Services de réanimation en grève ce 11 mai, "la responsabilité ne paie pas en réa ! " témoigne un infirmier à Nice

Les services de réanimation sont appelés à la grève ce mardi 11 mai. Principale revendication, le manque de reconnaissance. Arnaud de François, infirmier en réanimation depuis 5 ans, nous explique son quotidien à l'hôpital L'Archet de Nice.

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Arnaud de François, grossira les rangs des grévistes ce mardi 11 mai, infirmier depuis 5 ans, dont quatre passés dans les services de réanimation. A 44 ans, ce Niçois était informaticien dans une autre vie, pour lui cette reconversion était en vraie vocation.

J'ai mis du temps à trouver vraiment ma voie, tous les jours je m'épanouis, j'aime ce métier, c'est tellement enrichissant, mais si mal reconnu

explique Arnaud de François

La CGT appelle à la grève de 13h à 15h30 ce 11 mai avec un objectif : "du personnel formé pour prendre soin du patient". Un collectif est né de cette contestation, baptisé "Union des réanimations de France pour une reconnaissance". Il regroupe des soignants de réanimation de la France entière. Il compte près de 3 700 membres sur facebook. 

A Nice, près de 150 personnes se sont réunis ce mardi 11 mai pour faire valoir leurs revendications. Des soignants des CHU de Nice, du CH Fréjus, du CH Draguignan ainsi que celui de Grasse étaient présents.

Manque de considération

On n'avait jamais autant parlé de lui : le service de réanimation. Pourtant, pour les personnes y travaillant, il existe une incohérence de taille :

"Avec la covid, on a mis en valeur ce service. On a pu voir que les soignants qui y travaillent ne peuvent pas s’improviser, mais la reconnaissance, la considération n'est toujours pas au rendez-vous" explique Arnaud de François, infirmier à l'Archet 1.

La "réa", un service qui a été surchargé, surmené pendant la crise demande des compétences spécifiques : "avec tout le respect que je dois à mes collègues, je pourrais aller en remplacer un dans un autre service, eux ne peuvent me remplacer au pied levé. Au-délà de la formation, il faut un moins un an d'expérience". 

Une formation spécifique

Si la crise a fait la lumière sur ce service, certaines problématiques sont sous-jacentes et touchent tout le service, comme le manque de personnel.

"La réa manque de médecin et d’internes donc les infirmiers agissent sur protocole. C’est nous qui réveillons, qui endormons, on gère les médicaments, les dialyses... En tant qu’infirmier, si je fais une erreur au mieux, je perds mon diplôme, au pire je vais en prison. La responsabilité ne paie pas en réa !"

Arnaud De François.

Le manque de personnel combiné au "turn-over" détériore les conditions de travail des soignants : "on est constamment en train de former nos collègues" détaille Arnaud. "A Nice, en deux jours on a ouvert trois lits, on n'a pas arrêté de former nos collègues. C'est tout un processus qui se fait par le biais de l’expérience". 

"Burn out et turn-over"

Selon l'infirmier, le service se vide tous les trois ans de 25% de ses effectifs. 

"Tous les métiers de la réa sont touchés. Aides-soignants, infirmiers, beaucoup craquent et font des burn-out. Moi aussi c’est mon cas, je suis fatigué. Si je m’accroche c'est grâce à mon équipe. On est très soudé".

Arnaud de François.

Arnaud a commencé à 1.500 euros par mois. Aujourd'hui il gagne entre 1.750 et 1.800. Pour lui, la crise et le Ségur de la Santé n'ont rien changé à la situation que vivent les soignants.

Une maigre augmentation pour les services rendus :"On fait des gardes de 24 heures d'affilée, on enchaîne les heures supplémentaires. On revient sur nos vacances et on bouche les trous parce qu'on ne veut pas mettre nos collègues dans la difficulté".

Des conditions qui ont poussé les soignants à s'organiser. 

"Ca fait des mois qu'on alerte, on a créé une association des soignants du sud de la France, on fait des rapports, des courriers, mais on n'a pas de réponse pourtant on nous en demande toujours plus".

Arnaud de François.

Voici les revendications portées par la CGT qui appelle à la grève ce mardi 11 mai : 

  • La reconnaissance de la technicité et des compétences liées à l’exercice en réanimation et soins continus.
     
  • La nécessité pour les personnels des unités de réanimation et soins continus de bénéficier de formations adaptées compte tenu de la technicité de plus en plus importante des prises en charge en réanimation.
     
  • Une NBI et IFR (prime) adaptées aux compétences spécifiques des personnels de réanimation et soins continus et la revalorisation salariale de 300 € nets minimum pour tous les personnels de la FPH.
     
  • La réévaluation du ratio soignants / lits dans les services de réa et soins continus de jour comme de nuit. Ce ratio devra être calculé sur le nombre de lits et non sur les taux d’occupation. Et la création d’un ratio patients pour les kinésithérapeutes.
     
  • L’augmentation pérenne du nombre de lits de réanimation sur l’ensemble du territoire national, l’augmentation des formations qualifiantes et l’embauche du personnel nécessaire pour armer ces unités.

A Nice, une autre grève cette fois portée par les infirmiers anesthésistes est prévue le 17 mai. 

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