Le taux d'incidence. Cette expression, vous l'entendez presque tous les jours depuis des mois. C'est le critère qui domine dans les décisions du gouvernement mais il est pourtant sujet à interrogations.
Ce taux d'incidence est en fait une projection mathématique, une extrapolation sur l'ensemble d'un département. Dans la semaine du 19 mars 2021, le Var et les Alpes-Maritimes avaient exactement le même taux de positivité : sur 100 personnes qui ont passé un test 8 avaient le Covid.
Pourtant, le taux d'incidence n'était pas le même dans les 2 départements. Le taux d'incidence, c'est une hypothèse, une extrapolation sur l'ensemble de la population et calculé à partir du nombre de tests positifs et négatifs, peu importe.
L'exemple des Alpes-Maritimes et du Var
Du coup, plus il y a de tests, plus le taux d'incidence monte. C'est ce qui s'est passé pour les Alpes-Maritimes : 57 000 tests avec un taux d'incidence qui dépasse 400.
C'est en partie pour cette raison qu'il y a eu un "troisième confinement" avec des mesures sanitaires plus strictes concernant les commerces "non-essentiels". Dans le même temps, dans le Var, beaucoup moins de tests en dessous du seuil des 400 fixé par le gouvernement et donc pas de nouveau confinement.
Le taux d'incidence est trop dépendant du volume de test et non pas seulement des résultats. Il y a des interrogations sur ce calcul réalisé par l'organisme Santé publique France. Depuis mercredi 24 mars, ses responsables nous disent ne pas trouver le temps de répondre a nos questions.
Des élus opposés au taux d'incidence
À Antibes, le maire (LR) Jean Leonetti est un ancien médecin réanimateur. Il souhaite que le gouvernement prenne en compte plus de données pour confiner telle commune dans tel territoire. Il veut moins d'opacité et plus d'explications concrètes de la part de l'État.
"On n’a pas les incidences par territoires, on n’a pas les pourcentages par territoires on n’a pas la mortalité par territoire. On n’a pas ces éléments-là et il faudrait qu’on les communique, mais bien sûr avec une explication." affirme le maire d'Antibes.
Plutôt que des hypothèses et des calculs pour le taux d'incidence. Certains scientifiques estiment qu'il faut des faits réels vérifiables, c'est-à-dire le nombre de cas positifs donnés par les laboratoires, le nombre de personnes hospitalisées, le nombre de décès. Des données qui ne permettent aucun doute sur la dangerosité ou pas de la situation.
En juillet 2020, l'épidémiologiste Catherine Hill expliquait déjà à Franceinfo: qu'il pouvait être "trompeur".
Aujourd'hui à Toulon, Nice ou Grasse, les services de réanimation travaillent toujours à flux tendu. L'épidémie est là, mais depuis quelques jours elle semble de se stabiliser avec une toute petite baisse dans les Alpes-Maritimes.