A Nice, une mère, dont le fils est parti en 2013 faire le jihad en Syrie alors qu'il était mineur, va demander mardi au tribunal administratif de condamner l'Etat à lui verser des indemnités pour ne pas l'avoir empêché de quitter le territoire.
Il venait de fêter Noël avec sa mère et ses trois frères et soeurs à Nice, quand deux jours plus tard, le 27 décembre 2013, B. alors âgé de 16 ans, décide sans prévenir de partir combattre en Syrie avec trois autres Niçois.
Toujours en Syrie
Récemment converti à l'islam, le jeune homme, qui ne montrait aucun signe de radicalisation selon sa mère, embarque à bord d'un avion en direction d'Istanbul pour rejoindre la Syrie où il se trouverait toujours, selon cette dernière qui l'a eu récemment au téléphone. Contrôlé à l'aéroport de Nice avec sa pièce d'identité par la police de l'air et des frontières,Cette dernière, qui assure n'avoir appris les intentions de son fils "que quelques jours avant son départ" par des jeunes de la cité, avait signalé sa disparition au commissariat dans la nuit du 27 au 28 décembre, alors qu'elle était sans nouvelles de lui depuis 24H00.l'adolescent, "mineur, a quitté le territoire français pour la Turquie notoirement connue pour être la porte d'entrée vers la Syrie, sans que la police s'en inquiète", déplore Me Samia Maktouf, avocate de la mère.
"Il faut que les départs cessent"
Considérant que les services de police ont manqué à leurs obligations, la mère de famille demande au tribunal administratif de Paris de condamner l'Etat à lui verser 110.000 euros pour elle et ses trois autres enfants au titre du préjudice subi."La police a commis une faute grave et un manque de discernement s'agissant d'un mineur, non accompagné, qui se rendait avec un aller simple en Turquie sans bagage", estime l'avocate.
"Ce n'est pas l'argent que nous visons, mais nous voulons faire prendre conscience qu'une erreur a été commise. Il faut que les départs de mineurs pour le jihad cessent",
défend Me Maktouf.
Aucune faute selon le ministère de l'intérieur
Dans une lettre adressée à la famille, le ministère de l'Intérieur, qui motive son refus d'indemnisation, considère pour sa part que ses services n'ont pas commis de faute puisque le jeune homme a bien été contrôlé et qu'une simple carte d'identité suffit pour partir à l'étranger. Il estime que le jeune homme ne faisant l'objet d'aucune mesure d'interdiction de sortie de territoire, la responsabilité de l'Etat ne saurait être engagée.Le numéro vert de signalement au jihad créé il y a un an a permis d'établir qu'un quart des 1.864 personnes signalées pour s'être radicalisées concernent des mineurs. On estime à quelque 500 le nombre de Français ou résidents en France combattant actuellement en Syrie.