La quasi-totalité des Alpes-Maritimes est placée en alerte sécheresse. Le reste de la région PACA n'est pas épargné. Il manque entre 40 % et 60 % d'eau dans les sols, une situation inquiétante pour la biodiversité… Mais pas uniquement. Explications.
Les feux sont au rouge. De Menton à Marseille, on attend la pluie. La sécheresse frappe les départements de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Un déficit en eau inédit depuis près de 70 ans. De nombreuses restrictions ont été prises par les préfectures pour économiser les ressources, les scientifiques restent en alerte. Contactée, l'Office Français de la Biodiversité (OFB) fait le point avec nous sur les risques potentiels.
Les animaux observés sur le littoral comme les sangliers sont-ils une des conséquences de cette sécheresse ?
Ces dernières semaines, ils ont été observés bien loin des zones sauvages. Notamment juste avant le week-end de l’Ascension, sur la convoitée plage de Pampelonne dans la presqu'île du Golfe de Saint-Tropez.
Eric Hansen, directeur de l'OFB PACA et Corse : "Il n'y a pas encore d'études précises pour le moment pour lier ces deux phénomènes, néanmoins ce n'est pas improbable. En effet, c'est déjà arrivé que les sangliers percent des tubes d'irrigation agricoles pour trouver de l'eau lorsqu'elle vient à manquer dans leur lieu de vie. De plus, le sanglier est un animal omnivore s'il ne trouve pas à manger sur son territoire, il sera attiré par les poubelles dans les villes. Ils trouvent une certaine quiétude, ils ont compris qu'ils n'étaient pas chassés sur ces territoires. Mais leur présence est multifactorielle, il y aussi une prolifération de l'espèce, car ces animaux sont devenus hybrides avec des porcs domestiques. Conséquence : leur période de reproduction a été déréglée, ils ne se reproduisent plus uniquement à certains moments de l'année.
Quels risques sont anticipés ?
Pour le moment, c'est encore difficile de quantifier cet impact. Nous restons très vigilants, des relevés sur les cours d'eau sont effectués régulièrement. Leur niveau est très bas. S’il ne pleut pas, la période estivale va être très compliquée pour la végétation et la faune sauvage. Il n'y a que très peu de réserve en eau, car la fonte des neiges n'a pas été très conséquente cette année. Les espèces sont adaptées à vivre dans une zone plutôt sèche, mais pas désertique non plus. On risque de voir certains animaux ou certaines plantes disparaître. Les oiseaux risquent de migrer. Si ça continue comme ça jusqu’en octobre, c’est très problématique. Je ne veux pas jouer à l’apprenti sorcier, mais on surveille de près la situation. Il ne faut pas non plus négliger les risques d'incendie qui viennent se greffer à ce phénomène de sécheresse.
Des solutions ?
Il faudra peut-être durcir les réglementations prises par la préfecture. Mais cela entraînerait d'autres problèmes, car si les terres agricoles n'ont plus le droit d'être arrosées, cela risque d'avoir un impact sur les récoltes. Nous devrons aussi potentiellement installer des points d'eau pour les animaux.
Pour rappel :
Le préfet des Alpes-Maritimes a décidé ce 24 mai, de placer la quasi-intégralité du territoire en état d'alerte. Seule la zone de la Siagne aval, laquelle regroupe Pégomas, La Roquette-sur-Siagne, Mougins, Mouans-Sartoux, Auribeau-sur-Siagne, Le Cannet, Cannes, Vallauris, Mandelieu-la-Napoule et Théoule-sur-Mer, est maintenue au stade de vigilance.
Dans les communes du haut-pays, ou il y a une seule ressource en eau. Il peut y avoir des défaillances… et des problèmes d'alimentation au robinet.
On atteint des niveaux très bas, jamais atteint en cette saison et que l'on atteint en général en automne. Autre indice, celui de l'humidité des sols qui est à un niveau qui ne se produit qu'une année sur dix.
Pascal Jobert, directeur de la Direction départementale des territoires et de la mer (Alpes-Maritimes)
Dans le Var, les 73 communes du bassin-versant de l’Argens et de l’Agay sont en alerte sécheresse depuis le 20 mai 2022 .
Pour préserver la ressource, des restrictions d'usage s'appliquent aussi bien aux professionnels qu'aux particuliers installés en zone d'alerte.
L'arrosage, par exemple, est ainsi fortement limité, voire même interdit selon les cas une bonne partie de la journée, entre 9h et 19h. Le lavage des véhicules et engins est lui aussi prohibé, de même pour le nettoyage des terrasses, voiries ou façades.
Autres objets d'interdiction : le remplissage des piscines et spas privés, ainsi que des plans d'eau et bassins. Tout contrevenant encourt une contravention de 5e catégorie et une amende pouvant aller jusqu'à 1 500 euros.