son appel.
Après être passée sur le bureau du premier ministre, Édouard Philippe, puis sur celui du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, la pétition avait ouvert à Frédéric les portes de Bercy, mais sans résultat malgré le soutient apparent du ministre.
Soutenu par Éric Ciotti, le maire de Nice, qui avait alors interpellé, à l'Assemblée Nationale, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation de l'époque, Stéphane Travert, la proposition était malgré tout restée lettre morte.
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Les artisans sont la fierté de la France !
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) 13 décembre 2017
Un croissant fait avec amour par un boulanger au petit matin aura toujours plus de goût qu'un croissant industriel surgelé. #QAG #directAN pic.twitter.com/VoxuyDeW5X
Depuis, Frédéric Roy a changé de stratégie. S'il ne "lâche rien", selon ses mots, concernant sa volonté d'un label de "croissant tradition", il compte interpeller les élus prochainement pour proposer un projet d'obligation d'affichage d'une mention "industriel" sur les pains, viennoiseries et pâtisseries qui le sont, au sein des boulangeries.
Si le combat n'est pas terminé, il avance. Le boulanger niçois a fait commander des autocollants avec le logo de son association pour tout son réseau, afin qu'avant Noël, ces boulangeries pâtisseries puissent afficher fièrement leur appartenance au modèle traditionnel.Nous, ce qu'on veut, c'est que le client sache ce qu'il achète.