Guerre en Ukraine. Le recteur de la cathédrale russe de Nice porte plainte suite à des menaces

L’archiprêtre de la cathédrale russe Saint Nicolas de Nice vient de porter plainte après avoir reçu, dit-il, des menaces de mort. A 2.000 km de Kiev, les répercussions du conflit retentissent jusqu’à Nice et les tensions locales se font sentir.

Olga est une des fidèles de la cathédrale russe de Nice. Samedi 12 mars au soir, affolée, elle tirait la sonnette d’alarme : « Le prêtre et celui qui l’aide à l’église ont reçu une lettre en français disant qu’ils seraient brûles et tués !» Et d’ajouter, pleine d’inquiétude, «demain, ils seront nombreux près de l’église à manifester et il va y avoir des émeutes.»  

La jeune femme russe, n’est pas la seule à craindre que la guerre déclenchée par le Kremlin s’exporte jusqu’à Nice où elle a choisi de vivre, en famille, il y a plus d’une décennie. Le recteur de la cathédrale russe et « ses amis » sont menacés de mort s’ils ne retournent pas, d’ici un mois, en Russie.

D’ailleurs, depuis que l’archiprêtre a donné, dans Nice-Matin, une interview appelant à la paix, il est devenu strictement injoignable en dehors de la célébration du culte.

Il faut dire que sa hiérarchie n’a pas grandement apprécié l’exercice, pourtant cohérent de la part d’un homme de Dieu.

A la cathédrale, il ne se montre point. Dans sa maison, deux grands et solides gaillards au visage fermé filtrent les allers et venues.  

La tension est telle que la manifestation pro ukrainienne qui devait se tenir dimanche devant la cathédrale a été annulé.

Motif ? « Raisons de sécurité » rapporte une bénévole du lieu de culte orthodoxe.

La préfecture des Alpes-Maritimes a jugé que les risques de débordements et de troubles à l’ordre public étaient trop importants. a jugé que les risques de débordements et de troubles à l’ordre public étaient trop importants.  

La cathédrale où l’archiprêtre Andreï Eliseev officie, est tombée dans l’escarcelle du patriarcat de Moscou en 2011. Elle n’est pas le seul lieu de culte orthodoxe russe en activité à Nice.

La « vielle église russe »

Saint-Nicolas et Saint-Alexandra, situé à l’angle de la rue Longchamp est surnommée, pour la différencier de la cathédrale du boulevard Tsarévitch, la « vielle église russe ». En fait, cette dernière a été consacrée en 1860, 50 ans avant sa célèbre cadette.  

Sa façade est presque classique, mais reste byzantine. Lorsqu’on lève les yeux, sa coupole ne trompe pas. C’est l’impératrice Alexandra Feodorovna, veuve du Tsar Nicolas 1er, mère d’Alexandre II, qui a lancé son financement afin que les nombreux membres de l’aristocratie russe hivernant sur la Côte d’Azur puissent y suivre les rituels. C’est dans cette église que fut célébré le rite funèbre pour le tsarévitch, le grand-duc Nicolas. Le jeune héritier du trône de Russie, atteint de tuberculose, mourut, à Nice, à 21 ans d’une crise foudroyante de méningite cérébro-spinale.

La Fédération de Russie a tenté, en vain, de s’approprier le lieu de culte Saint-Nicolas et Saint-Alexandra. Mais cette église lui a échappé. De nombreux Ukrainiens, Géorgiens et plus récemment des Moldaves y suivent les offices. Dans cette communauté orthodoxe, c’est la consternation qui prédomine depuis 6 semaines.

Le prince Alexis Obolenski est le président de l’association cultuelle orthodoxe russe de Nice (ACOR) : « Je suis atterré par la conduite de la Fédération de Russie en Ukraine. L’Ukraine n’a absolument pas provoqué l’ire du président Poutine. Il fait bouillir des sentiments profondément négatifs et, je peux en témoigner. Depuis 2006, nous subissons de plein fouet des attaques multiformes. Nous avons été spoliés, victimes de calomnies, de bris de serrures, traînés en justice… C’est la manière qu’a le pouvoir russe de se manifester. 

Le président de la Fédération de Russie poursuit un délire personnel, mais ce délire ne pousse pas dans un désert. Il a des soutiens et, en aucun cas, ce n’est pas la majorité du peuple russe.

Alexis Obolenski est le président de l’association cultuelle orthodoxe russe de Nice (ACOR)

Il poursuit : « Le patriarche Kirill Goundiaiev, à la cathédrale du Christ Sauveur, à Moscou, est sur la même longueur d’onde que Vladimir Poutine et c’est scandaleux car c’est une homme d’église. Il appelle à une croisade, à une guerre sainte contre le bon peuple ukrainien perverti par l’homosexualité, les gaypride etc. Le prêtre de notre église est russe d’origine ukrainienne, mais il ne prêche pas les guerres fratricides, seulement l’évangile. Le père Andreï a appelé à la paix mais il ne désavoue pas sa hiérarchie or sa hiérarchie est entièrement du coté de Vladimir Poutine. »

Le prince Obolenski a fait afficher, sur la porte de l’association, un drapeau ukrainien avec des noms d’avocats pour les réfugiés qui ont besoin de démêler des problèmes administratifs. « Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les membres de notre communauté et ceux qui arrivent. »  

Quand on lui demande si lui, les membres d’ACOR ou de la communauté ont été pris à parti, il répond par la négative. Aucune comparaison tendancieuse. Aucun amalgame saugrenu.

Actions anti russes 

Les actions anti russes essaiment un peu partout en France. Nice n’y échappe pas. Il est vrai, qu’après l’élite aristocratique, puis l’exil des Russes blancs, d’autres Russes, très proches des milieux d’affaires et du pouvoir russe sont venus s’installer à Nice.  

Concernant les menaces de mort adressées au recteur Andreï Eliseev, une enquête a été confiée à la sureté départementale.  

Le Procureur de la République, Xavier Bonhomme, nous a confirmé que l'enquête suit son cours et qu'il n'y a rien de nouveau depuis la date du dépôt de plainte de l'archiprêtre Eliseev.

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