L'élan de solidarité envers le peuple ukrainien a mis en évidence un traitement à deux vitesses des réfugiés sur le sol français. Le réseau d'éducation sans frontière a organisé une cérémonie, dimanche 20 mars, de parrainages républicains pour rappeler que de nombreuses familles exilées étaient toujours dans l'attente de papiers, parfois depuis une décennie.
RESF (Réseau Education Sans Frontières) est un réseau qui veut défendre les droits des enfants de familles sans papiers et accompagner leur scolarité. L'antenne maralpine organisait, dimanche 10 mars à Nice, une cérémonie de parrainages. Les 10 familles présentes attendent toutes d'être régularisées depuis une dizaine d'années.
"Ils n'osent pas être heureux!"
Parmi eux, une femme, Dinara d'origine tchétchène. Elle a fui la Russie il y a 10 ans avec ses deux fils, aujourd'hui scolarisés à Nice. Après avoir essuyé un premier refus d'une demande d'asile, la famille fait un recours qui reste jusqu'ici sans réponse. Depuis, tous les trois mois, cette mère de famille atteinte d'un cancer, reçoit une autorisation temporaire de séjour qui ne lui permet pas de travailler. Elle est toujours dans l'attente d'une décision de la préfecture .
Je veux savoir parce que c'est vraiment difficile de rester sans papier, sans ressource, seule avec des enfants et à l'étranger.
Dinara
Comme d'autres, Dinara travaille au noir pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour Martine Luciani, organisatrice de l'événement, il était important de se rassembler "dans ce contexte actuel de compassion, pour qu'on n’oublie pas ceux qui sont là depuis si longtemps, qui travaillent parmi nous, qui sont insérés parmi nous et qui souffrent au quotidien."
Un parrainage pour accompagner des familles dans le dénuement
La cérémonie avait pour but de sensibiliser la population et interpeller les pouvoirs publiques, mais aussi de recruter des gens qui voudront bien parrainer des familles pour les accompagner dans leurs démarches administratives et sociales. Laura Schouft, marraine d'une famille avec deux enfants, dénonce un système injuste. "Ses filles sont nées ici elles devraient être françaises comme tout le monde, comme tout leur camarade mais leur mère vit dans le stress permanent, dans la précarité à cause de son statut. Ça devrait changer, et j’ai envie de me battre contre ça, d’être là pour eux."
"Aujourd’hui, nous demandons un acte d’humanité et de fraternité de la part de la préfecture", conclut Stéphane Poulet, adjoint au maire à La Trinité et parrain d'une famille d'origine russe. Dés la semaine prochaine, le collectif se rendra à la préfecture pour renouveler et redonner de la visibilité à ces dossiers, depuis trop longtemps en attente.