Le Maroc a besoin de tout après le violent tremblement de terre qui, le 8 septembre dernier, a ravagé le pays. Le bilan encore provisoire, fait état de près de 3 000 morts et 5 530 blessés. Adrien Verrier, bâtonnier de Nice a coordonné l'aide des avocats depuis la France, puis sur place.
Il revient du Maroc. Maître Adrien Verrier, bâtonnier de Nice était en déplacement dans ce pays pour convenances personnelles quelques jours après un séisme de magnitude 6,8 dans le sud du pays. Nous sommes le 8 septembre à 23h11 heure locale. L'épicentre est situé dans la province d’Al Haouz, à 70 km au sud-ouest de Marrakech.
Un drame. Le nombre de décès approche à ce jour les 3000, le nombre blessés le double.
Un lien privilégié de barreau à barreau
"Au regard de mes fonctions et des relations qu'on entretient avec les barreaux étrangers, il était inconcevable de rester sur la convenance personnelle initialement envisagée. Il fallait prendre contact avec mes homologues au Maroc. On a donc pris contact depuis la France au lendemain du séisme" explique maître Adrien Verrier.
Une première mission avec le Secours Populaire
Première action concrète : un rapprochement avec le Secours Populaire. Une collecte de dons a été immédiatement organisée auprès des avocats du barreau de Nice. C'est le 7e de France, avec plus de 1 100 avocats. L'argent a permis de financer en partie une mission au Maroc partie très rapidement sur place, l'association ayant de nombreux contacts dans ce pays.
Les avocats de France solidaires
Alors que des villages sont détruits et les dégâts considérables, Adrien Verrier, une fois là-bas, a avec ses homologues marocains, essayé d'établir quelle était l'absolue nécessité.
L'idée ? Montrer la solidarité des avocats des barreaux du sud est de la France et de la Corse, mais aussi des 20 plus gros barreaux de France.
J'ai pris rendez-vous avec mon homologue sur place. Les secteurs de Marrakech et Ouarzazate sont regroupés un seul et unique barreau, avec 1300 avocats.
Maître Adrien Verrier, bâtonnier
"L'idée, c'était de voir quels étaient leurs besoins immédiats, c'est extrêmement compliqué, les besoins changent tous les jours et ils changent en fonction des régions" poursuit l'avocat. Un exemple : il est inutile d'envoyer des sacs de riz dans des villages reculés si la population n'a ni casserole ni gaz, et cela ce n'est pas concevable si on n'est pas sur place.
Des convois, parfois à dos d'âne
L'Union des Jeunes Avocats de Marrakech s'est mobilisée pour préparer des camions avec à bord des objets de première nécessité, des denrées puis les acheminer dans les endroits sinistrés, dans le Haut Atlas, parfois à dos d'âne.
Le but est de les aider financièrement pour qu'ils puissent acheter ce qui est nécessaire sur place.
Les habitants ont besoin de tout, des tentes, des couvertures, des matelas, mais les magasins des grandes villes sont en rupture de stock et les professionnels de la justice entrent en contact avec les entreprises pour accélérer la fabrication,
Maître Adrien Verrier
Car il s'agit de fournir dans les villages reculés des tentes dans lesquelles les familles pourront vivre le temps de la reconstruction. Autant faire travailler les entreprises marocaines, chaque tente coûtera 150 euros et elle sera adaptée aux besoins.
Des services publics qui fonctionnent
"Je suis allé à la Cour d'appel de Marrakech, j'ai vu que toutes les audiences se passaient normalement. Il y a des fissures évidemment sur les murs, mais au niveau de Marrakech, c'est relativement préservé. En revanche, à 130 km de là, il y a un tribunal qui a été quasiment totalement détruit", raconte le bâtonnier.
Et d'ajouter : "on a aussi trois cabinets d'avocats complètement détruits heureusement, il n'y a pas eu de victime. J'ai constaté que le service public de la justice là-bas fonctionnait pleinement, il n'y a pas d'interruption. En réalité, même si on voit des personnes qui dorment dehors, toutes les activités au Maroc se sont remises en route dès le lendemain, il y a une véritable résilience des habitants."
La vie continue
Et le bâtonnier de conclure " Il faut que la vie continue, que le tourisme se poursuive, c'est le meilleur service qu'on puisse rendre".
Le Maroc a officiellement refusé l'aide humanitaire de la France, mais la solidarité s'est immédiatement mise en place.
L’Occitanie, la Collectivité de Corse et la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA) se sont engagées à fournir un million d’euros d’aide humanitaire en faveur des sinistrés et les initiatives se multiplient pour aider ceux qui n'ont plus rien après ce drame.